En 2024, l'école de gendarmerie de Châteaulin fête son 25ème anniversaire. Depuis 1999, 20.000 sous-officiers y ont été formés. Le Général Christian Devy, Commandant de l'école finistérienne, a exceptionnellement ouvert les portes de son établissement aux équipes du magazine "Enquêtes de Région".
Il existe en France six écoles de gendarmerie. L'une d'elles se situe à Dinéault, une petite commune à côté de Châteaulin dans le Finistère. 1.000 sous-officiers y ont été formés en 2023, autant en 2024. Les 25 et 26 mai 2024, l'école ouvrira ses portes pour la deuxième fois en 25 ans d'existence. Objectif : attirer de nouvelles recrues. Le Général Christian Devy, Commandant de l'école de gendarmerie de Châteaulin, répond aux questions du magazine "Enquêtes de région" consacré à la gendarmerie, diffusé ce 1er mai 2024 à 23h sur France 3 Bretagne ou dès maintenant sur francetv.fr.
Voir cette publication sur Instagram
Rencontre avec le Général Devy
- France 3 Bretagne : Faut-il des dispositions particulières pour entrer à l'école de Châteaulin. Il faut être un bon athlète ?
Général Christian Devy : Il faut être un peu sportif car le métier est assez dense, parfois difficile, avec de longues journées. La formation à l’école est dense aussi, la journée commence tôt le matin et se termine tard le soir. Avec 9 mois de formation seulement, cela fait beaucoup de travail, beaucoup d’engagement et beaucoup de sport.
- Est-ce qu’il existe un profil type de l’élève ? Y a-t-il des critères particuliers à remplir ?
Pour faire l’école de gendarmerie, il n’y a pas de critères particuliers à remplir, hormis avoir la nationalité française, avoir entre 18 et 36 ans et être titulaire du baccalauréat pour pouvoir ensuite passer un concours de catégorie B et si on est sélectionné, pouvoir entamer la formation.
- La journée commence à 5h30 avec le lever du drapeau. Extinction des feux à 22h30. Quand on est jeune, c’est une sacrée discipline ?
Les élèves ne sont pas surpris car ils ont voulu venir. Donc, ils sont prêts moralement et physiquement, ils sont dans une dynamique de vouloir s’engager. On sait quand on vient à la gendarmerie qu’il y a beaucoup d’engagement qui est demandé.
- Respect de l’autorité, discipline, très grande disponibilité... Est-ce que les jeunes qui viennent ont conscience des sacrifices que demande la vie de gendarme ?
Ils en ont une petite idée au départ et puis on leur fait comprendre que la disponibilité, ce n’est pas qu’un mot. Quand un citoyen est en difficulté et qu’il appelle, il faut y aller !
- On apprend à devenir un militaire, à se servir d’une arme. C’est une formation complète, presque expresse en 9 mois !
La gendarmerie est une force armée avec des missions de police et donc elle se doit de proposer une formation militaire. Ensuite, cette militarité se traduit au quotidien dans le sens de l’engagement, du culte de la mission, le sens du service publique, et après on apprend son métier technique d’agent de police judiciaire.
À lire aussi : "Des couteaux et des barres à mine qui se transforment en armes", immersion dans une gendarmerie en milieu rural
- La gendarmerie est confrontée à de nouvelles formes de délinquance, à de la cybercriminalité. Est-ce que cela vous oblige à adapter votre formation ?
La gendarmerie s’adapte bien sûr aux nouvelles formes de criminalité. Les élèves sont sensibilisés en début de formation. On leur donne des outils pour pouvoir mener des enquêtes, notamment en matière d’escroquerie sur internet.
- Il y a un objectif d’augmenter les effectifs dans la gendarmerie. Vous démultipliez les campagnes de recrutement ?
Le Président de la République a annoncé la création de 200 brigades et de 7 escadrons de gendarmerie mobile. On a aussi de grands enjeux de sécurité avec les Jeux Olympiques. Alors évidemment, il faut aller chercher du monde, notamment des jeunes. C'est pour cela que l'on mène pas mal de campagnes auprès des lycées. Et cette année, pour les 25 ans de l’école de gendarmerie de Châteaulin, on va organiser des journées portes ouvertes. Ce sera l’occasion pour les jeunes de découvrir le métier de gendarme et peut-être de nous rejoindre dans les années qui viennent.
À lire aussi : CARTE. Dans quelles communes seront créées les 12 nouvelles brigades de gendarmerie en Bretagne
- Il y a un slogan qui accompagne cette campagne de recrutement : la flamme qui nous unit. Comment la définir cette flamme ?
C’est une flamme intérieure, l’envie de servir le public. On n'est pas là pour soi-même, on est là pour servir les autres.
- Cette flamme, elle dure ? Vous rencontrez des problèmes de fidélisation. C'est difficile aujourd'hui de fidéliser un gendarme ?
C’est un phénomène générationnel, les jeunes s'engagent aujourd'hui pour une durée plus limitée. On est prêt à se donner à fond mais moins longtemps. On n'est pas comme les générations antérieures qui faisaient carrière jusqu’à la retraite. Les gens ont besoin après un temps dans une activité de faire autre chose. Nous-mêmes, nous recevons des élèves qui sont en reconversion, qui ont une trentaine d’années, qui ont eu une vie avant et qui veulent entrer dans la gendarmerie de manière tardive.
Le magazine Enquêtes de région " Gendarmes : les soldats du territoire" est à découvrir ce mercredi 1er mai sur France 3 Bretagne à 23h ou dès maintenant sur francetv.fr
(Avec Robin Durand)