Octobre, recoloré en rose, c'est le mois des courses et des actions pour la lutte contre le cancer du sein. Le cancer colorectal, c'est au mois de mars, le cancer pédiatrique, en septembre, avec à chaque fois des manifestations pour recueillir des dons. Comment sont utilisés ces fonds ? C'est ce que nous avons cherché à comprendre.
8 000 coureurs pour la KempeR'ose, 9 000 participantes à La Lorientaise, ce dimanche 6 octobre, plus de 4 000 inscrits à la Gourinoise, le dimanche 13, plus de 10 000 pour la Vannetaise, le même week-end, ces manifestations sportives mobilisent des milliers de personnes en faveur de la lutte contre le cancer du sein. Des actions du même genre se déroulent partout en Bretagne et sur l'ensemble du territoire, tout le mois d'octobre et permettent de récolter des fonds.
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"Améliorer au maximum la qualité de vie des patients"
À l'hôpital de Quimper, dans le service d'oncologie et d'hématologie, Marie-Michèle, soignée par chimiothérapie depuis le mois de juin, est horripilée de se voir dans le miroir, sans cheveux. Alors à chaque injection, elle apprécie de pouvoir bénéficier d'un casque refroidissant pour limiter leur chute.
Ces casques, au nombre de quatre au sein du service, coûtent plus de 20 000 euros chacun. Trois ont pu être achetés grâce aux dons de la KempeR'ose. "Pour nos patients, c'est vraiment l'objectif d'améliorer au maximum leur qualité de vie, avec notre travail ici au quotidien, précise le docteur Léa Muzellec, oncologue du Centre Hospitalier de Cornouaille. Et avec toutes les associations qui permettent de financer ces petits et ces gros plus pour les patientes, poursuit le médecin, des casques, des fauteuils, tout ce qui entoure la prise en charge des patientes et qui est vraiment primordial !"
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De la décoration de la salle d'attente, aux fauteuils pour faciliter les mammographies et les biopsies, en passant par les fameux casques, en cinq ans, la KempeR'ose a permis de reverser 213 000 euros à l'hôpital et à la clinique de la ville.
"Douce Parenthèse" pour soulager les malades à Gourin
À Gourin, dans le Morbihan, ils ont troqué le rose pour du bleu, et ils étaient 5 300 à courir en 2023 contre le cancer du sein, c'est plus que la population de la commune. Avec un don minimum de 6 euros par participants, plus quelques autres aides et grâce encore aux 160 partenaires et sponsors, l'association a reçu plus de 470 000 euros en 10 ans. En 2023, elle a ainsi pu redistribuer près de 106 000 euros aux malades.
Ces fonds ont notamment permis à l'association de financer l'ouverture dans la commune de "Douce Parenthèse", une structure qui offre des cours de dessin, des massages ou de la réflexologie plantaire. Chaque jeudi, les malades du cancer peuvent ainsi venir profiter gratuitement d'un peu de bien-être et trouver une oreille bienveillante. "C'est un accompagnement aux traitements que l'on reçoit et qui soulage aussi, après certains traitements médicamenteux ou chirurgicaux, comme dans mon cas, décrit Jean-Luc Philippe, un patient, j'étais un peu en dépression, et ici, c'est un bienfait et un confort, conclut-il.
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Cette année, Douce Parenthèse a accueilli une soixantaine de personnes. "Et parfois, après le soin, il y a des personnes qui restent encore une heure, à boire du café, à échanger, qui n'ont plus envie de partir... Je trouve que c'est bien aussi, confie Marie-Pierre Coadic, ancienne infirmière en oncologie et responsable de la structure, c'est là qu'on se sent utile !"
Quatre millions de dons à La Ligue contre le cancer
L'an passé, l'association La Gourinoise a également pu reverser plus de 55 000 euros à quatre hôpitaux du secteur et à l'association Rêve de Clowns. À l'hôpital de Carhaix par exemple, elle a financé du matériel, mais aussi l'intervention hebdomadaire d'une musicothérapeute, qui vient apporter du réconfort aux malades.
Enfin, l'association donne tous les ans un chèque de 39 000 euros à la Ligue contre le cancer. En 2023, les comités bretons de la Ligue ont ainsi reçu plus de quatre millions d'euros de dons, et en particulier grâce aux associations. "Notre association ne vit que de dons. Nous n'avons que très peu d'aides de l'État, indique Mathieu Guri, directeur de la Ligue contre le cancer du Finistère, donc c'est important effectivement que des associations comme la Gourinoise se mobilise, mais également pour faire de la prévention dans le cadre des dépistages organisés."
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Octobre Rose, c'est aussi pour développer la prévention
Octobre rose met en effet l'accent sur la prévention et sur les dépistages. À l'hôpital de Cornouaille à Quimper par exemple, pour pallier des délais très longs, un service a pu être ouvert pour prendre en charge rapidement les patients. C'est ce qu'explique le docteur Matthieu Jacquot, gynécologue, "Nous avons mis en place un centre de diagnostic rapide avec un numéro dédié, où on peut avoir un rendez-vous dans les 48 heures pour être vu par un gynécologue, qui va plus rapidement obtenir un rendez-vous pour une mammographie ou une échographie, si c'est justifié."
Le mois d'octobre est celui de la lutte contre le cancer du sein, mais toute l'année, des associations œuvrent pour aider la recherche et les malades atteints de tumeurs. Pour le cancer colorectal, par exemple, c'est au mois de mars, pour les cancers pédiatriques, en septembre. Et à chaque fois, les associations, leurs membres et tous les donateurs permettent de soulager un peu le quotidien des patients et améliorer la prévention de ces maladies.
(Avec Isabelle Rettig et Claire Louet)