Eoliennes en mer. Tous les projets d'énergie renouvelable sont-ils condamnés à être contestés ?

Emmanuel Macron était aujourd’hui à Saint-Nazaire pour inaugurer le premier parc éolien en mer. En Bretagne, celui de Saint-Brieuc cristallise les tensions et ne semble pas prêt d'être terminé. Tous les projets d'énergie renouvelable sont-ils condamnés à être contestés dans notre région ? Nous avons posé la question à un spécialiste de "l'acceptabilité sociale".

A l'occasion de l'inauguration du premier parc éolien en mer à Saint-Nazaire, le Président de la République a déclaré qu’il entendait développer la production d'énergie en France afin d'assurer la "souveraineté" du pays en la matière. Dans le même temps, il a annoncé vouloir "aller deux fois plus vite" dans le déploiement des énergies renouvelables.

Pour cela Emmanuel Macron entend simplifier les procédures administratives et raccourcir les délais d'examen des recours en justice.

Aujourd’hui en France, on estime que 70% à 90% de projets d’implantation d’éoliennes se confrontent à des recours en justice. En Bretagne, le parc éolien de Saint-Brieuc cristallise les tensions entre pro et anti-éolien, et ce n'est pas le seul. De très nombreux projets connaissent une forte opposition de la population.

Alors tous les projets d'énergies renouvelables sont-ils condamnés à être contestés ?

Nous avons posé la question à Romain Garcia, consultant indépendant et auteur d’une thèse sur l’acceptabilité sociale des projets d’éoliennes dans le centre-ouest de la France.

Romain Garcia : Non. Tous les projets d’énergie renouvelable ne sont pas contestés. Certains le sont plus que d’autres et c’est en particulier le cas de l’éolien. Mais tous les projets de parcs éoliens ne sont pas contestés et se mettent en place sans problèmes majeurs.

Les sondages montrent que les Français, comme les Bretons, sont majoritairement pour les énergies renouvelables. Pourtant la contestation est forte au moment des lancements des projets, comment l’expliquer ?

 

Romain Garcia : Effectivement au niveau national, les sondages montrent qu’entre 70 et 80 % des personnes interrogées se disent favorables à l’éolien, et dans le même temps plus de deux tiers des projets font l’objet de recours, notamment devant les tribunaux.

Ce syndrome surnommé le NIMBY, « not in my backyard » (c’est-à-dire, "pas dans mon jardin") décrit le phénomène qui consiste à être favorable à un projet, mais pas quand il doit se réaliser près de notre maison. Il a été très étudié par les anglo-saxons.

Le décalage entre une opinion publique favorable, et une contestation locale s’explique tout simplement par les craintes des habitants. Ils redoutent que les projets, notamment éoliens, aient des impacts sur leur santé, leur qualité de vie et le prix de leur maison. Ce sont ces éléments qui pèsent sur la balance.

 

Est ce une situation inextricable ?

 

Romain Garcia : Non. De nombreux projets ne font pas l’objet de contestation. Il s’agit en général des projets qui ont mis en place, très tôt, de l’information en direction du public. Quand les gens sont informés, consultés et impliqués il y a moins de craintes, et les choses se passent généralement bien.

Il est impératif de faire de la pédagogie et de démonter certaines idées reçues et les fausses informations. Par exemple sur l’impact des parcs éoliens sur le prix immobilier. Sur internet, circule l’information qui dit que les prix des maisons chutent de 25 à 50% lors de l’installation d’éoliennes à proximité. Or l’ADEME (Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Énergie) a analysé 1 million de transactions, avant et pendant l’implantation de parcs éoliens en France. Il en ressort que les prix ont baissé en moyenne de 2%, et cette baisse n’est pas forcément imputable aux éoliennes. Cela montre combien il est nécessaire d’informer le public.

Aussi il existe des outils pour intéresser financièrement les communes et les habitants. Il y a, bien sûr, les taxes sur les éoliennes par exemple, qui sont parfois une manne financière pour les communes.

Mais il existe aussi des outils, comme les mesures de compensation, prévues par la loi, qui permettent aux communes ou aux communautés de communes de mettre en place des projets d’aménagement en lien avec la transition énergétiques financés par des subventions et les porteurs de projets. Il peut s’agir par exemple d’enveloppes financières dédiées à la rénovation énergétique des logements habitants. Le projet devient alors un projet de territoire.

Chaque projet est différent mais la concertation et la mise en place de processus informatif et participatif permettent d’améliorer l’acceptabilité du projet.

 

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