En Bretagne, au moins 110 000 personnes ont défilé ce jeudi 19 janvier contre la réforme des retraites. Une nouvelle date de mobilisation est annoncée, le mardi 31 janvier, au lendemain du premier jour d'examen du projet de loi à l'Assemblée nationale. Quelle sera la mobilisation ? Jusqu'où les opposants à cette réforme sont-ils prêts à aller ? Témoignages.
Les huit organisations syndicales voulaient frapper fort dès la première manifestation contre la réforme de retraites. C'est chose faite : entre 1,12 million de personnes, selon le ministère de l'Intérieur, et 2 millions selon les syndicats, ont rejoint les cortèges partout en France, ce 19 janvier 2023.
En Bretagne, au moins 110.000 personnes ont défilé ce jeudi : environ 37 000 manifestants dans le Finistère (à Brest, Quimper, Morlaix, Quimperlé et Carhaix), 30 000 en Ille-et-Vilaine (à Rennes, entre 17 0000, selon la préfecture, et 25 000, selon Force ouvrière), plus de 20 000 dans les Côtes-d'Armor (Saint-Brieuc, Lannion, Dinan et Guingamp) et un peu près autant dans le Morbihan (Lorient, Vannes, Pontivy et Belle-Ile-en-Mer).
"À la prochaine manifestation, j'irai !"
Les passants rencontrés à Rennes, au lendemain de la journée de mobilisation, affichent leur soutien à d'autres manifestations à venir.
"Je pense qu'il faut que la mobilisation continue, déclare Françoise, retraitée, mais il n'y a pas que les retraites. On tire dure pour se chauffer, on tire dure pour l'alimentaire, tout va mal !"
Pour Jérôme, salarié contractuel dans le secteur public : "Je trouve qu'on morfle beaucoup en ce moment, avec l'inflation, et la réforme des retraites, ça vient s'ajouter. À la prochaine manifestation, j'irai, mais avec mes enfants.". La veille, il est resté chez lui pour garder ses enfants qui n'avaient pas école.
La grève, avec quelle durée?
Si une deuxième journée de grève figure à l'agenda des huit principaux syndicats, la question d'inscrire le mouvement dans la durée est d'ores et déjà posée. "Dans les centrales syndicales, il y a évidemment la crainte d'outrepasser les possibilités financières à faire grève, pour de nombreux salariés" souligne Pierre Rouxel, maître de conférence en sciences politiques l'Université Rennes 2.
Interrogée dans la rue, Agathe, enseignante dans un collège, ne dit pas autre chose: "la grève, il faut la faire, mais il faut qu'on puisse avoir des relais, il ne faut pas être tout le temps à perdre du salaire" prévient-elle.
Selon le spécialiste des mouvements sociaux Pierre Rouxel, "les syndicats envisagent une journée d'action nationale à échéance régulière. Si on regarde la mobilisation unitaire de 2010, qui ressemble à celle-ci, c'était le cas, avec mobilisation une fois par semaine, par exemple."
Présentation à l'Assemblée nationale en février
D'après le calendrier annoncé par le gouvernement, le texte de la réforme des retraites sera présenté le 23 janvier 2023, en conseil des ministres, le 30 janvier en commission à l'Assemblée nationale, et à partir du 6 février, en séance plénière.
(Avec Maylen Villaverde)