Déserts médicaux. Ce médecin breton est parti prêter main-forte dans la Creuse

Ce n'est sans doute pas la solution au problème des déserts médicaux. Mais l'expérience vaut le détour. Depuis 6 mois, l'association "Médecins Solidaires" a ouvert un premier cabinet dans la Creuse. Des praticiens venus de toute la France s'y succèdent pendant une semaine. Un médecin breton a franchi le pas.

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Etienne Maes a 50 ans. En mars, le médecin breton de Saint-Jacques de la Lande a quitté une semaine son cabinet de la métropole rennaise pour aller donner un coup de main loin de chez lui, dans la Creuse, dans un village où le seul praticien était parti à la retraite il y a 2 ans.

Là-bas, pour faire face au désert médical, l'association Médecins Solidaires a ouvert en octobre un cabinet d'un nouveau genre. Une idée de Martial Jardel, un jeune médecin généraliste de 32 ans, qui en 2021 en camping-car, avait fait son propre "Tour de France des remplacements".

Le projet s'est concrétisé grâce au soutien de l’association Bouge ton Coq, qui cherche de nouvelles réponses aux besoins essentiels des habitants des territoires ruraux. .Depuis 6 mois, des médecins venus de toute la France se relaient donc dans la commune d'Ajain pour assurer l'accès aux soins.

 

Un médecin breton a donc aussi franchi le pas. "Je me suis dit que j'allais sortir de ma zone de confort", explique le Dr Etienne Maes, "pour le bien des autres, mais aussi pour le mien. J'ai demandé l'autorisation au Conseil départemental de l'ordre des médecins de partir une semaine. J'ai eu le feu vert parce que c'est un projet innovant, et que je dois leur faire un retour d'expérience".

L'idée est simple. Plutôt que d'essayer de trouver un médecin à qui on va demander de passer sa vie dans un secteur où il n'y a plus de médecins, pourquoi ne pas proposer à plein de médecins de donner une semaine de leur temps, et de se succéder dans un cabinet médical. 

Dr Etienne Maes

Déserts médicaux : des chiffres alarmants

 En France, souligne l'association Médecins solidaires, les chiffres sont alarmants.

"Sept millions de Français vivent aujourd’hui dans des zones dites de déserts médicaux, soit 12% de la population. Deux ans, c'est la perte d’espérance de vie en zone rurale estimée par rapport aux métropoles. Et 45% des médecins généralistes sont en situation de burn-out, selon un rapport sénatorial du 19 mars 2022". 

"Sans suivi médical, les gens sont en profonde détresse" raconte Etienne Maes, qui a vu des patients faire des dizaines de kilomètres pour venir au cabinet solidaire. "Des patients dont beaucoup sont atteints de maladies chroniques, qui s'arrangeaient jusque là pour récupérer des ordonnances de renouvellement à droite à gauche, mais sans réel suivi".

C'est une population rurale, très courageuse. Mais psychologiquement, ça devient compliqué. Alors, ils sont reconnaissants de nous voir là. Qu'un médecin puisse venir de Bretagne pour les soigner, ça les a touché. Pour eux, je viens du bout du monde.

Pour le médecin breton, un tel projet ne permet pas seulement aux habitants du village de la Creuse de sortir gagnants.  "Partir travailler une semaine ailleurs permet de s'oxygéner, d'oxygéner son exercice" témoigne Etienne Maes. "Et on revient plus riche de ces expériences. C'est stimulant. Et c'est donc un bien aussi pour mes propres patients".  

Encore faut-il trouver un remplaçant

Les médecins solidaires ne se déplacent en revanche pas vraiment pour l'argent. Comptez 800 euros net par semaine. "En fait, on part une semaine en CDD. C'est l'association qui fait office de médecin traitant, pas nous. J'ai touché moins que ce que j'aurais gagné en restant à mon cabinet", souligne le Dr Maes.

Pour rejoindre le cabinet solidaire, le médecin breton a évidemment dû trouver un remplaçant à Saint-Jacques-de-la-Lande. A priori pas simple, mais "comme je forme des internes, j'ai gardé un réseau, et ça m'a été plus facile de trouver du monde. Pour un jeune médecin, même sur une semaine, c'est peut-être moins facile de rejoindre un désert médical. Question de rémunération. En début de carrière, c'est plus compliqué."

L'ambition, 200 cabinets solidaires sur le territoire

Pour l'association Médecins solidaires, le cabinet de la Creuse n'est qu'une première étape.

"Si 10% des médecins généralistes donnent une semaine par an, on peut ouvrir 200 cabinets solidaires sur le territoire, deux par département, assure Martial Jandel, le co-fondateur de Médecins solidaires. Ce ne sera la solution de l'accès aux soins, mais ce sera une contribution majeure." 

 De son côté, le Dr Maes, invite ses collègues généralistes à rejoindre l'association. Lui se voit bien retourner en Creuse. "Pourquoi pas une semaine de vacances avec ma femme et mes enfants. Histoire de découvrir le pays, tout en travaillant au cabinet."

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