Dans la nuit du 21 au 22 septembre 1994, il y a tout juste 30 ans, une voiture incendiée était retrouvée entre le Guilvinec et Penmarc’h, dans le pays bigouden. Dans le coffre du véhicule, pompiers et gendarmes découvrent un corps calciné. C’est celui de Marie-Michèle Calvez, une femme de 40 ans. Trente ans plus tard, le mystère demeure. Qui a tué cette commerciale en assurances pour les marins-pêcheurs ? Le pôle Cold Case de Nanterre s’est saisi du dossier.
Cette nuit-là, un petit groupe de marins rentrait chez eux en voiture par les petites routes du Finistère. Leur bateau de pêche avait une avarie. Impossible d’embarquer. Tous repartaient se coucher quand ils ont aperçu de la fumée. Près d’une ancienne conserverie, entre le Guilvinec et Penmarc'h, une voiture était en feu.
Un corps dans le coffre de la voiture
Aussitôt, les marins-pêcheurs préviennent les secours. Il est autour de 3h du matin, ce 22 septembre 1994, quand pompiers et gendarmes arrivent sur site. Ils constatent rapidement que l’incendie est volontaire. Des cales de bois, imbibées d’essence, ont été déposées en différents endroits dans la petite Seat Ibiza.
À l’intérieur du coffre de la voiture, les enquêteurs découvrent un corps calciné. Sous l’effet de la chaleur des flammes, les os et les dents ont comme éclaté. Seule certitude, la victime était décédée avant l’apparition des flammes.
Une enquête qui s'annonce compliquée
C’est la plaque d’immatriculation du véhicule qui permet aux gendarmes d’identifier le cadavre. Celui d'une jeune femme de la région.
Marie-Michèle Calvez avait rendez-vous avec son compagnon à 20h chez un artiste peintre. Elle ne s’y est jamais rendue.
Que s’est-il passé ? Les enquêteurs n’ont que peu d’éléments. De la voiture, il ne reste qu’une carcasse. Ils n’ont pas de témoins. Seule une voisine de la conserverie confiera avoir entendu le bruit de deux voitures et des voix d’hommes dans la nuit du drame. Et surtout, pas de mobile…
Marie-Michèle Calvez vend des assurances aux marins-pêcheurs. Elle habite dans la maison familiale avec son chien. Une existence sans histoire.
Deux hommes soupçonnés
Le compagnon de la jeune femme est interrogé. Son emploi du temps vérifié, mais rien ne permet de l’incriminer.
Un voisin et ami d’enfance de la jeune femme est, lui aussi, soupçonné. Au début de l’enquête, il avait affirmé ne pas l’avoir vu ce soir-là. Mais pendant sa garde à vue, il revient sur ses premières déclarations et admet avoir discuté avec elle. "J’ai pas voulu, j’ai pas voulu" déclare-t-il aux enquêteurs avant de faire un malaise. Mais à sa sortie de l’hôpital, il revient à nouveau sur ces propos, explique qu’il n’était pas dans son état normal.
Des traces de sang à son domicile
Faute d’éléments, l’enquête piétine. Les semaines passent puis les mois.
En 1996, un nouveau juge d’instruction est nommé. Il demande des fouilles de la maison de Marie-Michèle Calvez. Des traces de sang sont découvertes dans l’entrée.
Deux ans plus tard, à l’occasion de nouvelles recherches dans le sous-sol, les gendarmes retrouvent des blocs de bois semblables à ceux qui avaient été découverts dans la voiture calcinée, un jerrican d’essence et un tissu couvert de sang avec un ADN masculin.
Une prime de 300 000 francs
Cette même année 1998, avec l’accord du parquet, la famille de Marie-Michèle Calvez promet une prime de 300 000 francs (50 000 euros) à toute personne susceptible d’apporter un nouvel élément qui fera avancer l’enquête.
À la gendarmerie de Quimper, une ligne téléphonique est ouverte 24h sur 24. Confidentialité et sécurité sont promises aux éventuels témoins. Pendant quelques semaines, les appels affluent, mais le mystère demeure.
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Reportage de France 3 Bretagne
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©INA
L'affaire au pôle Cold Case de Nanterre
Catherine Calvez, la sœur cadette de Marie-Michèle a remué ciel et terre durant des années pour essayer de comprendre. Elle est décédée à quelques jours de ce trentième anniversaire de la disparition de son aînée.
"C’est terrible parce qu’elle est morte sans connaître l’issue de cette histoire, se désole l’avocat de la famille, Didier Seban, Elle avait été très heureuse de savoir que le Pôle Cold Case de Nanterre s’était emparé de l’affaire en décembre 2022."
L’avocat souhaite rester optimiste. "Ce transfert, c’est une chance de découvrir les auteurs de cet acte" espère-t-il. "Il y a de nouvelles investigations qui peuvent être menées, des pistes qui n’ont pas été explorées, des personnes qui pourraient être réinterrogées. Dans cette affaire, par chance, explique-t-il, les scellés ont été conservés. "
Maître Seban fonde de grands espoirs dans les avancées de la police technique et scientifique.
"Il y a des choses que l’on peut faire aujourd’hui qui étaient impossibles en 1994." Dans la cave du domicile de Marie-Michèle, un cendrier plein de mégots aurait été découvert.
Un jour peut-être, ils "parleront."
Un jour, peut-être, on saura ce qui est arrivé à Marie-Michèle Calvez…