Delphine, Manon, Ophélie ou Mathilde ... Rencontre avec quatre femmes, dont la vie est partagée entre le trail de haut niveau et leur vie sociale et professionnelle.
Elles sont kinésithérapeutes, diététiciennes, étudiantes ou professeures. Elles ont un emploi du temps chargé, et à côté, elles s’entraînent, avalent des kilomètres au fil des forêts, des monts et des sentiers comtois. Elles s’appellent Mathilde Leroy, Manon Bohard, Ophélie Mougin et Delphine Monnier-Benoît.
Par un lundi pluvieux, les quatre sportives se sont retrouvées au complexe de la Malcombe à Besançon. Survêtement et crampons chaussés, mais sans dossards pour l’entraînement. Des anecdotes et des rires se font entendre. Car ailleurs que lors des courses, les retrouvailles sont rares pour les jeunes traileuses. Le trail, c’est souvent un sport solitaire, en pleine nature.
Peu de traileuses
Au gré des paysages comtois, les traileurs dévalent les chemins tortueux. Parfois sur de très longues distances, comme une centaine de kilomètres. Au Trail des Forts, les épreuves vont de 10km à 53 km. Une course pour (re)découvrir Besançon, à laquelle Ophélie Mougin participe. L’étudiante en STAPS tentera pour la première fois cette compétition, dans sa ville natale. Droite dans ses baskets, la future diététicienne raconte : « Je vais chercher avant tout le plaisir, mais aussi la performance, c’est sûr ! »Peu de femmes pratiquent ce sport. Au Trail des Forts, par exemple, seul un tiers des participants sont des participantes. Et pourtant, « il ne suffit que d’une paire de baskets », rappelle Mathilde Leroy. La jeune kinésithérapeute alterne entre ses consultations et les séances de trail. A l’heure de l’entraînement, elle prévient : ses courbatures, accumulées la veille lors d’une course jurassienne, parcourent encore ses jambes.
Métier-passion vs trail
A haut niveau, il est encore rare de voir des traileuses vivre décemment. Contrairement à d’autres disciplines, les compétitions ne rapportent pas beaucoup d’argent. Et comme dans la plupart des sports, les athlètes masculins sont mieux payés que les athlètes féminines. Pourtant, comme le rappelle Delphine Monnier-Benoît, professeure des écoles : « Il y a un vrai potentiel pour les filles qui veulent en vivre, ou en tout cas, exercer une activité importante. »Manon Bohard, athlète internationale, garde la tête sur les épaules. « Être traileuse à plein-temps, ça ne me fait pas rêver », affirme-t-elle, tout de go. Les défis sportifs lui donnent envie de se dépasser, mais la championne exerce déjà son « métier-passion » : diététicienne, spécialisée dans la prise en charge d’enfants atteints de surpoids ou d'obésité. L’ultra-traileuse explique : « J’ai toujours voulu être dans l’accompagnement, dans le soin de l’autre. » Les quatre se recroiseront peut-être les 10 et 11 octobre 2020, sur les sentiers bisontins, pour le trail des forts.