"Ca ne change rien, on ne les entend pas". Les éoliennes de Plouvien ne font parler... qu'au Conseil d'Etat

Le Conseil d'Etat a annulé le permis de construire de huit éoliennes à Plouvien dans le Finistère pour une erreur de procédure. Pourtant, pour permettre leur implantation, la mairie et le préfet avaient modifié les limites de la commune. La bataille juridique dure depuis 20 ans pour certains. Mais dans le bourg, les habitants ne semblent plus se soucier des géantes des vents. Reportage

Depuis 2004, les huit éoliennes de Plouvien dans le Finistère, tournent tranquillement leurs pâles au gré des vents. Pourtant, malgré leur imperturbable fonctionnement, elles viennent s'ajouter aux nombreuses autres dont le sort est scellé par un juge administratif.

C’est une question qui s’est tassée ici. Il y a eu quelques tensions entre les pour et les contre au début du projet, mais maintenant on n’en parle plus

Un Plouviennois

Dans ce bourg de 3796 habitants, la bataille juridique autour des éoliennes ne semble pas être le sujet principal de conversation. Dans l’un des commerces du centre, les clients rechignent même à en parler, partagés entre méfiance et discrétion.

Ca ne me fait ni chaud, ni froid” lâche un premier. “C’est une question qui s’est tassée ici. Il y a eu quelques tensions entre les pour et les contre au début du projet, mais maintenant on n’en parle plus” concède un autre client.

Les éoliennes de Plouvien, qui tournent depuis 15 ans, seraient-elles de l’histoire ancienne ? Pas tant que ça, puisque fin décembre le Conseil d'Etat a jugé illégal le permis de construire de ces installations. “Je n’étais même pas au courant de cette dernière annulation de permis” reconnaît le deuxième client.

La mairie et les défenseurs des éoliennes s'étaient pourtant évertués à rentrer dans les clous pour permettre aux aérogénérateurs de fonctionner en accord avec le droit.

Une loi Littoral bien encombrante

Il faut dire que l'implantation de ces huit éoliennes, dès le départ (mise en service le 1er juillet 2007) était plutôt sensible. La commune, malgré son éloignement de la mer, devait respecter la loi Littoral. Le fleuve côtier de l'aber Benoît, qui pénètre la commune, imposait à Plouvien de respecter certaines règles contraignantes d'urbanisme. Interdites, donc, toutes les constructions quelles qu’elles soient qui provoqueraient une extension de l’urbanisation, même les éoliennes.

Je ne comprends pas qu’on soit contre les éoliennes. Il faut trouver de nouvelles énergies.

Un Plouviennois

Après une première annulation de permis de construire. Le maire décide de contourner le problème juridique. D’autant que la solution trouvée permettra l’implantation d’un autre projet important pour la commune.

Autour d’un café, après quelques échanges sur l’épidémie actuelle, un client accepte enfin de livrer une bribe d’opinion personnelle : “Je ne comprends pas qu’on soit contre les éoliennes. Il faut trouver de nouvelles énergies, le nucléaire n’est pas la meilleure solution de long terme.” 

Des éoliennes et de l’activité économique agricole

Telle était certainement la conviction de l'édile de l'époque. Christian Calvez, le maire d’alors, propose donc à la commune voisine, Tréglonou, de récupérer les 20 hectares de terrain qui imposent à Plouvien de respecter la loi Littoral. Les conseils municipaux valident, le préfet du Finistère également. Plouvien pourra faire tourner ses éoliennes en toute légalité (et développer son projet de tour de séchage du lait de la Société Industrielle Laitière du Léon, la Sill.)

Mais la tour de la Sill ne s'implantera finalement pas à Plouvien et élira domicile à Landivisiau. Certains agriculteurs regrettent que cette tour ait été installée ailleurs. Mais quand il s’agit des aérogénérateurs : “ça ne change rien, on ne les entend pas” lâche un client. Et un autre de rajouter : “Quelques personnes sont contre, mais dans l’ensemble ce n’est plus un sujet ici. Ca fait 15 ans qu’elles tournent, on s’est habitué, on ne fait plus attention.”

Les voisins proches des éoliennes sont peut-être un peu gênés en fonction de comment souffle le vent, mais je suis passé à côté avec ma chienne et je n’ai rien entendu.

Un Plouviennois

Et comme la tour de séchage du lait s’est installée à Landivisiau, les camions de lait parcourent la trentaine de kilomètres qui sépare les deux communes. Ils passent donc par le centre-ville. “Les camions de la Sill qui traversent le bourg font plus de bruit que les éoliennes” renchérit un des clients sur un ton un peu taquin.

Un autre de reconnaître : “les voisins proches des éoliennes sont peut-être un peu gênés en fonction de comment souffle le vent, mais je suis passé à côté avec ma chienne et je n’ai rien entendu.”

Je n'ai jamais autant travaillé que lorsque les ouvriers étaient présents pour les travaux d'installation

Le Conseil d’Etat a donc jugé illégal le dernier permis de construire des éoliennes plouviennoises. Il a renvoyé l’affaire devant la Cour Administrative de Nantes pour une nouvelle lecture du droit. D’ici là, les aérogénérateurs continueront de tourner.

Un commerçant de lâcher mi-rieur, mi-sérieux mais assurément pragmatique : “s’ils les démontent, ça nous fera du travail. Je n’ai jamais autant travaillé que lorsque les ouvriers étaient présents pour l’installation des éoliennes.”

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