Nathalie Appéré, la maire de Rennes, a réagi aux événements de violence de ce samedi 26 octobre, qui ont blessé par balles un enfant de 5 ans à la tête, à Pacé, une commune de la métropole rennaise. "Sidérée" par les faits, elle a évoqué également le besoin de "mener un combat collectif contre le narcotrafic".
"Depuis quelques mois, on voit apparaître une violence décomplexée liée au narcotrafic sur nos territoires." Ce sont les mots de Nathalie Appéré, maire (PS) de Rennes, deux jours après le drame qui a failli coûter la vie à un enfant de 5 ans.
Dans la soirée de ce samedi 26 octobre, un garçon de 5 ans a été gravement blessé par balles à la tête, à Pacé. Les faits se sont déroulés dans le cadre d’une course-poursuite, quelques heures après une fusillade entre deux bandes rivales, dans le quartier de Maurepas à Rennes. L'enfant se trouvait à l’arrière du véhicule de son père, pris pour cible par des armes à feu d’individus, à bord d’une autre voiture.
Ce dimanche 27 octobre, de nouveaux tirs d’armes à feu ont eu lieu. Ces événements violents font écho à ceux nombreux des semaines précédentes.
Face à cette violence qu'elle définit "décomplexée", Nathalie Appéré a réagi dans notre édition ICI 12/13 Bretagne ce lundi 28 octobre midi. "On savait que le narcobanditisme pouvait être violent. Il est à Rennes comme sur tout le territoire national aujourd’hui. Que les faits de ce weekend aient pu toucher un enfant, bien évidemment que chacun est sidéré et horrifié. Ça montre vraiment à nouveau la nécessité d’un combat résolu contre le narcotrafic dont on a vu l’explosion en réalité depuis le Covid." Elle évoque "des consommations qui ont augmenté" et "des mafias internationales qui ont des méthodes de plus en plus organisées, de plus en plus de puissance, de plus en plus d’argent". En conséquence, elle constate : "un certain nombre de nos quartiers sont le théâtre régulier de ces règlements de compte absolument insupportable."
Il faut des moyens de justice, de renseignement, de la présence humaine évidemement sur le terrain.
Nathalie AppéréMaire (PS) de Rennes
L'élue rappelle que ce constat était le même il y a un an, dans le cadre d'une tribune transpartisane des maires de grandes villes. À ce dernier, elle exprime : "Le pays doit se réveiller. Je crois que nous pouvons gagner ce combat-là. Mais il faut le regarder avec lucidité, avec la bonne distance et trouver les réponses au bon niveau."
Si l'arrivée de la CRS 82 "est une excellente chose", Nathalie Appéré souhaite "plus de moyens policiers sur la durée parce que le deal, en réalité, c’est 365 jours sur 365." Mais l'édile avertit que la réponse policière "ne suffira pas non plus".
"Il faut l’accompagner de moyens de renseignements, de justice, de l’ensemble des leviers qu’on peut activer pour lutter contre ce phénomène." Pour illustrer ses propos, elle prend l’analogie de la lutte contre le terrorisme. "Il y a une dizaine d’années, malheureusement, la France était frappée de manière forte et aveugle par des attaques terroristes. Aujourd’hui, ce phénomène n’est pas éradiqué. Et pour autant, on a su, collectivement, se doter d’un certain nombre de moyens qui nous permettent d’être mieux outiller, de mieux combattre, de mieux répondre à la menace terroriste. Je crois qu’en matière de stupéfiants, on peut aussi mener ce combat. Il faut un parquet national dédié aux stupéfiants comme c’est le cas en matière de terrorisme. Il faut des peines qui puissent être adaptées, il faut des moyens de justice, de renseignement, de la présence humaine évidemment sur le terrain. Mais aussi la déclinaison de politiques, de médiations, d’éducations, de préventions, de santé publique. Aujourd’hui, on est face à des substances extrêmement dangereuses pour le consommateur."
Des effectifs de policiers "doublés" et un développement de la vidéosurveillance
Cependant, Nathalie Appéré ne pense pas que l'armement des policiers municipaux soit un sujet dans ce type de combat à des échelles internationales. "J’ai une réponse qui est constante à ce sujet : qu’il y ait des moyens de protection et d'interventions qui soient adaptés aux missions."
Elle prend pour exemple le fait que la police municipale soit dotée de pistolets à impulsion électrique (Taser) depuis qu'elle lui a demandé d'intervenir le soir. "Ils n’ont pas d’armes létales, car leur mission n’est pas d’être des officiers de police judiciaire, pas d’être une police d’intervention, mais une police du quotidien", précise-t-elle.
En développant "le combat collectif" qu'impose la lutte contre ces violences, elle expose "avoir doublé" les effectifs de la police municipale et une présence de "plus de 4500 caméras de vidéosurveillance sur le territoire rennais". Un nombre qui devrait croître, "parce que c’est une aide à l’élucidation et à l’intervention pour nos polices municipales et nationales", justifie-t-elle.
Un combat sur plusieurs plans : la médiation, la prévention et l'urbanisme
Concernant les actions de médiation et de prévention, elle met en avant l'appel à projet "d’une mission de lutte contre les toxicomanies et pratiques addictives", remporté. C'est en tout 150 000 euros qui doivent enclencher ses actions.
Enfin, sur le plan de l'urbanisme, Nathalie Appéré relate "700 millions d'euros investis ces dernières années sur la rénovation urbaines au Blosne et à Maurepas". Dans ce dernier quartier, elle prend pour exemple la transformation du secteur des Gayeulles, qui est "aujourd’hui un quartier comme un autre. Sur le Gros Chêne, la rénovation urbaine démarre. Ce sont des logements rénovés. Nous le devons aussi aux habitants. Il faut qu’on accélère. S’agissant du quartier du Gros Chêne, l’un des éléments sur lequel il faut avancer très rapidement, c’est la destruction de la dalle" avec la mise en place d'une zone commerciale.
Elle conclut : "ce n’est pas uniquement comme ça qu’on supprime le trafic, mais ça contribue d’abord à la qualité de vie des habitants, mais aussi à une lutte qui doit être menée à 360 degrés."
Avec Eric Pinault / FTV