Me Jean-Marc Florand n'est plus l'avocat d'Isabelle et Jean-Pierre Fouillot. L'avocat de Vesoul a appris la nouvelle de façon indirecte, confie-t-il.
Pas un coup de théâte, mais un remaniement inattendu. La défense des parents d'Alexia Daval n'est plus entre les mains du ténor du barreau de Vesoul Me Jean-Marc Florand. Une information de la Presse de Gray confirmée sur l'antenne de BFMTV par Grégory Gay, le beau frère de la jeune femme morte en octobre 2017 à Gray-la-ville. Ce dernier a évoqué des problèmes de communication avec l'avocat installé à Vesoul, et qui suivait depuis le dossier depuis les débuts.
J'aurais aimé l'apprendre de mes clients
Joint ce soir par téléphone, Me Florand confirme son "éviction" de l'affaire Alexia Daval. Selon lui, ses clients ont prévenu il y a 15 jours le juge d'instruction.
Le penaliste haut-saônois regrette que ses clients n'aient pas eu la politesse de l'en informer. Visiblement, les relations étaient difficiles entre l'avocat et la famille d'Alexia Daval.
"La relation avocat-client, c'est une relation de confiance. C'est toujours regrettable quand des parties civiles n'écoutent pas les conseils de leur avocat" plaide Me Florand.
L'avocat ne comprend pas en effet pourquoi la famille d'Alexia a demandé une nouvelle expertise sur un possible empoisonnement médicamenteux d'Alexia Daval par son mari Jonathann.
"Il y a un temps pour l'instruction, un temps pour le jugement. Il y a eu une cinquaintaine d'actes durant l'enquête. Demander de tels actes d'expertises, c'est tardif et infondé. Il y a des expertises médicales et psychologiques au dossier" explique Me Florand.
J'ai porté ce dossier durant plus de deux ans et j'en suis fier
Me Florand qui était depuis deux ans et trois mois l'avocat des parents d'Alexia Daval ne semble pas amer. "J'ai porté ce dossier, j'en suis fier. J'ai participé aux aveux de Jonathann Daval. J'avais prévu de me retirer de toute façon au 15 janvier. Dans un dossier, il faut être en phase avec les clients" lance-t-il. Visiblement, la famille d'Alexia Daval ne l'était plus avec l'avocat vésulien.
A six mois sans doute d'un procès devant les assises de Haute-Saône, le trio ne fonctionnait plus. "Les dossiers d'assises, c'est très lourd à gérer. C'est comme une cordée en alpinisme, il faut que la cordée soit solide, et qu'il y ait de l'osmose" conclut Me Florand. Ce dernier assistera au procès de Jonathann Daval aux assises. Il veut entendre Johnathann Daval et sa défense. Me Florand confirme que Me Portejoie avocat de la soeur d'Alexia Daval et de son beau-frère va prendre le relais pour défendre les intérets des parents de la jeune femme.
La soeur et le beau-frère d'Alexia défendus au départ par Me Florand avaient déjà fait le choix de changer d'avocat en cours d'instruction. Défendus par Me Gilles-Jean Portejoie, ils s'interrogent aujourd'hui sur un éventuel empoisonnement de la jeune femme par son mari Jonathann Daval. Ils ont demandé une nouvelle expertise.
Des expertises jugées inutiles par le procureur de la République de Vesoul Emmanuel Dupic, qui a fait savoir qu'il rejettait leur demande.
"Notre hypothèse, c'est qu'il a essayé de l'empoisonner à petit feu"
Invité ce dimanche 15 décembre dans l'émission de BFMTV "Affaire suivante", Grégory a expliqué qu'Alexia Daval ne pratiquait pas l'auto-médication et que jamais, selon lui, elle n'aurait pris ces médicaments sachant qu'elle voulait un enfant.
"Notre hypothèse, c'est qu'il a essayé de l'empoisonner à petit feu", depuis que le couple avait "vraiment commencé le parcours de PMA" (procréation médicalement assistée), a indiqué Grégory Gay, l'époux de la soeur d'Alexia Daval.
Sur BFMTV, Grégory Gay a pointé aussi une contradiction dans le récit par Jonathann Daval des circonstances de la mort d'Alexia. Selon lui, sa femme avait réclamé un rapport sexuel qu'il avait refusé, déclenchant une violente altercation. "Il y a un gros défaut dans cette version, puisque dans le sang et le liquide gastrique d'Alexia, on retrouve des traces de Stilnox, de somnifère, qui aurait été pris au moins une heure avant le décès", a avancé Grégory Gay. "On n'ingère pas un somnifère avant d'aller demander un rapport sexuel", a-t-il relevé.
Quant au Tramadol, un antalgique opiacé, des traces dans les cheveux d'Alexia montrent qu'elle en aurait pris depuis décembre 2016, alors qu'"on a aucune trace de prescription pour ce médicament", souligne-t-il.
"Jonathann Daval, je n'attends plus grand chose de lui, il ment, il faut toujours lui tirer les vers du nez. Je veux qu'on s'attache aux faits", a-t-il conclu, déplorant que "la clôture du dossier (soit) arrivée de façon un peu abrupte".
En novembre, le parquet de Besançon a annoncé la clôture de l'information judiciaire relative au meurtre d'Alexia Daval, même si des demandes d'actes sont toujours techniquement encore possible.
Le dossier est transmis au parquet de Vesoul. Le procès de Jonathann Daval devant la cour d'assises de Haute-Saône pourrait avoir lieu avant l'été 2020.