Anomalies sur le site Areva du Creusot : un réacteur de Fessenheim a été stoppé

Suite à la découverte d'anomalies à l'usine Areva du Creusot, en Saône-et-Loire, la centrale nucléaire de Fessenheim, dans le Haut-Rhin, a dû arrêter son réacteur n°2 pour procéder à des contrôles sur un générateur de vapeur le 13 juin 2016.

Que s'est-il passé à l'usine Areva du Creusot en Saône-et-Loire?

Fin avril 2016, le groupe nucléaire Areva a annoncé que des "anomalies" avaient été détectées dans le suivi des processus de fabrication d'équipements au sein de son usine du Creusot, en Saône-et-Loire.
Ces anomalies ont été mises au jour dans le cadre d'un audit qualité lancé en 2015 après la découverte d'un défaut dans la composition de l'acier de la cuve du réacteur EPR de Flamanville fabriquée à l'usine du Creusot.

Pour le moment, 80 irrégularités de natures très diverses ont été identifiées dans les dossiers de fabrication d'équipements concernant des générateurs de vapeur, des cuves ou des tuyauteries du circuit primaire principal de douze centrales nucléaires (21 réacteurs) en exploitation.

L’arrêt de la centrale nucléaire de Fessenheim a été annoncé par l'Autorité de Sûreté nucléaire (ASN) jeudi 16 juin 2016. C’est un arrêt qui s'inscrit dans le cadre d'une opération programmée de maintenance, simplement anticipée de quelques jours, a déclaré EDF. L'électricien avait lui-même mentionné cet arrêt sur son site internet le 13 juin.



"Il ne s'agit en aucun cas d'une mise à l'arrêt en urgence du réacteur", insiste un porte-parole d'EDF. Le groupe avait notamment prévu de renouveler une partie du combustible cet été.
"Sur Fessenheim, la problématique ressemble un peu à celle de la cuve du réacteur EPR", explique Julien Collet, directeur général adjoint de l'ASN, le gendarme du nucléaire. "Il est possible qu'il y ait une concentration en carbone trop élevée sur certaines zones d'un des composants du générateur de vapeur", ajoute-t-il. Une trop forte concentration en carbone peut entraîner une moindre capacité d'un matériau à résister à un choc et à la propagation de fissures.

EDF a réalisé des analyses techniques sur la pièce potentiellement concernée et a souhaité les "conforter" par "des mesures" pour vérifier qu'il n'y a pas de risque au regard de la sûreté, indique Julien Collet.



A la date du 15 juin, EDF a indiqué à l'ASN avoir "terminé la caractérisation de 79 des 80 irrégularités identifiées à ce stade comme affectant ses réacteurs en exploitation", indique l'ASN. "EDF conclut que ces irrégularités n'ont pas de conséquence sur la sûreté des réacteurs concernés", ajoute l'ASN. L'irrégularité encore en cours de caractérisation est celle de Fessenheim.

Par ailleurs, l'ASN a indiqué avoir été informée par Areva que des irrégularités avaient également été identifiées sur des composants fabriqués pour le réacteur EPR en construction à Flamanville, dans la Manche. "L'ASN ne dispose pas à ce stade d'élément sur leur nature et leurs conséquences", précise le gendarme du nucléaire. "Les investigations se poursuivent et sont susceptibles de mettre en évidence de nouvelles irrégularités", avertit l'ASN.

"Pour nous, la priorité, c'est de vérifier que les anomalies détectées n'ont pas d'impact sur la sûreté des centrales en fonctionnement", relève Julien Collet. "Nous avons commencé à instruire les dossiers. Tous les cas sont différents. Nous allons procéder au cas par cas", ajoute-t-il. "Mais pour redémarrer un réacteur, il faudra que nous ayons instruit le dossier", prévient Julien Collet.



Le président de l'ASN Pierre-Franck Chevet a estimé fin mai que les irrégularités découvertes dans l'usine du Creusot témoignaient "clairement de pratiques industrielles inacceptables". De son côté, la ministre de l'Environnement et de l'Énergie Ségolène Royal a redit jeudi que le processus de fermeture de la centrale de Fessenheim devait "être tenu" et lancé cette année.

En vertu de la loi de transition énergétique, Fessenheim devrait fermer parallèlement à l'entrée en service du réacteur EPR prévue fin 2018. Cette mise au point de la ministre sur ce dossier sensible intervient alors qu'EDF souhaite boucler les discussions sur son indemnisation avant d'enclencher la fermeture  des installations.
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