La FNSEA, le premier syndicat agricole, a déclaré ce mercredi 27 juillet 2016 s'attendre à une récolte française de blé en baisse d'un quart après les pluies du printemps. La Bourgogne fait partie des régions touchées par cette baisse de rendement et de qualité.
Une mauvaise année sur le plan national
"La situation est d'une très grande gravité, c'est du jamais vu", a alerté lors d'une conférence de presse Philippe Pinta, président du syndicat Orama, la branche "grandes cultures" de la FNSEA. Mi-juillet, le ministère de l'Agriculture avait annoncé s'attendre à une baisse de 10% de la production. La récolte 2015 de blé, considérée comme exceptionnelle, avait atteint 41 millions de tonnes. Cette année, elle devrait être proche de 30 millions de tonnes selon le syndicat. Si ces estimations se confirment, il s'agirait de la plus faible production de blé depuis 13 ans.En cause, la très forte humidité en mai-juin, qui a favorisé l'apparition de maladies, et le manque de luminosité qui a empêché les épis de mûrir correctement. "Il y a des catastrophes que l'on imagine pas", avec dans certaines fermes des rendements "trois fois moins élevés que d'habitude", ainsi que "la moitié ou les trois-quarts du chiffre d'affaires en moins", a souligné M. Pinta. La situation est également catastrophique pour l'orge, dont la qualité aura du mal à satisfaire les besoins des brasseurs, et pour les pois et féveroles. En colza, la récolte est un peu moins mauvaise mais devrait tout de même être en baisse de 10 à 20%.
La situation en Bourgogne
Certaines régions tirent plutôt bien leur épingle du jeu, dans le Sud et l'Ouest. Mais les difficultés se concentrent là où pousse "une grosse partie de la production française", dans le Centre ,en Ile-de-France, en Franche-Comté, dans le Nord et l'Est ainsi qu'en Bourgogne"Jamais nous n'avons eu de problèmes financiers, mais cette année on ne pourra pas couvrir nos charges", a témoigné auprès de l'AFP Clément Babouillard, agriculteur en Côte-d'Or, qui relève des rendements divisés par deux dans certaines parcelles de blé, sur les 345 hectares de son exploitation.
Le jeune agriculteur note aussi un problème de qualité : une partie de son blé sera sûrement déclassée en qualité fourragère, destinée à nourrir le bétail et payée bien moins cher que la qualité meunière, qui sert à la fabrication du pain..
Le gouvernement annonce un plan d'aide
La FNSEA, qui exigeait des mesures d'urgence, a vu ses vœux exaucés au Conseil des ministres de ce mercredi matin. Stéphane Le Foll, le ministre de l'Agriculture, y a annoncé le lancement d'un plan d'aide comprenant des mesures fiscales, le report de cotisations sociales et des mesures spécifiques sur le remboursement de la TVA. Le coût de ces aides n'a pas été précisé.Un "fonds de garantie" doit également être mis en place par la Banque publique d'investissement (BPI), "pour aider à la mise en œuvre des allègements et des reports de prêts au niveau bancaire", a-t-il précisé.
Son montant sera affiné début septembre lorsque les estimations de récoltes seront confirmées. Un assouplissement temporaire de certaines règles environnementales auxquelles les agriculteurs sont soumis est aussi prévu.