Depuis quatre mois, les habitants de Berrien, dans le Finistère, sont privés d'eau potable. Entre le système D pour s'approvisionner et le lancement d'un plan d'actions pour sécuriser l'alimentation en eau potable sur le long terme, chacun cherche des solutions. La municipalité annonce "un retour à la normale" d'ici deux semaines.
Depuis quatre mois, Berrien fait face à une pénurie d'eau potable au robinet. Le captage de cette commune de 900 habitants, nichée dans les Monts-d'Arrée, s'est retrouvé quasiment à sec, suite à la sécheresse et aux incendies qui ont ravagé cette partie du Finistère, l'été dernier.
Pour pallier l'urgence, le réseau est raccordé à une ancienne carrière inexpoitée depuis 2017. Or, des analyses révèlent une forte concentration d'arsenic dans l'eau. La consommation au robinet reste prohibée.
Pour s'approvisionner, la population doit utiliser de l'eau en bouteille. Ou le système D. Comme le fait Alexandre avec ses deux jerrycans de 10 litres chacun qu'il va remplir chez son voisin. "C'est une eau qui provient d'une source gérée de manière associative, explique le jeune-homme. Avec ça, on tient deux semaines. On sait que cette eau est bonne et qu'on ne prend aucun risque".
"Réfléchir à des solutions"
D'autres, comme Jean-Baptiste, filtrent l'arsenic au moyen de cartouches de charbon actif. "Il faut s'adapter par la force des choses, mais ce n'est pas tenable, dit-il. Voilà pourquoi on a créé le collectif Eau Berrien pour réfléchir à des solutions et anticiper ce genre d'événements car on a conscience que les sécheresses vont augmenter dans les années à venir avec le réchauffement climatique".
Le collectif a organisé une table ronde avec les habitants pour sensibiliser, notamment, à la consommation d'eau en hausse. "Ici, elle est en partie liée au tourisme l'été et en partie aux pratiques agricoles, avec les élevages, la terre à nue, les arasements de talus, etc, souligne-t-il. En Bretagne, on a très peu de nappes phréatiques. C'est donc important de préserver la capacité de rétention de l'eau des sols qui arrive des rivières mais aussi de diminuer notre consommation".
Alexandre rappelle que Berrien ainsi que les communes de Saint-Rivoal ou Botmeur "sont en tête du bassin versant et subissent en premier les pénuries d'eau potable. Il va falloir régler le problème pour le futur".
Sécuriser l'alimentation en eau potable
De son côté, le maire de Berrien, Hubert Le Lann, annonce "un retour à la normale d'ici deux semaines, c'est-à-dire que l'eau du robinet sera de nouveau potable, précise-t-il. Des analyses seront évidemment nécessaires. Mais on voit le bout du tunnel".
L'élu sort plutôt confiant d'une réunion ce 28 novembre à la sous-préfecture de Châteaulin, qui a rassemblé les services de la préfecture, l'Agence régionale de santé Bretagne (ARS) et la DREAL (direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement). "La pluviométrie de ces dernières semaines a permis de remplir les réserves d’eau de la commune, indique un communiqué de la préfecture. Par conséquent, l’approvisionnement depuis le réservoir de l’ancienne carrière n’est plus nécessaire et sera donc arrêté".
Un plan d'action a même été lancé. Il vise à réutiliser un ancien forage datant des années 80 et aujourd'hui abandonné, à créer une interconnexion avec le village de Scrignac et à installer une micro-station de traitement des eaux de l'ancienne carrière. Autant de pistes mises sur la table pour sécuriser l'alimentation en eau potable dans cette région finistérienne sur le long terme.