Manque de moyens dans les Ehpad. Des directeurs de résidence rendent les clés

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Banderole accrochée à l'Ehpad de Plouha, lors du mouvement de protestation contre le manque de moyens alloués aux maisons de retraite, à l'automne 2023
Situation financière difficile des EHPAD. Comment les salariés et les résidents vivent cette période de crise ? Illustration à Plouha, dans les Côtes d'Armor Ogier Liagre, animateur aux Genêts d'Or Corinne Millot, agente de service hospitalier Carole Moisan, aide-soignante André Le Duigou, résident ©F. Leroy/ JM Piron/ FTV

Dans les Côtes-d'Armor, la mobilisation pour plus de dignité dans les Ehpad ne faiblit pas. Une quarantaine de directeurs viennent symboliquement de rendre les clés de leurs établissements étranglés par les déficits. Leurs personnels racontent comment au quotidien, ils n'arrivent plus faute de moyens à s'occuper dignement des résidents

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 Ce 10 octobre à Plédran, des directeurs d’Ehpad des Côtes-d’Armor sont allés symboliquement remettre les clés de leurs résidences à des représentants de l’Agence Régionale de santé et du Département, qui organisaient dans la commune une journée dédiée aux établissements médico-sociaux.

Bientôt en cessation de paiements

"Nous étions une quarantaine", raconte Benoît Lubin, président de la FNADEPA 22 qui regroupe des directeurs d’établissements et de services pour personnes âgées,

"Chaque année, on se dit qu’on traverse la pire des périodes, et l’année suivante, c’est pire encore. On est au pied du mur. On a des déficits qui pourraient avoisiner en moyenne 300 000 euros en fin d'année. On veut des financements, sinon beaucoup d'établissements vont se retrouver en cessation de paiements, avec le risque de ne pas pouvoir payer les salaires. Vous imaginez ?"

"Sans compter l’inflation, on nous impose des charges, des augmentations de salaires évidemment louables, mais en face, on n’a rien. Il faudrait qu’on réduise les personnels alors qu’on en manque déjà pour accompagner dignement les résidents. Il faut que le gouvernement bouge."

Lire : la situation financière des Ehpad est dans le rouge, "on ne va pas les mettre à trois dans un lit !"

"De la maltraitance institutionnelle", selon les syndicats  

 Pendant ce temps-là,  toujours pour réclamer des financements, plusieurs dizaines de personnels soignants, administratifs, travailleurs sociaux et aides à domicile se sont également rassemblées à Plédran, à l’appel d’une intersyndicale FO/CGT/CFDT.

"Nous avons été reçus en délégation", explique Carine Le Tertre, FO Santé. "On a réclamé des moyens humains, financiers. Parce que là, on ne prend plus soin de nos aînés, on est dans de la maltraitance institutionnelle".  

Lire : Financement des Ehpad, "les 5 millions d'euros, c'est un pansement sur une jambe de bois"

Les Côtes-d’Armor bastion de la « résistance » des Ehpad

 A Plédran, des élus ont également pris la parole. Dans ce département, la mobilisation pour plus de dignité dans les Ehpad a pris de l'ampleur en juin dernier avec la création d’un collectif de maires, dont les maisons de retraite sont étranglées financièrement.

Eux aussi reprochent à l’Etat des carences de financements. Le 21 septembre dernier à Bégard, le collectif fort d’une centaine d’élus a décidé de saisir la justice.

Lire : Déficits dans les Ehpad, des maires bretons en justice

"Au quotidien, on fait avec les moyens du bord, c’est-à-dire avec pas grand-chose 

Sur le terrain, ce sont évidemment les personnels des Ehpad et les résidents qui ressentent les premiers la situation de crise..

Aux "Genêts d'or" à Plouha, Ogier Liagre, l'animateur qui attend toujours un minibus pour emmener ses résidents en promenade, explique "se contenter du minimum pour organiser ses activités en s'appuyant notamment sur du recyclage, quitte à récupérer du matériel auprès des familles".

Ses collègues Corinne Millot et Carole Moisan, agente de service hospitalier et aide-soignante, racontent comment faute de personnel suffisant, elles courent après le temps pour s'occuper des résidents. "Si l'on prend du temps avec l'un, c'est le voisin qui va en pâtir, on ne fait pas ce métier-là pour ça et en rentrant le soir, on n'est pas satisfaites de ce qu'on fait, c'est décourageant."

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