Colère des agriculteurs. "Ils ne veulent pas discuter de nos conditions". Pourquoi cette manifestation devant la laiterie Savencia

Près d'une centaine de producteurs de lait, qui fournissent l'industriel Savencia en lait, manifestent devant le site de l'industriel à Saint-Brice-en-Coglès en Ille-et-Vilaine. Ils font pression pour obtenir près de 10% d'augmentation sur leur prix de vente. Des producteurs de lait qui avaient déjà engagé des procédures judiciaires contre le groupe Savencia pour non-respect de la loi Egalim.

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405, 420, 447 ou 490 euros les 1000 litres de lait. Le prix d'achat aux éleveurs laitiers est loin d'être le même en fonction des industriels qui achètent pour le début de cette année Des prix qui sont parfois sous le seuil de coût de revient.

Lire : Crise agricole. Deux groupes bretons pourraient être sanctionnés pour non-respect de la loi Egalim

C'est la raison pour laquelle plus d'une centaine d'éleveurs laitiers d'Ille-et-Vilaine, tous en contrat avec le groupe Savencia, a décidé de manifester aujourd’hui devant le site "Armor Protéines" filiale de l'industriel Savencia à Saint-Brice-en Coglès. 

"Nous voulons savoir comment le groupe Savencia a bâti ce qu'on appelle les CGV, les conditions Générales de Vente qui fixent le prix d'achat aux éleveurs, car leur prix ne respecte pas la loi Egalim." s'insurge Frédéric David, de la FDSEA d'Ille-et-Vilaine. Et il ajoute "Les producteurs veulent de la transparence de la part de cet industriel et un retour autour de la table pour revoir les prix".

Pour l'instant, il n'est pas prévu de bloquer le site, mais plutôt d'afficher une détermination des agriculteurs qui veulent recalculer le prix pour 2024.

Nous voulons de la transparence de la part de Savencia et qu'ils reviennent autour de la table

Frédéric David

Représntant Section "Lait" FDSEA 35

"J'ai trois marques de la grande distribution qui jouent le jeu. Ils ont accepté d'augmenter les prix de 43 centimes pour les 1000 litres. C’est-à-dire passer de 447 euros à 490. On espère que Savencia va accepter ce prix pour le marché intérieur." prévient Frédéric David de la FDSEA 35 avant de partir en délégation avec quatre autres producteurs des environs de Fougères pour échanger avec la direction locale. Une réunion, qui d'après les premiers échos, ne semble pas aboutir à une bonne nouvelle pour les éleveurs.

Alors que l'entrevue est toujours en cours, Denis Béranger, Président départemental de Sunlait, l'organisation de producteurs laitiers, a dû quitter la réunion pour, dit-il, s'occuper de son exploitation. Mais devant les agriculteurs toujours présents devant le siège de Sarencia, il livre les premiers éléments. "Ils ne veulent pas discuter aujourd'hui de nos conditions. On leur a dit que leurs conditions à eux n'étaient pas respectueuses des agriculteurs. C'est une entreprise qui impose sa vision, ses méthodes qui sont contraires aux intérêts des agriculteurs."

Des producteurs qui veulent un prix décent

Parmi les éleveurs qui ont fait le déplacement devant l'entreprise "Armor protéines", Lionel Oger, 51 ans et installé depuis 33 ans comme éleveur laitier à Saint-Brice-en Coglès. "Il y a 15 ans, nous nous sommes regroupés en organisation professionnelle justement pour obtenir un bon prix négocié. Et là, maintenant, Savencia, ne respecte pas la loi Egalim en nous payant 40 centimes du litre alors que cela est dessous de mes coûts de production. J'espère que Savencia va nous écouter, car on ne peut plus lâcher de toute façon."

Même sentiment, mais cette fois, chez un jeune agriculteur. Mickaël Guénée s'est installé en 2015 à Saint-Germain-en-Coglès. Une exploitation avec une centaine de vaches et un quota d'1 million de litres de lait annuels. Pour lui, le prix payé aux éleveurs est devenu une obsession et une raison de se battre. Il avait répondu présent sur le point de blocage de l'A84 la semaine dernière à Romagné. Lui a dû réaliser beaucoup d'investissements. "J'ai fait des emprunts pour la stabulation et pour acheter du terrain. Plus de 800 000 euros en tout que je dois rembourser sur 25 ans. Alors, il faut qu'on ait un prix décent."

Il faut qu'ils sentent cette peur qu'il y a dans les campagnes.

Denis Béranger

représentant organisation professionnelle "Sunlait"

Des agriculteurs qui vont continuer à faire pression sur l'industriel. "Nous sommes encore 500 producteurs dans cette organisation professionnelle. Il faut qu'on reste ensemble mobilisés. Il faut que cette entreprise sente cette peur qu'il y a dans les campagnes", conclut Denis Bérenger représentant professionnel de Sunlait avant de rejoindre son exploitation où il attend le vétérinaire pour une de ses bêtes.

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