Budget 2023. Avec l'amendement Le Fur, les associations de protection animale dans le viseur de l'Assemblée

Le député des Côtes d‘Armor, Marc Le Fur, a présenté un amendement au projet de loi de finances qui sera débattu dans les prochaines heures à l’Assemblée Nationale. Si le texte est adopté, les dons aux associations dont les membres s’introduisent dans des élevages ne pourront plus bénéficier de déductions fiscales. Le député y voit un progrès considérable pour la sécurité des agriculteurs. Les associations, comme L214, dénoncent, elles, bâillons et censure.

"Moi, vous savez, je ne suis pas là pour me faire des copains, je suis là pour défendre ceux qui travaillent". En une phrase, le député des Côtes d'Armor a donné le ton.

"Mon but, c''est de lutter contre ceux qui s'en prennent aux agriculteurs, qui nous nourrissent, respectent les lois et qui voient des gens rentrer chez eux, filmer et raconter n'importe quoi."

" Jusqu’ici, les associations antispécistes de type L214 qui encouragent des activistes extrémistes à enfreindre toutes les lois sur la propriété en fracturant les entrées des élevages, pouvaient bénéficier d’une déduction d’impôts pour leurs donateurs, écrit Marc Le Fur sur son blog. Concrètement, l’Etat encourageait fiscalement ces associations et donc les activistes radicaux qui s’en réclament".

Le député des Côtes d‘Armor avait déjà déposé des amendements pour supprimer les exonérations d'impôt pour les dons vers certaines associations en 2019, 2020, 2021. Cette fois, la commission des finances de l’Assemblée nationale l’a suivi. "Tout le monde a voté pour, sauf la NUPES" précise-t-il.

Son amendement au projet de Loi de Finances, vise donc "à priver de réduction d'impôt les dons aux associations dont les adhérents sont reconnus coupables d'actes d'intrusion sur les propriétés privées agricoles et établissements industriels." Il sera débattu en séance plénière à l’Assemblée Nationale.


Si les députés confirment le vote de la commission des finances," ces associations ne pourront plus bénéficier de cet avantage fiscal, ce sera alors un progrès considérable pour la sécurité des éleveurs, des élevages et des animaux" se réjouit le député breton.

Les dangers de l’agribashing


"Ces dernières années, les intrusions et les actes de malveillance à l’encontre du monde agricole se sont multipliés," explique le député. En mars 2019, le ministre de l’agriculture a même lancé un observatoire contre l’"agribashing."


"Les tensions pesant sur le monde agricole ont conduit à la mise en place, le 3 octobre 2019, de la cellule DEMETER au sein de la Gendarmerie nationale," peut-on lire sur le site du ministère. "Depuis le 1er janvier 2019, les atteintes à l’encontre des agriculteurs sont en effet en hausse (+1,5%). Au 1er novembre 2019, près de 15 000 faits étaient déjà enregistrés pour l'année 2019, soit 2 chaque heure."


Marc Le Fur évoque aussi "des actions chocs d’une grande violence de la part des mouvements activistes antispécistes qui témoignent d’une forme de radicalité inquiétante". En 2018 et 2019, plusieurs boucheries en France avaient été aspergées de faux sang.  

L 214, c'est pas les Petits Frères des pauvres !

Marc Le Fur, député des Côtes d'Armor

"On n'interdit à personne de parler, souligne-t-il, on demande juste que ce genre d'associations ne soient pas aidées par l'Etat. L214, c'est pas les Petits frères des pauvres !"

"Ils veulent nous faire taire parce qu’on les gêne"


Les associations parlent d’"un amendement révoltant qui vise à asphyxier financièrement les associations de défense des animaux et de l'environnement".

L214 se sent directement visée. Barbara Boyer, sa porte-parole s’indigne. "Les intrusions sont déjà punies par le code pénal, là, tout ce que souhaite Marc Le Fur, c’est nous enlever une grosse partie de nos moyens financiers pour stopper notre travail d’information. "

L’association diffuse régulièrement des images tournées à l’intérieur de poulaillers, de porcheries ou d’abattoirs. "C’est important de montrer ce qui s’y passe parfois. Cela a permis de faire avancer la loi et le débat, poursuit Barbara Boyer. On a fait bouger les dossiers, comme le broyage des poussins, l’interdiction progressive des  poules pondeuses en cage. Nous dénonçons un modèle intensif et productiviste. Ils veulent nous faire taire parce qu’on les gêne. "

LIRE : Quimper : manifestation de l'association L214 devant l'usine Doux pour de meilleures conditions pour les poulets

38 associations demandent le rejet de l'amendement

Dans un communiqué commun, plusieurs associations de Greenpeace à la LPO en passant par France Nature Environnement, appellent les députés à rejeter le texte. "Si cet amendement était réellement voté en plénière, il toucherait de plein fouet l’ensemble des organisations qui dénoncent les dérives de notre système agricole et industriel, notamment via des actions de désobéissance civile."


Les associations préviennent "face à cette nouvelle tentative d’intimidation de la société civile, nous continuerons de défendre sans relâche nos libertés d’opinion et de manifestation, si essentielles face aux épreuves que nous traversons et pour la démocratie, et d’alerter les citoyennes et citoyens sur ces dérives sécuritaires."

L'amendement arrivera au débat le 11, 12 ou 13 octobre.

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