Face à la baisse de la demande de légumes bios, des maraîchers installés dans les Côtes d'armor à Trévou-Tréguignec sont obligés de détruire 2 hectares de poireaux bios, qui n'ont pas trouvé acheteurs.
Matthieu et son père n’ont pas le cœur à l’ouvrage. Pour la première fois, ils vont détruire une partie de leur production : 2 hectares de poireaux broyés et 30 000 € de chiffre d’affaires perdu. Ils détruisent car les poireaux sont montés en graine et ne sont plus commercialisables.
Il y a 10 ans quand ils se sont convertis au bio, la demande était là, mais depuis quelques mois il ne trouve plus de débouchés pour leurs légumes. Les associations caritatives vont passer dans la semaine pour récupérer ce qu’elles peuvent, mais le reste sera perdu.
Pour ces maraîchers, les consommateurs se détournent du bio à cause de la crise du pouvoir d’achat, de la concurrence étrangère et non parce qu’il y en a trop.
Pas de surproduction mais de la sous consommation.
Pierre Adam, maraîcher bio
Pierre Adam explique qu’il ne s’agit pas de "surproduction mais de sous consommation. Globalement, ajoute-t-il, les consommateurs n’achètent pas les produits bios parce qu’ils n’en ont pas les moyens et aussi parce que les prix sont trop élevés".
Pour Julien Sauvée, le président de la Frab, il ne s'agit pas non plus de surproduction, mais de distribution. "On a beaucoup travaillé sur la production depuis 10 ans et on a montré que la bio produisait en quantité et en qualité mais par contre on a moins travaillé sur la distribution, c’est l’enjeu du moment, car ces situations sont insupportables.
Depuis le 1er janvier, les cantines devraient s’approvisionner avec 20 % de produits bios ou locaux, aujourd’hui on n’en est à 4 % seulement. Et on entend des maires qui disent qu'ils ne trouvent pas de produits bio donc on est bien sur la difficulté d’accessibilité de ses produits. Il faut qu’on travaille là-dessus.
Julien Sauvée, président de la Frab
Le père et le fils Adam dénoncent aussi une baisse des prix d’achat qui n’est pas répercutée dans les rayons. Eux passent par la coopérative Prince de Bretagne, ils vendent aux grandes surfaces et à quelques grossistes.
Les Adam, le père, le frère et le fils sont installés sur 120 ha de terre dans le Trégor. Ils ont huit salariés et cultivent neuf légumes différents. D’autres maraîchers comme eux, vont devoir détruire leur production. Pierre Adam parle de quatre collègues dans le Trégor et de plusieurs maraîchers du côté de Saint-Malo.
C’est vrai que les surfaces détruites le sont surtout dans des grosses exploitations, c’est logique dit-il, celui qui est en circuit court commercialise à peu près sa marchandise peut-être pas en totalité mais le circuit court ça peut être une solution mais pas à grande échelle
Pierre Adam
Dans un autre champ, les pommes de terre nouvelles attendent d'être arrachées. elles le sont au compte goutte, faute de demande encore une fois. L'an dernier, à la même époque, elles étaient presque tout vendues.