Elections régionales en Bretagne. Agriculture, parc éolien, Caudan... Ce qu’il faut retenir du débat d'entre deux tours

Après l'accord entre Daniel Cueff (Eco) et Loïg Chesnais-Girard (PS-PCF), il n’y a pas d’alliances pour le second tour des élections régionales. Thierry Burlot (LREM), Isabelle Le Callennec (LR), Gilles Pennelle (RN) et Claire Desmares-Poirrier (EELV) ont fait valoir leurs différences.

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Après les chiffres record de l’abstention au premier tour des élections régionales en Bretagne, elle est de 64, 21 %, il faut remobiliser l’électorat pour consolider son avance, ou rattraper son retard pour les cinq listes présentes au second tour.

Au jeu des alliances d'entre deux tours

Hormis la fusion –surprise- de la liste de Daniel Cueff (Ecologiste) avec Loïg Chesnais-Girard (PS-PCF) (PS-PCF) arrivé en tête au premier tour, il n’y a pas eu d’alliance pour ce second tour.

Ni entre Thierry Burlot (LREM) (LREM) et Loïg Chesnais-Girard (PS-PCF) (PS-PCF), issus tous deux de la majorité sortante au conseil régional : Ni entre ce dernier et Claire-Desmares-Poirrier (EELV) (EELV), qui appelait à la création d’une large majorité.

Il y a eu pourtant des discussions, « pendant huit heures » précise Claire Desmares-Poirrier (EELV). Mais « nous n’arrivions pas à trouver d’accords » se justifie Loïg Chesnais-Girard (PS-PCF). Ils étaient peut-être « trop exigeant, intransigeants, avec une volonté de remplacer mon projet par un autre projet. »

« Il n’y avait pas de volonté d’accord [de leur part] » confirme Claire Desmares-Poirrier (EELV), « l’enjeu, c’était de construire une majorité très forte gauche et écologiste, pour une  politique ambitieuse » regrette la tête de liste investie par EELV, pour « changer le logiciel de la région Bretagne ».

Quant à la « main tendue » de Thierry Burlot (LREM) à Loïg Chesnais-Girard (PS-PCF), « qu’il n’a cessé de critiquer depuis six mois » rappelle Isabelle Le Callennec (LR),  cela n’a pas abouti. « Oui, nous avions le sentiment que la Bretagne avait besoin d’être rassemblée, face à des enjeux importants » estime Thierry Burlot (LREM), « puisque Loïg Chesnais-Girard (PS-PCF) n’a pas pu choisir entre le projet d’EELV et le nôtre, c’est aux bretons qu’il appartient de choisir ».

« Je suis à des années-lumière de ce je t’aime moi non plus » affirme Gilles Pennelle (RN), il y a les mêmes noms sur notre liste, et les bretons qui ont déjà voté RN vont se mobiliser ».

Le débat d'entre deux tours en intégralité

L’agriculture à la croisée des chemins

Durant toute la campagne, « il y a toujours eu ce clivage sur l’agriculture » fait remarquer Isabelle Le Callennec (LR). Or, « la région doit rester une grande région agricole ». En question : la transition entre deux modèles agricoles.

Entre un système d’agriculture intensive et intégrée aux filières de transformation, à bout de souffle, et une transition vers une agriculture plus respectueuse de l’environnement et surtout plus rémunératrice, les clivages se sont exprimés sur le plateau du débat d’entre deux tours de France 3 Bretagne.

« Ce modèle agricole a permis à la Bretagne de sortir de la pauvreté, il est en train de régresser aujourd’hui » estime Thierry Burlot (LREM), qui fut vice-président au développement économique de la Région, « il faut  aujourd’hui moins de production, plus de qualité, plus de sécurité alimentaire, il va falloir trouver le point d’équilibre. »

Symbole de ce clivage : la région est devenue actionnaire de groupes agro-industriels, qui contribuent à l’émission d’ammoniac, alors que la région est la plus grande émettrice d’ammoniac dans l’air du pays.

« C’était pour éviter un raide financier sur nos sites » justifie Loïg Chesnais-Girard (PS-PCF), « et nous y avons mis des conditions sur la réduction des pesticides, ou l’installation des jeunes, y compris en circuit-court  ». Claire Desmares-Poirrier (EELV) le concède, EELV reconduirait ces aides une fois à la présidence de la Région, « mais clairement pas de la même manière. »

« Ce que je constate, c’est que ce sont des millions d’euros qui vont à un modèle qui est dépassé » précise Claire Desmares-Poirrier (EELV),  « vous financez encore des poulaillers industriels, des méthaniseurs ». Le modèle que vous prônez, c’est « l' importation de poulets d’Ukraine » lui répond Loïg Chesnais-Girard (PS-PCF).

« L’agriculture bretonne, ce n’est pas cela  conteste Gilles Pennelle (RN) à Claire Desmares-Poirrier (EELV), il n’y a pas de fermes-usine, c’est une caricature ». Selon lui, il faut continuer d’aider l’agro-alimentaire, « ce sont des milliers d’emplois. Je suis allé à l’embauche à l’abattoir de Josselin, j’ai vu ces gens « illettrés et sans le permis disait Macron, ce sont ces gens-là que vous voulez menacer. »

L’éolien, un nouveau souffle pour les énergies renouvelables ?

C’est un dossier vieux de dix ans, et – le croyait-on - construit dans la concertation, qui s’invite dans l’actualité et donc, dans la campagne électorale. Le projet de parc éolien flottant en baie de Saint-Brieuc, devant lequel des pêcheurs ont à nouveau manifesté ce jeudi.

« Il faut mener ce projet à terme » estime Thierry Burlot (LREM), « car il faut rappeler la fragilité énergétique de la Bretagne. »

Ce parc de 62 éoliennes sur 75 km 2 doit alimenter 830 000 habitants en énergie, « a été accepté sur le lieu d’implantation, il y a eu 13 ans de procédure, et on en arrive là se désole l’ancien vice-président de la région ».

« En dix ans, il y a des choses qui ont bougé, des angoisses qui sont nées » estime Loïg Chesnais-Girard (PS-PCF), qui entend lui aussi le mener à terme, mais « il faut le réussir avec les marins pêcheurs. Il y aura les éoliennes, et aussi la pêche, comme en Europe du nord. »

Pas question non plus d’abandonner ce projet pour Claire Desmares-Poirrier (EELV), car « on doit avoir des vraies ambitions pour l’autonomie énergétique de la région  ». L’intention est bonne mais « il y a un problème de concertation », mais « je vois qu’il y a citoyens mettent leurs économies dans des projets ambitieux d’énergies éolienne, solaires, ça n’est pas aussi simple que ce qui est caricaturé aujourd’hui par Gilles Pennelle (RN) »

« Ce sont des monstres d’acier » estime l’intéressé, « et c’est non seulement un scandale écologique, mais également un scandale financier, c’est une multinationale espagnole qui va produire une électricité trois fois plus chère que ce que l’on produit en France » estime la tête de liste du Rassemblement National.

« Je soutiens les opposants à ce projet » affirme Isabelle Le Callennec (LR), « c’est de nouveau un échec de la méthode. Les pêcheurs ont le sentiment d’avoir été totalement méprisés. »

Peut-on sauver la Fonderie de Bretagne ?

La question de la ré-industrialisation de la Bretagne est au cœur de l’actualité, avec la vente de la fonderie de Bretagne par Renault, malgré 8 millions d’euros d’investissements, et le combat mené par les salariés pour sauver leur emploi.

« La région a déjà soutenu la fonderie de Bretagne » rappelle Thierry Burlot (LREM), à hauteur d’1,6 million d’euros, « maintenant il va falloir accompagner ces salariés, et accompagner la transition automobile. »

« Nous avons besoin de ces outils de production pour l’économie de demain » estime Claire Desmares-Poirrier (EELV), qui n’est pas « contre la voiture, mais pour le développement d’alternatives. »

« Je ne suis pas dans l’accompagnement  en disant c’est terminé » nuance Loïg Chesnais-Girard (PS-PCF), « l’état doit agir pour qu’ici, en Bretagne, nous ayons de l’emploi. »

« On n’est pas au bout de l’histoire » estime également Isabelle Le Callennec (LR). « J’ai une expérience à Vitré, c’est Mitsubishi. Il faut regarder ce que l’on peut produire dans cette usine. »

« La région a peu de leviers, malheureusement » regrette Gilles Pennelle (RN). « C’est à l’état, d’agir. Effectivement. Renault a touché beaucoup d’argent du contribuable. »

Pour une assemblée unique en Bretagne ?

« Il faut tenir compte de la périphéricité de la Bretagne, qui la pénalise, on l’a vu sur l’ecotaxe » estime Thierry Burlot (LREM), qui « plaide pour une assemblée unique » pour la Bretagne, ainsi qu’une régionalisation de la PAC.

« Quand la même loi s’applique partout de la même manière, on voit bien qu’il y a un problème » concède Loïg Chesnais-Girard (PS-PCF), « il faut transférer les décisions dans les territoires. Et ça, ça fera voter les gens. »

« Le fédéralisme, c’est l’essence de notre projet politique » rappelle Claire Desmares-Poirier à ce sujet, qui fait relativement consensus parmi les cinq listes en présence. Même Gilles Pennelle (RN) précise qu’il n’est « pas contre l’assemblée unique », mais « je ne veux pas qu’il y ait d’adaptation de la loi », et que l’état conserve ses missions régaliennes, « comme la sécurité, le contrôle des frontières ».

Isabelle Le Callennec (LR) va même plus loin, en incluant la Loire-Atlantique à cette assemblée. « J’ai déjà réfléchis à une vice-présidente pour s’occuper de cela. »

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