VIDÉO. L'algue est-elle le légume de demain ?

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L'algue possède de nombreuses propriétés intéressantes pour le secteur de l'agro-alimentaire. ©Claire Louet, Stéphane Soviller et Richard Gurgand.

La France est le septième producteur mondial d'algues de consommation, et en Bretagne, 1 500 tonnes d'algues alimentaires sont ramassées chaque année. Le secteur est en plein développement et mise sur la culture pour mettre l'algue au coeur de l'assiette.

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L'algue peut-elle être un légume, au même titre que la carotte ou le haricot ? Pour l'agroalimentaire breton, la réponse est un grand oui. Depuis plusieurs années, le secteur de l'algue alimentaire est en plein essor, porté par une croissance à deux chiffres depuis plusieurs années. Mais si les perspectives sont prometteuses, il faudra s'adapter à la hausse prévue de la demande ainsi qu'aux conséquences du changement climatique.

Mettre de l'algue dans les assiettes

En Bretagne, 1 500 tonnes d'algues alimentaires sont récoltées chaque année. Dans le Finistère, la mer d'Iroise cache plusieurs centaines d'espèces d'algues. Une ressource inestimable et de plus en plus recherchée par les industriels. À Rosporden dans le Finistère, l'entreprise GlobeXplore distribue et transforme plusieurs espèces d’algues pour la restauration et la grande distribution. Leader sur le marché, la société cuisine 80 tonnes d’algues fraîches par an et commercialise 400 tonnes d’algues de décoration. Elle réalise 6 millions de chiffre d’affaires par an .

Pour le directeur de l'entreprise Antoine Ravenel, les combinaisons possibles sont multiples. Dans ces turbines, il se prépare un tartinable à base de laitue de mer, de yuzu et de gingembre. "L'enjeu est de démocratiser l'usage de l'algue", estime-t-il. "Beaucoup de personnes viennent vers les algues pour leur apport nutritionnel, en protéines, en vitamines B12 ou en fer, mais il y a avant tout le goût."

La palette est en effet très variée, du goût d’oseille de la laitue de mer, aux saveurs plus boisées du haricot de mer, en passant par la cinquième saveur, dite "umami", du kombu, proche du goût du soja et des produits fermentés.

Nous sommes portés par le manger-mieux, le manger-local et le manger-végétal.

Antoine Ravenel

Directeur de l'entreprise GlobeXplore

Face à de telles perspectives, la question de la pérennité de la filière se pose déjà pour les prochaines années. Car, explique Antoine Ravenel, "la culture d’algues est l’avenir de la filière. Aujourd’hui, en France, l’algue est un produit sauvage qu’on récolte à la main. En Asie, on est sur 90 % de culture."

Développer la culture d'algues

Des algoculteurs préparent déjà l'avenir. À Plouguerneau, en Nord-Finistère, France Haliotis cultive de la laitue de mer, 50 tonnes au total. Sylvain Huchet, le directeur, en prélève trois fois plus en mer pour nourrir son élevage d’ormeaux et fournir quelques industriels. Cette algue possède en effet de nombreux atouts : elle est facilement accessible, propre et de bonne qualité. Cette protéine végétale pourrait à terme remplacer, en partie, les protéines animales.

Si c’est bon pour les ormeaux, c’est bon pour les hommes.

Sylvain Huchet

Directeur de France Haliotis

"On n’utilise pas d’eau douce ou de terres arables. C’est aussi un aliment à croissance ultrarapide avec des qualités nutritionnelles", détaille Sylvain Huchet, directeur de France Haliotis. "L'algue utilise les fertilisants, qu’on déverse en trop grande quantité sur nos champs, et les transformer en protéines."

Mais la culture des algues n'en est encore qu'à ses débuts et doit prendre en compte les effets du changement climatique. "Dans certaines zones, notamment au sud du Finistère, certaines espèces disparaissent complètement en cas d’année un peu chaude", déplore Sylvain Huchet. "Si aucune adaptation ne se met en place, nous allons perdre de la biodiversité."

Anticiper le changement climatique et ses conséquences

Pour se préparer au mieux, les chercheurs sont donc des alliés. Au CNRS de Roscoff, en Nord-Finistère, Philippe Potin a dirigé plusieurs programmes européens à la demande des algoculteurs. Ici, les chercheurs du CNRS ont été les premiers à isoler le génome des algues et à étudier les cycles de reproduction.

Le premier enjeu est celui de la reproduction des algues, afin d'assurer leur capacité de production sur le long terme. Celle-ci est compromise aujourd'hui par le réchauffement des océans. Les chercheurs ont réuni une collection de 6000 souches microscopiques venues de toute l’Europe. Ces individus mâles et femelles pourront être réactivés à la demande.

L’algue est un aliment d’avenir si on est capable d’assurer son approvisionnement de manière constante, et c’est par la culture.

Philippe Potin

Directeur de recherche au CNRS

Dans ce bassin, la dulse est cultivée afin d'étudier ses propriétés. Il s'agit d'aider les algoculteurs à trouver le meilleur rapport économique. "Il leur faut des algues qui poussent relativement vite", confirme Philippe Potin. "Le but est d'accumuler assez d’algues à commercialiser et avoir des teneurs, en vitamines et en minéraux, comparables à celles récoltées autrefois en milieu naturel."

La culture des algues alimentaires reste encore balbutiante.

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