Pendant les dix années qui ont précédé le Pacte électrique Breton de 2011, l'augmentation de la consommation d'énergie électrique en Bretagne était deux fois plus importante que la moyenne nationale. Fallait-il miser sur une centrale à gaz pour faire face ou sur les énergies renouvelables ?
Avec son dynamisme économique et démographique la Bretagne voyait chaque année sa consommation électrique augmenter, au risque de craindre chaque hiver un peu plus, un "black-out" général. En 2009, le projet de centrale de production d'électricité au gaz à Ploufragan avait été rejeté par les Costarmoricains. Ils se lancèrent alors à la fois dans un ambitieux plan d'économie d'énergie et dans un programme pour produire des énergies renouvelables. On était à la veille de la COP 15 (celle de Copenhague).
Un projet de Pacte énergétique adopté à la majorité des élus bretons
En 2010, la Bretagne produisait 8% de ses dépenses d'énergie électrique, un projet de centrale au gaz était relancé, dans le Finistère cette fois. Cette centrale c'est le "volet de sécurisation" du Pacte électrique breton signé entre l'État, la Région, RTE (Réseau de transport d'électricité) et l'Ademe (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie). Le Pacte électrique comprend aussi un volet économie d'énergie et un troisième volet dédié aux énergies renouvelables.Adopté par une majorité d'élus de la Région (PS, PC, Bretagne écologie, BDZ - Breizh da Zont) il a toujours été contesté par les autres (Europe Ecologie Bretagne et UDB - autonomie et écologie).
La centrale à gaz de Landivisiau maintenue contre vents et marées
Malgré une enquête publique très controversée, le projet de Direct Energie à Landivisiau a été acté au printemps dernier, à la satisfaction des chefs d'entreprise locaux auxquels il assure des perspectives stables de fourniture énergétique qui les mettent à l'abris des coupures électriques.1 million 500 000 tonnes de CO2 dans l'atmosphère chaque année
Les objectifs de la COP21 sont de baisser les gaz à effets de serre donc les émissions de CO2. Avec la centrale de Landivisiau les rejets de CO2 dans l'atmosphère sont évalués à 1 million 500 000 tonnes par an et pour être rentabilisée, elle devra tourner régulièrement et non pas juste en période de pointe comme les turbines de secours existantes de Brennilis et de Dirinon.40 millions d'euros par an de subventions publiques
Autre dénonciation des détracteurs de cette centrale de 450 Mégawatts : le gaspillage financier. Elle devra être subventionnée à hauteur de 40 millions d'euros par an à charge du contribuable pendant 20 ans. Une aubaine pour l'opérateur privé mais pour les écologistes cet argent public devrait être versé dans des projets d'énergie renouvelables. C'est ce qui explique la mobilisation des associations finistériennes de défense de l'environnement. En pleine Cop21, ce dossier est doublement d'actualité.La commission européenne vient de conforter les opposants à la centrale à gaz de Landivisiau en demandant une enquête sur les conditions de l'appel d'offre et sur les alternatives possibles. Car le volet énergie renouvelable du Pacte électrique breton est à la traîne selon l'ADEME. La solution serait peut-être l'installation pour une dizaine d'années de parcs éoliens terrestres (entièrement recyclables) en attendant l'avènement de l'éolien en mer et des hydroliennes.
Reportage de Muriel Le Morvan, Philippe Pasco et Benoît Thibaut / intervenants Michel Cadot : Préfet de Région Bretagne en 2010 (archives 2010 / Ploufragan (22)), Jean Le Vourc'h de "Investir en Finistère", Christine Reich du collectif Gaspare, Roger Beaufort du bureau d'étude "Horizons" et Gilles Petitjean directeur de l'Ademe Bretagne