Le jardin botanique de Brest s'attelle à sauver l'Hyophorbe amaricaulis, un arbre de l'île Maurice en danger critique d'extinction. Les scientifiques bretons tentent de faire se reproduire le palmier en manipulant ses cellules en milieu stérile.
Il ne reste plus qu'un "hyphorbe amaricaulis" à l'île Maurice. Ce palmier mauricien, surnommé le "lonely palm" tellement sa situation est préoccupante, est en danger critique d'extinction.
Pour éviter sa disparition, des scientifiques du conservatoire botanique de Brest spécialisées dans le sauvetage des plantes menacées cherchent à faire se reproduire le végétal. Une mission compliquée, du fait des caractéristiques du palmier.
L'arbre ne peut pas se polliniser lui-même
"Il a des fleurs mâles et des fleurs femelles qui s'ouvrent, mais en décalé. Donc il ne peut pas se polliniser par lui-même" détaille Catherine Gautier, responsable conservation ex situ au jardin botanique de Brest.
Pour réussir à faire se rencontrer les graines mâles et les organes reproducteurs femelles, les scientifiques bretons tentent de récupérer eux-mêmes le pollen libéré par les fleurs. Pour ensuite l'apporter aux fleurs femelles quand celles-ci s'ouvrent. Cette technique "marche" sur le papier selon Catherine Gautier. "Mais la difficulté, c'est d'avoir des graines qui tiennent jusqu'à deux ans de maturité".
Car les graines sont souvent mangées par les singes ou arrachées par les cyclones avant d'arriver à l'âge adulte.
Face à cette contrainte, les scientifiques ont déployé une nouvelle stratégie, en travaillant en milieu stérile à partir d'une inflorescence juvénile, c'est-à-dire une grappe de fleurs encore immatures.
" En fait, à partir d'un morceau de matériel végétal, on arrive à régénérer des plantes entières. Ça va être du clonage. On va essayer de reproduire à l'identique la plante dont est issue cette inflorescence" indique Cécile Madre, chargée de projet Végénov.
Des plantes mauriciennes déjà ressuscitées à Brest
Si les manipulations fonctionnent, une graine totalement créée en laboratoire pourrait naître et donner ensuite des plants qui seront mis en terre. Pour l'heure, aucune des tentatives réalisées par des botanistes locaux ou internationaux n'a donné de résultat concret.
Mais les scientifiques bretons gardent espoir car d'autres espèces, comme la Cylindrocline lorencei, ont pu être sauvées par le conservatoire botanique national de Brest et renvoyées ensuite à l'île Maurice.
(Avec Sarra Bencherifa)