Procès du meurtre de Sophie Lionnet : la victime prise au piège des "fantasmes" des accusés

Mercredi, le procureur a décrit les deux accusés du meurtre de Sophie Lionnet comme "une combinaison vraiment toxique". Le corps de la jeune femme, qui a longtemps vécu dans l'Yonne, a été retrouvé carbonisé dans leur jardin en septembre 2017

Ouissem Medouni et Sabrina Kouider ont délibérément tué leur fille au pair Sophie Lionnet, prise au piège de leur "fantasmes" sur un prétendu complot contre leur famille fomenté par un membre du boys band Boyzone, a estimé mercredi l'accusation.

Les accusés étaient persuadés que Sophie Lionnet, 21 ans, avait comploté avec Mark Walton, ancien compagnon de Sabrina Kouider et membre du groupe de pop irlandais, pour droguer et abuser de la famille.

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"Les accusés formaient un couple vraiment bizarre", unis depuis 2001 par une relation tumultueuse, a décrit le procureur Richard Horwell dans son réquisitoire devant la Cour criminelle de l'Old Bailey, à Londres.

"Ensemble, ils formaient une combinaison vraiment toxique", "un mélange malsain et dangereux" qui avait développé une "obsession" pour Mark Walton, a-t-il poursuivi.

La victime a été entraînée dans ces fantasmes "totalement grotesques", selon lui, bien qu'aucune preuve d'un quelconque contact entre elle et M. Walton n'ait jamais été avancée.

"Cette obsession les a privés de leur raison", a dénoncé Richard Horwell. Elle les a "conduits à traiter Sophie comme quelque chose de moins qu'un être humain (...) et à tuer ensemble Sophie".

"Émaciée" et "te​rrifiée"

Kouider, 35 ans, et Medouni, 40 ans, ont fait subir à la jeune fille, décrite comme "inexpérimentée, timide et naïve", des interrogatoires musclés, enregistrés pour certains, pour lui extorquer des aveux.

Le dernier est survenu dans la salle de bains du couple dans la nuit du 18 au 19 septembre 2017, date supposée de la mort de Sophie Lionnet, durant lequel elle a été torturée et battue avant d'être tuée, selon le procureur. 

Sur cette dernière vidéo, la victime apparaît "émaciée, terrifiée, immobile".


Les deux accusés se trouvaient dans la pièce, a-t-il affirmé en citant un témoin présent dans le logement au moment des faits. Ils l'ont tuée "par vengeance et punition", a-t-il soutenu.

Le corps carbonisé de la victime a été retrouvé par les pompiers, le 20 septembre, dans le jardin du couple, dans le sud-ouest de Londres. Il présentait de multiples fractures au sternum, aux côtes et à la mâchoire mais en raison des brûlures, la cause exacte de la mort n'a pas pu être déterminée.

"Fanatiques"

Sabrina Kouider et Ouissem Medouni s'accusent mutuellement d'être responsables de la mort de Sophie Lionnet, soutenant la thèse de l'accident.

Medouni a affirmé être allé dormir avant la fin du dernier interrogatoire, puis avoir été réveillé par sa compagne, qui lui aurait montré la victime inanimée dans la salle de bains, en répétant "Qu'est-ce que j'ai fait ?".



Les rôles sont inversés dans la version de Sabrina Kouider. Elle a témoigné s'être "endormie" peu avant la mort de la jeune fille avant d'être alertée par son compagnon. 

"Ce n'était en rien un accident", a insisté le magistrat de l'accusation. Sophie Lionnet "n'était rien pour eux".

"Cette obsession leur a fait croire qu'ils avaient le droit de lui faire subir indignité après indignité", a-t-il dénoncé. "Le droit de l'obliger à sa soumettre à des interrogatoires à toute heure de la journée (...), le droit de l'agresser, le droit de casser ses côtes et son sternum, le droit de casser sa mâchoire, le droit de la torturer (...) et le droit finalement de la tuer".

Selon lui, "les deux accusés se sont engagés dans cette campagne de terreur et de violence" durant les derniers jours de vie de Sophie Lionnet, restée cloîtrée à leur domicile pendant "douze jours".


Ce n'était pas la vérité qui les intéressait, "mais la confirmation de leurs propres fantasmes", a-t-il insisté. Une approche digne de "théoriciens du complot" et de "fanatiques". 

Secouée de sanglots, Sabrina Kouider a interrompu le réquisitoire avant de se faire rappeler à l'ordre par le président. "Je n'ai pas tué Sophie !", a martelé la mère de famille, toute de sombre vêtue, les cheveux frisés noirs noués en une longue queue de cheval.

Le réquisitoire se poursuivra jeudi. Les avocats de la défense prendront ensuite la parole. Les deux accusés encourent la réclusion à perpétuité s'ils sont reconnus coupables de meurtre.

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