Après sept jours de procès, le verdict est tombé ce jeudi 18 juin 2015 à 17h25. Jean-Pierre Mura a été condamné à 20 ans de réclusion criminelle par la cour d'assises de Saône-et-Loire, pour le meurtre de la jeune Christelle Maillery, tuée de 32 coups de couteau le 18 décembre 1986 au Creusot.
La cour et le jury ont délibéré pendant 3 heures et 30 minutes, ce jeudi après-midi, avant de rendre leur verdict. A la question "l'accusé a-t-il commis le meurtre de Christelle Maillery le 18 décembre 1986 au Creusot ?", ils ont répondu oui.
A la question "le discernement de l'accusé était-il altéré au moment des faits ?", leur réponse est oui, également. En conséquence, la cour et le jury ont condamné Jean-Pierre Mura à 20 ans de réclusion criminelle, la peine requise ce matin par l'avocat général, Christophe Rode. A l'énoncé du verdict, Jean-Pierre Mura n'a laissé paraïtre aucune émotion.
Les réquisitions suivies par les jurés
Ce matin, pendant 1h30, l'avocat général s'est efforcé de rappeler tous les arguments qui conduisaient à sa "conviction absolue de la culpabilité de Jean-Pierre Mura". “La peine encourue par Jean-Pierre Mura est de 20 ans (30 ans, peine diminuée d'un tiers, parce que son discernement était altéré au moment des faits). Mais Jean-Pierre Mura a échappé à la justice pendant 25 ans... Compte tenu de sa dangerosité, je demande que vous condamniez Jean-Pierre Mura à la peine de 20 ans de réclusion criminelle”, a lancé l'avocat général en conclusion de son réquisitoire. La cour d'assises a été convaincue.
Reportage de Pauline Ringenbach et Christophe Gaillard, avec les interviews de :
- Marie Pichon, maman de Christelle Maillery
- Pascale Maillery, soeur de Christelle Maillery
- Marie-Rose Blétry, association "Christelle"
- Me Didier Seban, avocat de la partie civile
Un appel dès demain matin
L'avocat de Jean-Pierre Mura, Me Michel Grebot, avait plaidé l'acquittement en fin de matinée, ce jeudi 18 juin 2015. Il a rappelé l'ancienneté des témoignages, les ratés de l'enquête, l'absence de preuve matérielle, l'incertitude quant à l'heure exacte du meurtre de Christelle Maillery, et ses doutes sur le couteau retrouvé quelques semaines après le crime, à 100 mètres de la cave.
“On nous dit que le couteau retrouvé en 1987, qui n'existe plus, est l'arme du crime. Parce qu'un expert a comparé une photo, de mauvaise qualité, de ce couteau, avec ceux saisis chez le père de Jean-Pierre Mura. Qu'est-ce qui prouve que ces couteaux appartenaient à Jean-Pierre, et pas à son père ? Imaginons même que ce couteau soit passé entre ses mains : qu'est-ce qui permet de le relier au crime ? Aucune trace de sang n'est révélée, pourtant ce couteau était fermé, sa lame, protégée de la neige. Voilà. A partir de ce moment-là, vous n'avez aucune certitude”, a ainsi lancé Me Grebot à la cour.
Après l'annonce de la condamnation de son client à 20 ans de réclusion criminelle, l'avocat a décidé de faire appel. Il faut donc s'attendre à un nouveau procès, devant une autre cour d'assises.
Une victoire pour l'association "Christelle"
28 ans et 6 mois, jour pour jour, après le meurtre de la jeune Christelle Maillery dans la cave d'un bâtiment du quartier de la Charmille, au Creusot, la famille de la victime a enfin obtenu une condamnation en justice.
Pour l'association "Christelle", qui se mobilise depuis 1997 pour relancer les dossiers des "disparues de Saône-et-Loire", une série de meurtres de jeunes filles restés non élucidés, la condamnation de Jean-Pierre Mura apparaît comme une victoire. C'est le détective privé engagé par l'association qui avait contribué à relancer l'enquête en 2003, dans l'affaire Christelle Maillery.
Après sept jours de procès à Chalon-sur-Saône, Jean-Pierre Mura, 47 ans, a donc été reconnu coupable du meurtre de Christelle Maillery, et condamné à une peine de 20 ans de réclusion criminelle. Pour la famille de la victime, l'émotion était forte et difficile à contenir, après l'annonce de ce verdict.
Vous pouvez revivre le procès en intégralité sur le site de France 3 Bourgogne.