30% des ménages sont des ménages âgés. En 2040, cette part passera à 40 % selon l'Insee. Elle atteindrait même près de 50 % dans les territoires déjà vieillissants aujourd’hui, au centre et à l’ouest de la Bretagne. Ce qui interroge sur leurs conditions d'accueil et d'hébergement.
Selon l'Insee, un ménage est considéré comme "âgé" si sa personne de référence, au sens du recensement de la population, a 65 ans ou plus. Et selon une étude publiée ce 29 juin, qui dit "ménages âgés", dit souvent couples et personnes seules. Les femmes seules y sont d'ailleurs surreprésentées.
En Bretagne, il y aura 268 000 ménages âgés de plus d’ici 2040. Dans le même temps, le nombre de ménages plus jeunes augmenterait plus modérément (+ 42 000).
"C'est la suite d'une chronique annoncée depuis des années, réagit Yves Lebahy, auteur notamment d'un livre intitulé "Où va la Bretagne ?" Ce qui surprend davantage le géographe, c'est "l'accélération de ce processus de vieillissement : passer de 30 à 40% en 23 ans, c'est une transformation très rapide et terrible !"
La Bretagne compterait en moyenne 16 200 personnes âgées supplémentaires chaque année d'ici 2040. Le nombre de personnes âgées d’au moins 80 ans augmenterait rapidement également.
Parmi les ménages, 15% seraient âgés de 80 ans et plus en 2040. En 2017, ils étaient 10%. "Ce n’est pas une population équilibrée du tout ! Ca veut dire qu'il va y avoir des déséquilibres générationnels et ça traduit un malaise économique profond," poursuit Yves Lebahy.
Dans des territoires déjà vieillissants
Toujours selon l'Insee, ce vieillissement des ménages âgés toucherait davantage des territoires dynamiques démographiquement aujourd’hui, comme le sud et l’est de la région.
Dans certains territoires déjà vieillissants, comme le pays du Trégor-Goëlo, Pays du Centre Ouest Bretagne et du Centre Bretagne, Pays de Guingamp, les ménages âgés représenteraient environ un ménage sur deux en 2040.
"Traditionnellement, le Trégor, le Léon, le Kreiz Breizh sont des zones de dépérissement que nous constatons depuis les années 1980, mais ce qui est nouveau, et ça m’alerte, c’est l’apparition de nouvelles zones, dans la deuxième et troisième couronne en périphérie rennaise par exemple, ainsi que dans des zones rétro littorale comme la côte Sud du Morbihan, analyse le géographe. C’est la simple évolution dans le temps d'un phénomène qu'on observe tous les jours : la population fuit les villes, à cause de la pression immobilière et foncière. Dans 20 ans, ce seront également des zones de vieillissement profond, parce qu’il n'y aura pas de circulation et de renouvellement des populations !"
Les ménages âgés plus souvent propriétaires et en maison
La Bretagne est la région où le taux de propriétaires est le plus élevé. Ce constat se vérifie pour les ménagés âgés : 83 % d’entre eux sont propriétaires de leur logement, contre 76 % pour les ménages âgés de France de province. Par ailleurs, les ménages âgés résident plus souvent en maison. C’est le cas de 81 % d’entre eux, comparé à 67 % parmi les ménages plus jeunes.
Leurs logements des personnes âgées sont plus anciens ou plus grands, ce qui peut engendrer des difficultés d’accessibilité et de chauffage. "Cela pose de nombreuses questions, analyse Yves Lebahy. Des questions d'aménagement du territoire, de dynamisme économique, d’équipements d’accueil et de suivi de ces populations âgées : EHPAD, services à la personne... Ce sont des services très coûteux à la collectivité. Cela relève d’une véritable politique d’aménagement régional : ce sont ces défis majeurs, que la nouvelle équipe au pouvoir va devoir traiter !" termine le géographe qui vient de publier "Défis pour la Bretagne", une autre ouvrage sur "le nécessaire nouveau contrat social".
Pour faire face à ces situations, l'Insee précise dans son étude que les politiques de l’habitat devront prendre en compte l’état du parc de logements existants dans les politiques d’amélioration de l’habitat avec des objectifs nationaux de rénovation énergétique passant de 200 000 logements à 500 000 logements rénovés en 2021.