La cour d'assises de Saône-et-Loire a condamné jeudi soir Pascal Jardin à la réclusion criminelle à perpétuité pour le viol et le meurtre de Christelle Blétry en 1996. L'un des avocats de Pascal Jardin a indiqué qu'il souhaitait faire appel.
La cour d'assises de Saône-et-Loire a condamné Pascal Jardin, jeudi soir, à la réclusion criminelle à perpétuité pour le viol puis le meurtre de Christelle Blétry, l'une des "disparues de Saône-et-Loire", tuée de 123 coups de couteau en 1996.
Suivant les réquisitions de l'avocat général, qui décrivait "un meurtre d'une sauvagerie inouïe", la cour a assorti la peine d'une période de sûreté de 20 ans. Pascal Jardin a nié jusque au bout être l'auteur du crime.
"Justice est rendue, ça faisait 20 ans que l'on attendait", a déclaré la mère de la victime, Marie-Rose Blétry. "C'est un verdict qui correspond à notre attente (...), l'assassin de Christelle est condamné.", a-t-elle dit.
Pascal Jardin va faire appel
A l'énoncé de la décision de la cour, Pascal Jardin a accusé le coup, d'abord immobile puis les larmes aux yeux. L'un de ses avocats, Me Michel Grebot, a annoncé qu'il déposerait un appel dès vendredi.
"Ce verdict l'a catastrophé, (Pascal Jardin) se raccroche à l'espoir de l'appel", a déclaré Me Grebot, regrettant de n'avoir "pas été assez persuasif pour inculquer le doute" parmi les jurés. Dans sa plaidoirie, la défense s'était employée à souligner des incohérences dans le dossier.
Après 18 ans d'une enquête qui n'avait rien donné, Pascal Jardin avait été rattrapé en 2014 par son ADN, notamment des traces de sperme trouvées sur les vêtements de Christelle Blétry lors d'une nouvelle analyse.
Son empreinte génétique avait été consignée au Fichier national automatisé (FNAEG) dix ans plus tôt après une tentative d'agression sexuelle avec arme, pour laquelle il avait été condamné à un an de prison ferme.
L'ouvrier agricole, qui avait refait sa vie dans les Landes, avait avoué le crime en garde à vue puis devant le juge d'instruction, avant de se rétracter. Il a clamé son innocence au cours des neuf jours du procès, reconnaissant simplement une relation sexuelle consentie.
"Qu'on ne vienne pas me dire que ces aveux ont été extorqués", a tonné l'avocat général, qui est revenu longuement sur ces déclarations "complètes et circonstanciées". "Vous avez été capable du pire", a-t-il encore asséné.
Le corps de la lycéenne de 20 ans avait été retrouvé le 28 décembre 1996 au bord d'une route de campagne à Blanzy. L'affaire avait été à l'origine d'une mobilisation autour de plusieurs dossiers similaires, connus depuis sous le nom des "disparues de Saône-et-Loire".
Devant la cour, l'accusé, âgé de 57 ans, a été confronté à ses aveux de 2014: "Je lui ai couru après, couteau à la main, je n'étais plus moi-même, je ne contrôlais plus rien du tout", affirmait-il à l'époque. "J'étais pris d'une rage folle, je ne sais plus combien de coups de couteau je lui ai donnés."
"De faux aveux", s'est alors défendu Pascal Jardin, imperturbable, dans le box. Mais l'accusé a donné des détails qu'il n'était pas censé connaître, a insisté Raphaël Nedilko, l'enquêteur qui a recueilli sa confession en garde à vue.
Le médecin légiste Irène François Purssel a confirmé "la parfaite concordance" entre ce que disait Pascal Jardin dans ses auditions et les constatations réalisées sur le corps de Christelle Blétry.
En face du box des accusés, Marie-Rose Blétry, son frère, son fils et sa fille, tous parties civiles, ont assisté pendant neuf jours au procès, tantôt stoïques et soutenant le regard de Pascal Jardin, tantôt vacillants, au fil des témoignages qui se sont succédé à la barre.
L'association Christelle, fondée à l'époque des faits autour des Blétry, regroupe les familles d'une dizaine de jeunes filles tuées dans la région depuis les années 1980. Un autre dossier est passé depuis devant la justice. En juin, Jean-Pierre Mura a été condamné en appel à vingt ans de réclusion pour le meurtre, en 1986 au Creusot, d'une collégienne, Christelle Maillery.