Doux : l'offre d'un consortium, comprenant le volailler LDC, préserverait 920 emplois

Deux repreneurs ont présenté une offre de reprise du groupe volailler breton Doux en difficulté financière : l'agro-industriel ukrainien MHP et le français LDC (poulets de Loué). Cette dernière, incluse dans un consortium, promet la reprise de 920 salariés sur les 1 187 que compte l'entreprise.

Les deux offres de reprises sont présentées ce jeudi 29 mars aux représentants des salariés au cours d'un comité d'entreprise du groupe Doux qui se tient sur le site de Châteaulin. Le tribunal de commerce de Rennes va maintenant étudier les deux offres courant avril.

Le groupe sarthois LDC, qui a fait savoir mercredi qu'il s'alignait sur les rangs pour une offre de reprise, a dévoilé son offre dans son ensemble ce jeudi matin par communiqué de presse.


Une offre LDC détaillée

Les poulets de Loué prévoient "la reprise de 298 salariés et 203 reclassements de proximité au sein du Groupe LDC" alors que le groupe Doux compte 1 187 salariés. "60 M€ seront investis dans le cadre de ce plan" ajoute le géant de la volaille français.

L'offre détaillée, précise qu'à Châteaulin le groupe prévoit "la construction d’un nouveau site industriel d’abattage et de découpe de volailles dédié aux marchés industriels (PAI Produits Alimentaires Industriels) et de la restauration" avec "un investissement industriel programmé de 55 M€."  Le volailler envisage d'employer 250 collaborateurs (dont 111 du site actuel de Châteaulin) à l'horizon 2020 pour une capacité d'élevage de 400 000 poulets par semaine.

Le plan de reprise prévoit aussi que "l’ancien site soit loué au principal client du Groupe Doux, Almunajem, pour la gestion des activités « surgelé » dédiées au grand export, métier historique du site." 111 salariés de ce site serait employé sur le nouveau site d'abattage (voir plus haut) et LDC s’engage par ailleurs à proposer 118 postes sur ses sites proches de Châteaulin aux salariés non repris dans le cadre du projet.

Le site de produits élaborés de Quimper serait lui repris avec l’intégralité de ses 168 salariés. "5 M€ est programmé afin de renforcer la compétitivité du site sur les marchés internationaux."

Pour répondre à l'inquiétude des éleveurs fournisseurs des volailles, le plan de LDC prévoit le maintien des activités et des éleveurs en Bretagne comme en Vendée. En Vendée, "Terrena et LDC ont conclu un accord portant sur la reprise de la totalité des activités aliment et de ses salariés" permettant ainsi à tous les éleveurs "d'être accueillis dans les organisations d’élevage des deux Groupes."

Enfin, LDC n'entend pas reprendre le site de Chantonnay, mais "s’est engagé à offrir à l’ensemble des salariés du site un poste sur des unités de la société Arrivé Maître Coq (filiale du Groupe LDC) implantées dans un rayon de moins de 25 kilomètres."

Le groupe entend par cette offre "proposer une nouvelle ambition à la filière avicole française combinant reconquête des importations, exigences de compétitivité et défense de l’emploi et des produits français."

Offre combinée de LDC et de groupes avicoles

Terrena, deuxième groupe coopératif agricole français, qui a repris en mars 2016 le groupe Doux et qui a annoncé perdre plus de 35 millions d'euros par an, a communiqué ce jeudi matin son soutien à l'offre du groupe sarthois LDC.

Selon le groupe, cette offre combinée avec des propositions du Groupe Saoudien Al Munajem, la société Les Volailles de Plouray et Terrena permettrait "la reprise directe de 920 emplois et l’identification de 418 offres de reclassements pour les 1187 salariés de Doux." 

Le communiqué de Terrena précise que "l’usine de Plouray, spécialisée dans l’abattage de la poule et de la dinde, ainsi que 68 de ses salariés seront repris par la société Les Volailles de Plouray". En complément, des solutions de reclassements sont proposées par LDC sur ses sites proches.

Le groupe Al Munajem, principal client de Doux, se propose de reprendre différentes activités de Doux : l'abattoir de Châteaulin redimensionné avec 37 salariés et 20 salariés du siège de Châteaulin.

Il est également envisagé que "l’amont Bretagne" puisse être repris conjointement par LDC, Terrena, Triskalia et Al Munajem, avec l’appui de la région Bretagne, cette dernière s'étant dite prête lundi à mettre jusqu'à 15 millions d'euros sur la table. La reprise de "l’amont Bretagne" comporte l’usine d’aliment de Bannalec (16 salariés) et le couvoir de La Harmoye ainsi que les fermes de reproducteurs (71 salariés) liées et certains salariés du siège de Châteaulin (18 salariés).

Terrena précise enfin que ces 920 emplois repris sur les 1187 salariés de Doux et les 418 propositions de reclassement pour ceux qui ne seraient pas repris, sont le fruit de la mobilisation de l’Etat via le Comité Interministériel de Restructuration Industrielle (CIRI), de la région Bretagne, de la région Pays de la Loire, des collectivités locales et des principaux acteurs de la filière française.

L'offre Ukrainienne

De son coté, l'ukrainien MHP a communiqué son offre, dévoilant sa volonté de développer un "projet stratégique industriel de long terme à Chateaulin, Quimper et Plouray". Cette offre de reprise partielle envisage un investissement de "76 millions d'euros" destiné à "construire une nouvelle usine" à Châteaulin dans le Finistère "d'ici deux ans" et "à remettre à niveau" d'autres installations.

La stratégie du groupe ukrainien "permettrait la sauvegarde immédiate d'environ 285 postes auxquels s'ajouteraient environ 430 postes au démarrage de la nouvelle unité de production à Châteaulin" indique le communiqué.

Les employés de l'usine de Châteaulin qui ne seront pas repris dans l'immédiat, bénéficieraient alors "d'une priorité à l'embauche". "Il s'agit d'un changement complet de stratégie", en "abandonnant la production de certains produits congelés destinés à l'export, remplacés par des produits frais pour le marché français" a-t-elle ajouté.

Depuis l'arrivée de MHP dans le dossier, piloté par Bercy, la grande crainte de certains élus est que MHP "rachète la marque pour faire du poulet low cost en Ukraine", tout en bénéficiant de l'aura de la marque Doux au Moyen-Orient, a confié à l'AFP une source parlementaire.

Récit : Anthony Masteau

Une compétitivité à l'international à revoir

Le problème de fonds pour Doux est le manque de compétitivité internationale. Terrena a estimé à 100 millions d'euros les besoins de Doux pour changer de modèle économique via des investissements industriels, en marketing, communication, et recherche.

La filière volaille n'a pas su s'adapter aux demandes du marché international qui souhaite de plus en plus de découpes, alors que la France est l'un des rares pays où le consommateur achète encore beaucoup de poulets entiers.

Liquidation judiciaire la semaine prochaine?

Dans tous les cas, le volailler breton compte être placé en liquidation judiciaire le 3 avril, afin d'échapper au remboursement de dizaines de millions d'aides européennes, touchées malgré des teneurs en eau dans les poulets supérieures aux normes.

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