103 kilos par an et par habitant. Le tri des déchets, un effort permanent même pour les champions

En 2021, les Bretons ont trié chacun 103 kilos d'emballages ménagers et de papiers; quand la moyenne en France est de 69 kilos. Les Bretons sont donc les champions du tri. Cela s'explique par leur envie de protéger une nature qu'ils savent fragile, mais aussi par une consommation d'emballages elle aussi supérieure à la moyenne.

Tous les matins, devant le centre de tri des déchets Kerval Armor, c’est la valse des camions qui viennent déverser le contenu de toutes les poubelles jaunes collectées dans les 141 communes de son secteur. Le temps d’un instant, les briques de lait, les sacs de chips, les pots de yaourts volent dans les airs avant de rejoindre l’immense tas qui attend de partir sur les chaînes de tri. 

Le centre de tri reçoit chaque année 23 000 tonnes de déchets recyclables par an. Cela représente 71 kilos par an et par habitant du secteur. Les Côtes d’Armor sont aujourd’hui le département où l’on trie le plus ses déchets. En Bretagne, c’était 103 kilos par an en 2021 contre 69 kilos en moyenne en France. 

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Les bretons champions du tri de déchets • ©S. Breton; C. Rousseau; J. Baffert /FTV

Les poubelles sont arrivées dans nos rues il y a 140 ans, en 1883. En 1992, les poubelles jaunes les ont rejointes sur nos trottoirs. Et les Bretons ont très vite joué le jeu. "Ici, nous avons envie de protéger notre environnement, constate Ronan Cadec, technicien contrôle et gestion des données Kerval Centre Armor. Nous avons connu des marées noires, puis les marées vertes, on a vu que la nature était fragile et qu’il fallait en prendre soin."

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En moyenne, on jette 583 de déchets par an

Olivier Le Moing, animateur tri-prévention-déchets

Pour bien s’occuper de la planète, il faut s’y prendre tôt. Tous les jours, ou presque, le centre de tri de Kerval Armor accueille des classes du secteur. Ce jour-là, les élèves de Ploufragan visitent le site. Olivier Le Moing, l’animateur tri-prévention-déchets du centre les met dans le bain en leur assénant d’entrée le chiffre : " Savez-vous quelle quantité de déchets jette chaque français chaque année ?

Dans la petite salle, les doigts se lèvent, "350 kilos ? "tente une petite voix. "Plus, plus". L’assemblée prend l’allure d’une salle des ventes, "plus encore, plus !", "582 kilos ?" "Presque ! Plus un et vous y êtes. En moyenne, on jette 583 de déchets par an. " Les enfants en sont abasourdis. "Je pensais que c’était même pas 100 kilos, c’est beaucoup plus ! "

Évidemment après cela, chacune des paroles d’Olivier Le Moing est d’or. Et devant l’immense tas de boîtes de conserve, de bouteilles en plastique, tous comprennent l’intérêt du tri. "Si on protège la planète, on aura une vie meilleure", constatent-ils tout naturellement. 

Les élèves cheminent entre les énormes tapis roulants et les machines qui font le tri entre les différents matériaux. "Si la petite caméra détecte du plastique transparent, la bouteille est éjectée par le haut, si c’est une bouteille en plastique colorée, comme les bouteilles de lait ou de shampoing, ça part vers le bas", détaille l’animateur.

Si on a d’excellents chiffres, c’est aussi parce qu’on consomme beaucoup

Ronan Cadec, technicien Kerval Centre Armor

"Si on a d’excellents chiffres, c’est aussi parce qu’on consomme beaucoup, tempère Ronan Cadec. Des bouteilles d’eau… et pas seulement", dit-il en souriant. "Avec les problèmes de nitrates dans l’eau du robinet ces dernières années, les gens préfèrent acheter des bouteilles d’eau, et cela fait vite des gros volumes". Pour les autres bouteilles, la chose est connue, pas besoin d’y revenir.

"Les volumes sont le fruit de notre culture. Par exemple, ici, décrit Ronan Cadec, nous sommes très attachés à la presse écrite. Ouest France, le Télégramme… tous les matins, cela fait des kilos de papier qu’il nous faut trier ! " 

Dans une cabine, un peu plus loin, les techniciens contrôlent et vérifient le tri effectué par les machines. Les papiers et les bouteilles tournent à toute vitesse, ils récupèrent tout ce qui n’est pas parti dans la bonne direction.

Au cours de la visite, Olivier Le Moing distille des tas de chiffres qui invitent à réfléchir: "Une tonne de papier recyclé, c’est 27 arbres que l’on ne coupera pas. Une tonne de bouteilles en plastique récupérée, c’est 700 kilos de pétrole qu’il ne faudra pas extraire. "

Les bêtises à éviter

L’animateur rappelle les principes de base : "la règle, c’est qu’on ne met dans les poubelles de tri que les emballages ! "

"Parfois, les gens veulent bien faire, gagner de la place dans leurs poubelles et ils imbriquent les matières les unes dans les autres. On plante la bouteille de lait dans la boite de conserve, on glisse des papiers dans l’emballage des céréales… mais dans le camion, tout cela est compressé et le centre de tri ne peut plus isoler les différents matériaux… tous les efforts sont perdus ! "

En rentrant, les écoliers pourront faire la leçon à leurs parents. Et tous ont bien compris que pour moins jeter, il faut apprendre à acheter. 

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Moins jeter, c'est mieux acheter

Le centre de tri de Kerval Armor a construit un petit magasin. Olivier Le Moing distribue à chacun une liste de courses du quotidien à effectuer. Des fruits, quelques yaourts, un goûter, du dentifrice. 

Devant les rayons, les jeunes s’interrogent. "Ce dentifrice-là, il est bien, il est dans une boîte en carton. Le carton, ça se recycle". "Oui, mais celui-là, il n’a pas de carton, il n’y a que le tube, c’est mieux non ? "

Mêmes interrogations devant les pains au chocolat emballés dans une grande boîte en plastique ou devant les yaourts. "Pot en plastique, en verre ? ","Le verre,  répond sans hésiter l’animateur, on peut le recycler presque à l’infini. "

Devant les énormes balles de canettes d’aluminium ou de briques de lait, Olivier Le Moing insiste une dernière fois sur les volumes générés. Mais  les petits ont bien compris: le meilleur déchet, c’est celui que l’on ne produit pas.