La hausse du prix des carburants empoisonne la vie des automobilistes et inquiète les communes qui ont fait le choix d’installer des stations-services municipales. Si le gouvernement autorise les ventes d’essence à perte, elles ne pourront pas s’aligner sur les prix pratiqués par les grandes surfaces et craignent donc de perdre des clients.
Parfois, un seul chiffre résume bien des choses. C’est le cas au Mené dans les Côtes d’Armor. La municipalité a décidé d’installer une station-service municipale pour éviter à ses concitoyens d’aller faire le plein trop loin en 2016. Cette année-là, elle a vendu 397 651 litres de carburant. Sept ans plus tard, la vente de carburant a plus que doublé et atteint 881 412 litres en 2022.
"C’était une manière de garder les gens dans nos communes, de garder des services sur notre territoire", explique Gérard Daboudet, maire du Mené.
La station municipale a vite trouvé ses clients. "Cela nous évite de faire des kilomètres pour aller chercher de l’essence et les prix ne sont pas plus exagérés qu’ailleurs", témoigne Lydia.
Mais la possibilité que le gouvernement offre aux stations-service de vendre à perte inquiète l’élu.
Des marges infimes
Les communes qui ont fait le choix d’installer des stations municipales investissent en moyenne entre 180 et 300 000 euros. Le Mené compte deux stations communales, une au Gouray, une autre à Collinée.
"Mais nous faisons une marge infime", indique Gérard Daboudet. La commune provisionne juste de quoi faire face aux coûts d’entretien des pompes. Elle ne pourra pas vendre à perte.
"On a une obligation d’équilibre. C’est un service mis en place pour la population."
"On perdra quelques clients, ils seront plus intéressés pour partir acheter du carburant moins cher."
"Ça ne va pas nous mettre en danger, espère l’élu, on a de quoi résister quelques temps, mais si ça dure, ça pourrait devenir embêtant."
Il y a aujourd’hui 11 500 stations-service en France, il y en avait quatre fois plus dans les années 80.
( Avec Jean-Marc Seigner)