Grippe aviaire. "C'est une hécatombe". La plus grande colonie de sternes bretonnes décimée sur l'archipel des Glénan

Jusque-là épargnées, les sternes de l'Île-aux-Moutons, sur l'archipel des Glénan, sont aujourd'hui décimées par la grippe aviaire. C'est la plus grande colonie de Bretagne qui est en train de disparaître. "Le bilan de l'année 2023 s'annonce catastrophique pour les populations de sternes" alerte Bretagne Vivante qui tente de limiter la propagation de l'épizootie.

Après avoir décimé les fous de Bassan de la réserve des Sept-Îles, au large de Perros-Guirec dans les Côtes-d'Armor, l'épidémie de grippe aviaire menace, cette fois, les sternes bretonnes de l'Île-aux-Moutons sur l'archipel des Glénan, dans le Finistère, laquelle abrite la plus grande colonie de Bretagne.

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C'est le constat de Bretagne Vivante qui relève "une très forte mortalité chez les poussins de tous âges ainsi que chez certains adultes. Le bilan 2023 s'annonce déjà mauvais voire catastrophique pour les populations de sternes" alerte l'association de protection de la nature.

1.900 poussins et 60 adultes retrouvés morts

Déjà fragilisées par le manque de ressources alimentaires ou la prédation des goélands, comme ce fut le cas en 2022, les sternes étaient pourtant revenues massivement sur cette île finistérienne au printemps dernier.

"Environ 2.500 couples de sternes caugek, 140 couples de sternes pierregarin et 30 couples de sternes de Dougall ont été dénombrés à la fin du mois de mai, indique Bretagne Vivante. Mais 6 cadavres de poussins sont alors repérés, pointant la présence d'un foyer d'influenza aviaire. "On avait du monde sur place pour suivre la saison de reproduction, explique Bernard Cadiou, ornithologue spécialiste des oiseaux marins à Bretagne Vivante. C'est comme cela que l'on a trouvé ces poussins morts. 6 d'un coup, c'est inhabituel".

Les équipes de l'association, en lien avec l'office français de la biodiversité (OFB), sont vite confrontées à une mortalité qui augmente, jour après jour. Selon un premier bilan, ce sont 1.900 poussins et 60 adultes qui n'ont pas survécu à l'épizootie. Une hécatombe "car le virus circule et c'est loin d'être fini, analyse l'ornithologue. C'est une année noire pour l'Île aux Moutons et une deuxième année noire pour tous les oiseaux marins à l'échelle européenne et mondiale. Le nombre de colonies touchées est en hausse"

Du côté des fous de Bassan des Sept-Îles, aucun nouveau cas d'influenza aviaire n'a été, pour l'instant, signalé.

"C'est rageant"

Bernard Cadiou rappelle que cette grippe aviaire, apparue dans un élevage de volaille en Chine en 1996 "avant de se répandre progressivement dans l'avifaune sauvage à travers le monde", est "un nouvel effet négatif de l'activité humaine face auquel nous sommes impuissants. A l'échelle de Bretagne Vivante, qui mène des actions de conservation depuis des décennies, c'est rageant " ajoute le spécialistes des oiseaux marins. L'association parle "d'années d'efforts de conservation anéantis"

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Quelle sera la résistance des sternes, goélands, labbes et autres fous de Bassan à ce virus ? "On ne sait pas. Voilà pourquoi nous capturons des oiseaux et effectuons des prises de sang pour voir s'ils ont des anticorps et pour mieux comprendre s'ils résistent ou pas".

Les gardiens saisonniers de l'Île-aux-Moutons ont été rapatriés depuis la multiplication des cas de mortalité. Une "mesure de précaution sanitaire" qui s'ajoute à l'arrêté de la préfecture du Finistère interdisant tout accès à l'île. "Seul un débarquement hebdomadaire, en combinaison sanitaire, permet de suivre l’évolution de l’épizootie et de ramasser les cadavres pour tenter de limiter sa propagation" précise encore Bretagne Vivante.

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