Le granit breton est-il véritablement plus cher que le granit d'importation chinois ou portugais ? La réponse est loin d'être évidente selon une étude réalisée par la filière des roches ornementales bretonnes.
Nous sommes dans la carrière du Hinglé dans les Côtes-d'Armor. Un tailleur de pierre ouvre un bloc de granit de 15 tonnes, en suivant une faille naturelle… Ce bloc fera partie des éléments du futur jardin mémoriel de Paris, en hommage aux victimes des attentats de novembre 2015. Lors de l’appel d’offres, c’est le savoir-faire qui a permis à cette entreprise bretonne de décrocher le marché.
"Aujourd'hui, on peut avoir de la matière, explique Thomas Lecorguillé, directeur général adjoint de Bretagne Granits. Mais sans nos hommes, on ne peut pas faire grand-chose. Et nos hommes nous ont permis de savoir se positionner pour cette réalisation, atypique, qui demande un réel savoir-faire ancestral, qu'on a su faire perdurer chez nous".
Si l’on s’en tient simplement au prix d’achat, le granit breton est 30% plus cher que ses concurrents espagnol, portugais ou chinois…
Prendre en compte le coût social et écologique du granit
C’est pourquoi la filière a décidé de lancer une étude pour montrer qu’il fallait aussi prendre en compte le coût social ou environnemental pour se faire une idée plus juste de la compétitivité bretonne.
"On sait très bien qu'aujourd'hui, il y a des écarts de prix, note Simon Uzenat, sénateur du Morbihan et conseiller régional. Mais il faut une approche en coût global. On le voit bien avec les enjeux liés notamment au dérèglement climatique. Il faut pouvoir valoriser cette économie géosourcée, soutenir nos entreprises locales, c'est bon pour la planète, c'est bon pour l'emploi, c'est bon pour l'économie, c'est bon pour le territoire, cette étude le démontre très clairement".
Il faut pouvoir valoriser cette économie géosourcée, soutenir nos entreprises locales, c'est bon pour la planète, c'est bon pour l'emploi, c'est bon pour l'économie, c'est bon pour le territoire, cette étude le démontre très clairement.
Simon Uzenat, Sénateur du Morbihan et conseiller régional
Des commandes publiques nécessaires
Si la démonstration peut convaincre les élus, encore faut-il qu’elle se traduise dans les actes, notamment via les commandes publiques passées par les collectivités… C’est tout l’enjeu de la préservation du tissu industriel du pays…
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"Au niveau national, notre grand objectif, c'est de relocaliser notre industrie, rappelle Matthieu Goudal, président de l'association Indication Géographique Granit de Bretagne. Nous, on est clairement dans ce sujet. Notre industrie est modeste, mais elle existe depuis des décennies et on a à cœur de vouloir la préserver et de la développer".
En Bretagne, le secteur compte une centaine de sites. Il représente 860 emplois directs, et un millier en lien avec son activité.