Finistère. Cette agricultrice se bat pour sauver sa ferme menacée de démantèlement. "Il ne me restera rien"

A Tréméoc, dans le Finistère, Yveline Hélias vit et travaille sur son exploitation. Sur six des douze hectares en indivision, elle pratique la polyculture-élevage. La justice vient d'ordonner le démantèlement et la vente aux enchères de cette ferme familiale à taille humaine.

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C'est une ferme paysanne, comme on en voit peu. A Tréméoc, dans le Pays Bigouden, Yveline Hélias exploite six des douze hectares en polyculture-élevage : des brebis, quelques vaches, des poules, un potager où elle fait pousser ses légumes et des plantes fourragères pour nourrir ses bêtes.

Les terres entourent l'habitation et les bâtiments agricoles. Un modèle à l'ancienne aujourd'hui menacé de démantèlement par une décision de la Cour d'appel de Rennes.

A taille humaine

C'est à la bougie que la ferme de Coat Keroec serait vendue. Les terres d'un côté, le bâti de l'autre. "Si cette vente a lieu, il ne me restera rien" dit cette agricultrice de 71 ans. Le dossier est celui d'une indivision qui déchire la fratrie. Pudique, Yveline ne souhaite pas s'étendre sur ce conflit familial, "j'ai déjà assez souffert comme ça" lâche-t-elle. 

Si le combat judiciaire, qui dure depuis une dizaine d'années, l'a parfois éreintée, l'agricultrice ne veut pas contingenter l'affaire à un différend entre frères et sœurs. Elle, ce qu'elle défend avant tout, c'est un modèle agricole à taille humaine. Et elle veut le transmettre. Des candidats se sont positionnés pour reprendre la ferme dans sa forme actuelle. "Pour les jeunes paysans qui veulent s'installer, habiter là où on travaille, c'est un confort, observe Yveline Hélias. Il y en a qui galèrent suffisamment à devoir vivre loin de leur activité".

Séparer la terre du logement, c'est être dans une logique spéculative et d'agrandissement

Emmanuel Antoine, membre du comité de soutien

Autour d'Yveline, un comité de soutien s'est créé. Emmanuel Antoine en fait partie. L'homme est le co-fondateur du Réseau de l'économie alternative et solidaire (REAS) et de Minga, une association qui milite pour une économie de proximité et de qualité. "Séparer la terre du logement, c'est être dans une logique spéculative et d'agrandissement, indique-t-il. Alors que Coat Keroec est une ferme d'avenir en quelque sorte, qui répond aux enjeux écologiques. Les bâtiments permettent de faire de la polyculture-élevage. Du point de vue du bilan carbone, ce genre de ferme est bien plus performante et mieux armée pour faire face aux défis climatiques".

"Les gros qui mangent les petits"

La question de la transmission se pose clairement dans cette affaire. Yveline Hélias y est d'autant plus sensible qu'elle ouvre sa ferme aux jeunes qui souhaitent apprendre le métier d'agriculteur. Ils y découvrent une autre manière de travailler avec le vivant et les végétaux. "Il y a un sens et une valeur à continuer sur ce chemin, souligne l'agricultrice. Avec peu de mécanisation, de la vente de produits en direct. Je le vois avec les jeunes qui viennent ici : ce type de ferme répond à leurs attentes".

Yveline, qui fut autrefois bergère d'alpage dans les Hautes-Alpes, est revenue sur ses terres en 1996. "Mes parents vieillissaient, relate-t-elle. Ma place était auprès d'eux".

Cette femme, discrète, dit également qu'elle a dû batailler pour obtenir son statut d'agricultrice. Face aux obstacles, elle n'a jamais plié. "Chez Yveline, il n'y pas de nostalgie de la ferme des années 50, observe Emmanuel Antoine. Le projet de démantèlement de Coat Keroec concourt à la concentration agricole, avec des grosses exploitations qui mangent les plus petites. C'est contre cela qu'elle se bat. Une ferme, c'est aussi un lieu de vie, pas juste une surface".

Le comité de soutien à la ferme de Coat Keroec a prévu, le 22 mai, une grande fête de la transmission et de la solidarité sur l'exploitation d'Yveline. L'une des dernières  du genre dans ce coin du Pays Bigouden.

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