L'an dernier, la canicule s'abattait sur la France et la Bretagne n'y échappait pas. Des températures intenses dépassant les 40 degrés et une sécheresse qui poussaient les collectivités à prendre des mesures pour limiter le gaspillage de l'eau. Certaines communes fermaient ainsi le robinet des douches de plages. Une mesure qui perdure cet été, même si la canicule ne touche pas la Bretagne en ce mois de juillet.
En ce jour de fin juillet, sur une des plages de Binic-Etables-sur-Mer (Côtes-d'Armor), des baigneurs rentrent et sortent de l'eau avant de s'allonger sur le sable. Terminé le passage sous la douche pour se rincer et retirer ainsi le sel et le sable sur la peau.
C'est dommage. Ça gratte un peu, mais pour la nature, je crois que c'est un bon geste.
Un baigneur compréhensif
Pour ce père de famille, "c'est dommage pour les sorties de mer, lorsqu'on veut se rincer les pieds ou les mains et même pour les enfants, pour se rincer avant de monter dans la voiture" mais sa jeune fille, elle, a un avis plus positif sur la mesure : "C'est bien quand même, car ça réduit les factures d'eau. Oui, c'est bien".
Économiser la ressource en eau
Et réduire la facture d'eau et économiser la ressource en eau potable, c'est bien ce qui a motivé la municipalité à conserver cet été les douches fermées sur les plages, comme elles l'avaient été lors de la sécheresse de 2022.
Placé en "alerte crise sécheresse" en août 2022, la préfecture des Côtes-d'Armor avait renforcé ses interdictions pour économiser l'eau, une ressource qui devenait précieuse. Parmi les mesures imposées, l'interdiction provisoire de se doucher au sortir des bains de mer sur toutes les plages du département. Une décision qui à l'époque était plus ou moins bien comprise.
Et même si en juillet 2023, un an après, la sécheresse, pourtant toujours d'actualité, n'est pas aussi problématique en Bretagne, la plupart des communes continuent de laisser les robinets fermés sur les plages.
À LIRE : Inventée dans le Finistère, la douche de plage qui recycle l'eau attend son homologation
À Binic-Etables-sur-Mer, une étude a été menée l'hiver dernier pour connaître les postes les plus gourmands en eau. Et avec ses quatre plages et les douches qui vont avec, "on s'est rendu compte que la partie douche et assainissement des plages était le poste le plus consommateur de la commune avec 2 400 m³, ce qui est énorme. On a donc décidé de poursuivre cette mesure et fermer les douches de plages".
Une mesure de restriction plutôt bien acceptée
Face à cette nouvelle mesure de fermeture, les baigneurs ont donc déjà appris à se passer des douches. Le système D fait son apparition avec des bidons et des bouteilles pour se rincer. Des solutions beaucoup moins gourmandes en eau, surtout que certains usagers pouvaient aller jusqu'à abuser du confort apporté par les douches.
"Les gens venaient rincer leur planche à voile, leur paddle… Les enfants venaient aux douches, retournaient dans l'eau, revenaient aux douches…" explique cette baigneuse habituée. Et de relater, de manière anecdotique, un sourire aux lèvres, le fait que la mesure ne convient pas à tout le monde : "la semaine dernière, une dame cherchait les douches, je lui ai dit 'il n'y a pas de douches' et elle m'a précisé qu'elle voulait une douche chaude. Vous vous rendez compte. Faut quand même pas pousser".
Comme à Binic-Étables-sur-Mer, plusieurs communes de l'agglomération ont décidé également de fermer le robinet sur les plages. Une tendance qui se retrouve tout au long du littoral français.
(AVEC Sylvaine Salliou)