Nicolas Vandenelsken a couru plus de la moitié du parcours de 2.100 km qui doit le mener, en moins de 27 jours, jusqu'à Saint-Nazaire. Avec le dénivelé du sentier littoral breton, le GR34, ce défi de taille est destiné à sensibiliser sur le réchauffement climatique.
"Je me sers de mes jambes pour alerter", lance l'"éco-aventurier". "En fait, je fais subir à mes jambes, ou en tout cas à mon corps, ce qu'on fait subir à la planète", ajoute le marathonien lillois, lancé à un rythme d'enfer sur le célèbre sentier des douaniers, le GR34.
Parti le 31 mai du Mont-Saint-Michel, dans la Manche, le coureur de 31 ans avait parcouru, ce vendredi 16 juin, plus de 1.300 km et près de 20.000 mètres de dénivelé, sur ce chemin connu pour son parcours sinueux et son relief escarpé. Il doit arriver à Saint-Nazaire, en Loire-Atlantique, avant le 26 juin.
Il court toute la journée
À raison d'environ 80 km par jour, l'aventurier, qui avait déjà enchaîné 110 marathons en 110 jours à l'automne dernier, s'élance dès 6h30 le matin, jusqu'à 21h00 ou 22h00 le soir. Une étape s'est même terminée à... une heure du matin.
Muni de quelques fruits secs et de gourdes d'eau sucrée et salée, il ne s'octroie qu'une courte pause d'une demi-heure pour déjeuner, généralement après 42 km de course.
"Intense physiquement"
"Ce sont des longues journées de course à pied mais aussi de contemplation", confiait-il mercredi, lors d'une de ses pauses à Plouhinec, dans le Finistère, quelques heures après avoir franchi la Pointe du Raz. "On ne va pas se mentir, le défi physique est dur. C'est beaucoup de kilomètres tous les jours, c'est intense physiquement", admet-il.
Un randonneur moyen parcourt le GR34 en une centaine de jours, à raison de 20 km par jour. Mais, en juin 2021, Jérémy Desdouets a établi un record de vitesse en avalant les 2.104 km de côte en seulement 27 jours, 11 heures et 35 minutes.
"Aller chercher les gens autrement"
C'est ce record que le Lillois veut battre. Pas uniquement pour le défi sportif. "Le but, c'est d'interpeller, de sensibiliser sur l'érosion des côtes, le dérèglement climatique, dont on est témoin ici", explique-t-il.
Malgré toutes les alertes des scientifiques, "j'ai quand même l'impression qu'il y a pas mal de gens qui se cachent les yeux", poursuit le coureur, parrainé par la star espagnole de l'ultra-trail Kilian Jornet.
A travers l'exploit sportif, le but est donc "d'attirer des gens qui ne seraient pas forcément convaincus à la base. En tout cas, d'aller les chercher autrement", ajoute-t-il.
Le GR34, dévié par endroits, témoin du déplacement du trait de côte
Le chemin de randonnée GR34, avec son parcours changeant et ses tronçons fermés pour cause d'éboulements, est à cet égard particulièrement emblématique. "Par rapport au temps qu'avait établi Jérémy Desdouets en 2021 (...), il y a déjà des endroits ou le GR a complètement dévié, où on ne peut plus passer", explique Jérôme Habasque, l'"ange gardien" qui suit Nicolas Vandenelsken en van électrique.
"Le GR, c'est le premier témoin de ça: de l'impact du réchauffement climatique via la hausse du niveau des océans. Le GR, c'est l'alerte en fait", souligne le vidéaste de 42 ans, qui s'est lancé dans l'aventure après une crise d'éco-anxiété.
À ses côtés, l'équipe est complétée par Charly et Dimitri, militants de l'association Uni-Vert Sport, qui font de la sensibilisation à l'environnement dans les écoles bretonnes le long du parcours.
(Antoine AGASSE, AFP )