ENQUÊTE. "Modes d'emplois". Les intérimaires "tout puissants", un mirage qui cache la précarité

Particulièrement ciblé par les réformes gouvernementales les plus récentes, censées limiter ses "privilèges" supposés, l'intérim concerne avant tout une majorité de travailleurs non qualifiés et précaires. Pour bientôt trois millions d'intérimaires en France, comme ceux que nous avons rencontrés dans l'industrie, la logistique ou la santé, le système est plus souvent subi que choisi. C'est 3ème volet de "Modes d'emplois", une enquête qui déboulonne les idées reçues sur le monde du travail.

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“L’intérim, c’est une pieuvre qui a de l’appétit et des tentacules qui vont très loin.” C’est ainsi que Laëtitia Gomez, secrétaire générale de la CGT Intérim, décrit le système de travail temporaire, en France, en 2023. “Les intérimaires n’ont pas de vie épanouie car leur seule obsession, c’est d’avoir un travail. C’est plus anxiogène qu’instable parce qu’on ne sait pas quand on pourra payer les factures, le loyer, etc. Aujourd’hui, contrairement à ce qu’on entend, l’intérim est subi."

Pourtant, quand on tend l’oreille du côté des directions des ressources humaines, on entend de plus en plus que les intérimaires ont “tous les droits”. Face à la pénurie de main d'œuvre, certains en profiteraient pour négocier des salaires exorbitants, tout en choisissant leurs horaires de travail. En somme, un système “à la carte”

Cette illusion d’un monde idéal de l’intérim, Laëtitia Gomez n’est pas la seule à la dénoncer. Accoudé sur la table d’un café parisien, les lunettes embuées par son café, Dominique Glaymann, sociologue du travail, professeur de sociologie à l’université d’Évry (Essonne) et auteur de La Vie en intérim, est un expert de cette forme de travail temporaire.

À l’évocation d’un intérim en faveur des travailleurs, le flegme du professeur laisse place à de l’exaspération. "C’est un mensonge ! En discutant avec des intérimaires et en regardant leurs agendas, on se rend compte qu’ils ne prennent quasi pas de vacances et bossent tout le temps. Et même quand ils en prennent, ils doivent les payer avec leur épargne, contrairement aux congés payés normaux."

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Seulement 9 % des intérimaires ont fait le choix de ce système pour être plus libres dans leur temps de travail, pointe l’Observatoire de l’intérim et du recrutement (OIR), organisme composé de syndicats patronaux et salariaux, dans une étude publiée en 2022. 

Malgré ce constat peu engageant, le nombre de travailleurs en activité discontinue ne cesse d’augmenter. Particulièrement depuis la crise du Covid. "Ah bah la situation, elle est florissante. On est passé de deux millions d’intérimaires avant Covid à 2,8 millions fin 2022. Bon nombre de travailleurs ont dû innover car ils n’avaient plus de boulot ni d’horizon, et ils avaient des compétences recherchées. Ces gens-là se sont alors retrouvés absorbés par l’intérim", détaille la syndicaliste Laëtitia Gomez.

Lucas Tranchant, maître de conférences en sociologie du travail à l’université Paris 8, estime que, parmi ces près de trois millions d’intérimaires, environ 80 % sont des salariés non-qualifiés des secteurs ouvriers de l'industrie, de la logistique et du bâtiment. “D’autres profils plus qualifiés existent, mais ils sont minoritaires”, note-t-il.

"Modes d'emplois"
Le Français n’est plus bosseur ; tout le monde peut s’épanouir en télétravail ; l’intérimaire profite trop du système ; on peut se reconvertir comme on respire ; les femmes accèdent désormais à tous les métiers… Petit florilège d’idées reçues sur le marché du travail, que les étudiant·e·s du master “Journalisme, reportage et enquête” de Sciences Po Rennes interrogent en cinq volets. “Modes d’emplois” tente de démêler le vrai du faux, et prend le contrepied des préjugés.
- Le télétravail, les salariés le réclament, les entreprises en profitent (1/5)
- La face cachée du quiet quitting (2/5)
- Les intérimaires "tout puissants", un mirage qui cache la précarité (3/5).
- Pour faire face à la pénurie de main-d’œuvre, le mirage de la parité (4/5).06/05/2023
- Changer de métier, le grand bal des inégalités (5/5).07/05/2023

Pousser vers le CDI

Cette réforme vise à réaffirmer la primauté du CDI, inscrite dans le Code du travail, depuis la loi du 12 juillet 1990 : "Le contrat à durée indéterminée est la forme normale du contrat de travail."

Le texte du 17 novembre 2022 permet de moduler la durée des allocations chômage en fonction du marché du travail. Mais l’une des mesures phares concerne avant tout les travailleurs en contrat court. Depuis l’entrée en vigueur du texte de loi, le 1er février 2023, tout salarié en CDD ou en intérim qui refuse deux propositions de CDI en douze mois est censé perdre son filet de sécurité financière. 

Près d’un salarié sur deux sera affecté par cette loi, selon une étude publiée en février 2023 par l’Union nationale interprofessionnelle pour l'emploi dans l’Industrie et le commerce (Unedic), l’organisme chargé de la gestion de l’assurance chômage. À titre de comparaison, durant ce même mois de février 2023, plus de 800 000 personnes travaillaient en intérim en France. 

Ces statistiques sont confirmées par le sociologue Lucas Tranchant qui assure que cette réforme va davantage précariser les intérimaires. “L’idée est de les pousser vers une activité continue, mais beaucoup d’entre eux bossent déjà beaucoup. L’un des risques de cette loi est de forcer les intérimaires à prendre des boulots difficiles qu’ils n’auraient pas faits sinon.”

Pour Alice Hélias, secrétaire générale de l’Observatoire de l’intérim et du recrutement (OIR), on va tout droit à l’échec : “On fait des politiques publiques sur la face émergée de l’iceberg, alors que la réforme va toucher l’ensemble des intérimaires de manière différente. Toutes les situations sont uniques.”

"Supprimer la seconde jambe de l’intérim"

Dans la pratique, le chercheur Lucas Tranchant émet de gros doutes quant à l’efficacité d’une telle loi. “Si un intérimaire refuse un CDI, personne ne sera au courant puisque le texte concerne uniquement les offres qui sont postées sur Pôle emploi. Et l’entreprise cliente n’a aucune obligation de dire à l’agence qu’elle a proposé un CDI à un intérimaire.” Alors, pourquoi autant de bruit pour pas grand-chose ? "Ce n’est que de la communication", affirme l’expert.

Ce qui est déjà suffisant pour faire peur aux travailleurs les plus précaires. À Caen (Calvados), Jérôme*, la quarantaine, est intérimaire depuis 2004. Dans son cas, cela s’est un peu imposé à lui. Après un échec au baccalauréat, il est admis dans une Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes (Afpa) pour apprendre la mécanique automobile. Et un jour, les agences d’intérim “se sont pointées” à l’école.

Aujourd’hui, il intervient sur le site automobile caennais de Stellantis en tant qu’opérateur sur une chaîne de montage. L’un des postes les plus difficiles. Si Jérôme arrive aujourd’hui à percevoir entre 1 300 et 1 800 euros nets mensuellement, ses revenus sont tout de même instables. Alors, certains mois, les allocations “dépannent”. Il a entendu parler de la réforme de l’assurance-chômage, et ça l’inquiète. “J’ai l’impression qu’elle nous pénalise, qu’on va perdre de l’argent.”

Les indemnités chômage peuvent aussi devenir indispensables lors des périodes de carence. Les salariés temporaires sont, en effet, légalement tenus d’attendre six mois entre deux contrats de dix-huit mois au sein d’une même entreprise. “Pendant cette période, il faut trouver une autre mission dans une autre boîte, mais parfois, c’est compliqué. Ça peut prendre plus de temps avant de dénicher quelque chose”, indique Jérôme, l'intérimaire Normand.

Pour le spécialiste de l’organisation du travail Lucas Tranchant, le système n’est tout simplement pas viable sans cette allocation. “Réduire l’accès aux indemnités chômage, c’est supprimer la seconde jambe de l’intérim. C’est un statut professionnel très peu protecteur car on peut perdre son emploi du jour au lendemain. Si les personnes acceptent, parfois à contre-cœur, de travailler dans l’intérim, c’est parce qu’elles ont cette sécurité financière.”

L’hôpital public : miroir déformant

Dans le monde des plus qualifiés qui ont choisi de tirer le meilleur du système intérimaire, les priorités sont tout autres, même si, en théorie, ils sont aussi affectés par la réforme de l’assurance-chômage. L’État et la Fédération hospitalière de France (FHF) estiment que les soignants intérimaires coûtent, chaque année, 1,5 milliards d’euros à l’hôpital public. En Bretagne, le coût de l’intérim médical a doublé entre 2017 et 2021, comme l’a annoncé la FHF lors d’une conférence de presse le 17 mars 2023.

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Thibault Philippon, infirmier, est arrivé à Nantes (Loire-Atlantique) en 2021, mais ne trouvait pas de poste en hôpital. Lorsqu’il a vu les salaires proposés en intérim, il n’a pas hésité. “Un infirmier en intérim gagne environ 1 800 euros net par mois (contre 1 300 euros net environ pour un non-intérimaire), sans compter les week-ends travaillés, les gardes, etc. En plus, avec les primes de fin de mois, c’est plutôt 2 000 euros”, affirme le soignant.

Si, pour le jeune homme, l’intérim n’a duré que deux ans, certains professionnels (aides-soignants, infirmiers et médecins) n’hésitent pas à s’y installer. Avec des établissements de santé en pénurie de compétences, le rapport de force est entre les mains des intérimaires. Cela a pris une telle ampleur que le gouvernement s’est senti obligé d’intervenir. 

En 2021, pour alléger les finances publiques, le ministère de la Santé a décidé de mettre en place la loi Rist. L’un des plus gros changements prévus concernait les médecins intérimaires et les gardes de vingt-quatre heures, dont les tarifs s’étaient envolés. La rémunération, jusqu’alors plafonnée à 1 170 euros brut, devait être augmentée de 20 %  pour passer à 1 390 euros brut. En augmentant le plafond tarifaire, le gouvernement entendait ainsi convaincre les soignants de l'accepter et de s’y tenir. Mais crise sanitaire oblige, l’entrée en vigueur du texte a été reportée au 3 avril 2023.

“Lorsque des médecins exigent 1 500, 2 000, 2 500 euros pour 24 heures, cela met en péril la continuité des soins et la sécurité financière de l'établissement”, a fustigé Olivier Véran, porte-parole du gouvernement, à l’Assemblée nationale en mars 2023.

À cela s’ajoute la volonté de François Braun, ministre de la Santé, d’interdire l’intérim aux jeunes diplômés du milieu médical. Cette mesure était déjà souhaitée en 2022 par Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, avant d’être censurée par le Conseil constitutionnel. Pour les principaux concernés, ce n’est pas la bonne solution. Guillaume Bailly, vice-président de l'Intersyndicale nationale des internes, a indiqué à Franceinfo, en septembre 2022, qu’il fallait plutôt “proposer une majoration globale des salaires”.

10 à 15 % de parts de marché en plus

Malgré la volonté du gouvernement de réduire l’intérim médical, les entreprises de travail temporaire (ETT) se frottent déjà les mains. "Dans les années à venir, le secteur va prendre 10 % à 15 % de plus en parts de marché", précise Marc*, cadre au sein de l’une des principales agences d’intérim du domaine. 

Installée sur les bords du canal Saint-Martin à Rennes, l’agence Domino Care a profité du boom de l’intérim médical. “Là, rien qu’à Rennes, il y a plus d’une vingtaine de nouvelles agences depuis le Covid, dont un quart dans le médical, alerte Fabien Gonsard, directeur du site. Et les besoins ont été multipliés par trois ou quatre.”

Pour Dominique Glaymann, sociologue du travail, le recours à autant d’intérim constitue davantage "le symptôme de troubles fonctionnels au sein du marché du travail" qu’une véritable opportunité. Si les agences d’intérim ont pu prendre autant d’importance dans le fonctionnement du travail, c’est qu’il est malade. Les soignants partent dans l’intérim parce que leurs conditions de travail se sont détériorées et que leur salaire n’était pas assez important. Les établissements se sont retrouvés en pénurie de travailleurs et ont dû recourir à l’intérim. Ce qui a poussé le gouvernement à mettre en place la loi Rist. C’est le serpent qui se mord la queue. 

Thibault Philippon, ancien infirmier intérimaire, a pu constater que “les hôpitaux ne proposent que très rarement une conversion en CDI lorsque l’on est intérimaire sur une mission longue”. Anne-Cécile, ex-infirmière en intérim, peut aussi en témoigner : “J’ai postulé en CDD/CDI dans un Ehpad à Bégard (Côtes-d’Armor) et j’ai été refusée. Une semaine plus tard, on m’y a appelée en intérim. Ça n’a pas de sens.”

Aujourd’hui, les deux soignants ont réussi à quitter le temporaire. Anne-Cécile a obtenu un CDD en psychiatrie à Bégard. Thibault, lui, a réussi à trouver un CDI d’infirmier. Il souhaitait s'inscrire durablement dans un hôpital et une équipe, et exerce désormais à Châteaubriant (Loire-Atlantique).

À la frontière de la loi

“On n’est plus dans un emploi ponctuel", dénonce Laëtitia Gomez, secrétaire générale de la CGT Intérim. En avril 2021, dans les annonces publiées par Pôle emploi, il y avait 246 000 offres en intérim sur 2,1 millions. "Quand on regarde en détail, les entreprises cherchent des volumes d’heures pour plusieurs années. Dans le marché du travail, l’intérim est comme une variable permanente. C’est systémique”, assène-t-elle.

Est-il possible de l’éviter ? “La plupart du temps, les travailleurs non-qualifiés n’ont pas le choix. Ils n’ont pas d’autre possibilité car, dans leur secteur d’emploi, il n’y a rien d’autre. C’est le cas chez Amazon et dans la logistique de manière générale. Il n’y a pas d’autres contrats donc on rentre forcément en intérim”, regrette Lucas Tranchant, sociologue du travail. 

Le recours à l’intérim est censé être exceptionnel et justifié, par exemple dans le cas d’une augmentation temporaire de l’activité ou d’un remplacement. En réalité : “C’est un outil de flexibilité pour les entreprises, témoigne Marc, cadre dans une entreprise d'intérim. C’est-à-dire qu’elles se réservent un stock de travailleurs. S’il y en a une qui a besoin de 100 personnes, elle va en recruter 90 en CDI et les 10 autres en intérim. Comme ça, s’il y a une baisse d’activité, elle aura juste à virer les intérimaires.”

Pour Dominique Glaymann, sociologue spécialisé dans le système du travail temporaire, “la stratégie principale de l’intérim, c’est d’opérer constamment à la frontière de la loi, en espérant que, une fois les habitudes prises, elles soient ensuite intégrées dans la législation".

Si le gouvernement vise les intérimaires avec la loi Rist et la réforme de l’assurance-chômage, les abus des entreprises sont-ils contrôlés ? Pour Lucas Tranchant, trop peu de moyens sont mis en place : “Les entreprises sortent du cadre légal et elles peuvent le faire car c’est quasi incontrôlable. L’État et l’inspection du travail ne se donnent pas les moyens de vérifier. Il est très difficile de constater que les sociétés mentent. Et, de toute façon, l’inspection n’enverra personne pour vérifier car elle est en pénurie d’inspecteurs. Tout ça entretient le système abusif de l’intérim. Mais bon, c’est bien pour le patronat”, ironise le sociologue.

Dans les secteurs concernés, comme celui de l’automobile, les entreprises ont bien compris leur intérêt. Selon la syndicaliste Laëtitia Gomez, chez Renault, “environ 30 % des lignes de production seraient occupées par des intérimaires de façon pérenne”. Jérôme, qui a déjà travaillé dans une filiale du constructeur français, assure qu’il a déjà été appelé pour “remplacer quelqu’un qui était là mais qui avait été mis sur un autre poste”. Or, ce type de motif de recrutement n’est pas mentionné dans le code du Travail. Contacté, le groupe Renault n’a pas souhaité apporter de précision à ce sujet.

L’usine de Stellantis (Citroën, Peugeot) brasse énormément d’intérimaires également. Au sud de Rennes, dans un grand complexe à l’écart de l’entrée principale, le local du Conseil social et économique (CSE) semble bien vide. On pourrait croire que les lieux sont abandonnés s’ils n’étaient pas aussi modernes et entretenus. Un cliquetis de clavier se fait entendre dans la seule pièce éclairée. C’est le bureau de Laurent Valy, secrétaire du CSE du site rennais et délégué syndical de la CFDT. "Normalement, on est toute une équipe mais plusieurs sont en déplacement ou en congés."

Des intérimaires, Laurent Valy en a vu passer depuis qu’il travaille ici. "Ils sont là pendant environ deux mois et si ça se passe bien, ils sont renouvelés. Aujourd’hui, on a 2 462 employés, dont 240 intérimaires. On est montés jusqu’à mille travailleurs intérimaires, au moment du démarrage de la nouvelle 407, en 2016. Au 30 novembre 2019, on en avait 1 138 mais là, ça faisait vraiment beaucoup. En fait, à chaque lancement d’un nouveau véhicule, il y a un pic dans le recrutement des travailleurs en intérim."

“Aucun intérimaire ne sera titularisé”

L’entreprise de construction automobile a tellement systématisé l’emploi des intérimaires qu’elle a mis en place un parcours de recrutement rien que pour eux. "Ils doivent d’abord s’inscrire dans les boîtes d’intérim avec lesquelles on travaille, postuler et passer des tests d’aptitude avec les agences. Ensuite, s’ils sont sélectionnés, ils ont un parcours d’intégration sur le site et passent en école-métier pour apprendre les bases. C’est une courte formation de trois jours mais ça limite le risque d’accident", détaille Laurent Valy.

Malgré les moyens mobilisés pour les former, aucun intérimaire ne sera titularisé. “Même si on a l’argent, le contexte n’est pas stable.” Le délégué syndical pointe un grand tableau blanc accroché à côté de son bureau. “Vous voyez, normalement, dans le planning, l’usine fonctionne quatre samedis par mois. Sauf qu’en réalité, il n’y en a quasi aucun qui est fait puisqu’on ne peut pas produire à cause de la pénurie de composants électroniques. Les pièces arrivent au jour le jour donc on a toujours besoin d’intérimaires mais parfois, on n’a rien à leur donner. C’est sacrément problématique pour eux. Ils ont besoin de travailler mais ils sont en contrat de mission, donc ils ne peuvent pas aller ailleurs.” Tant que leur engagement n’est pas terminé, les intérimaires doivent, en effet, se rendre disponibles à n’importe quel moment. 

D’après Laurent Valy, il n’y a pas assez de travail pour que l’entreprise fonctionne normalement. Pourtant, 240 intérimaires y sont toujours en mission. Contactées, les usines de Stellantis de Caen et de Rennes n’ont pas souhaité répondre à nos questions. 

Cette politique, ils ne sont pas les seuls à l’avoir mise en place. “Chez Amazon aussi, ils utilisent beaucoup d’intérimaires”, glisse Laëtitia Gomez, de la CGT-Intérim. Le géant de la vente en ligne a d’ailleurs ouvert un entrepôt à Briec (Finistère) en octobre 2022. L’entreprise américaine avait assuré que ce projet permettrait, à terme, de créer au moins 80 CDI. En avril, cinq mois après l’ouverture du centre de Briec, seulement 32 CDI ont été embauchés, sur 60 postes. Le reste est couvert par des intérimaires. On peut ajouter à cela les 90 chauffeurs qui s'occupent des tournées, qui travaillent pour plusieurs sous-traitants. “Amazon a toujours flirté avec les limites de l’intérim. Tout ça est largement prévisible”, affirme Lucas Tranchant. Contacté, Amazon a souhaité ajouter que les recrutements étaient toujours en cours.

Les corps cassés par l’effort

Ce recours systémique à l'intérim a des conséquences directes sur les conditions de travail des employés. On ne cherche plus à les fidéliser, les former, les amener jusqu’à la retraite. Ils deviennent remplaçables. Ce tri commence dès la distribution des tâches. C’est ce que confirme Laurent Valy, secrétaire du comité social et économique (CSE) de Stellantis Rennes : “Les intérimaires font les trucs que ne veulent pas faire les salariés. Ici, 187 sont au montage des pièces, la zone la plus difficile. C’est principalement pour ce genre de poste qu’on les recrute.”

Ces travailleurs sont des rouages. Mais difficile de tenir le rythme des machines, comme l’explique le délégué syndical de l’antenne rennaise de Stellantis : “C’est la chaîne de production qui donne la vitesse de travail, elle est réglée. Si tu n’arrives pas à suivre le rythme, tu dois tirer une corde, qui indique aux chefs qu’il y a un problème, que tu es ‘coulé‘. Les intérimaires vont tout faire pour ne pas la tirer car ils ne veulent pas se faire remarquer. Si on la tire, toute la chaîne de production s’arrête.”

À force de travailler sous pression dans des postes difficiles, les intérimaires se blessent, parfois gravement. “Dans l’intérim, le risque d’accident du travail avec arrêt est deux fois plus élevé que la moyenne” révèle un rapport de la Direction de l'animation, de la recherche, des études et des statistiques (Dares) de 2019 sur les accidents du travail.

Au-delà des chiffres, ces accidents handicapent les corps des travailleurs et créent de véritables séquelles. C’est ce que confirme Jérôme, intérimaire à Caen : “Moi j’ai eu de la chance, j’ai juste eu une sciatique dans une autre entreprise mais j’ai réussi à m’en débarrasser. Mais je vois d’autres intérimaires qui sont esquintés par la vie. Aujourd’hui, ils se retrouvent en intérim après avoir travaillé pendant trente ans dans des métiers difficiles, ils se sont cassé le dos, et ils ont été renvoyés.”

Les jeunes, touchés plus fort et plus tôt

Contrairement à leurs aînés qui sont arrivés dans l’intérim plus tardivement, de nombreux jeunes se sont retrouvés dans ce système dès leur entrée dans le monde professionnel. L’étude Regards croisés de l’Observatoire de l’intérim et du recrutement (OIR) indique que l’intérim était la première forme d’emploi de 29 % des interrogés. En ajoutant ceux qui sont d’abord passés par un apprentissage, ce nombre atteint 50 %. Mais pour certains jeunes, cette première expérience dans l’intérim ne s’est pas passée comme prévue.

Gaëtan*, âgé d’une vingtaine d’années, était intérimaire chez Amazon à Brétigny-sur-Orge (Essonne) entre 2022 et 2023. Le jeune homme n’a été prévenu de la fin de sa mission que trois jours avant l’échéance. “Avec d’autres intérimaires, on était formés et appréciés des managers pour notre travail, mais Amazon a recruté en CDI des personnes extérieures plutôt que de nous faire signer. C’est une logique que j’ai du mal à comprendre.” Situation d’autant plus frustrante que le salarié avait parlé à ses supérieurs de son envie d’être titularisé. “Je me suis senti jeté. J’ai eu l’impression que l’entreprise utilisait les intérimaires comme des travailleurs corvéables avant de les mettre dehors.”

Son cas est assez emblématique du traitement des jeunes dans l’intérim. Cassés plus tôt que les plus anciens, ils vont devoir traîner leurs blessures plus longtemps. Pour Laurent Valy, les entreprises le savent mais souhaitent avant tout éviter que leurs salariés permanents ne se blessent : “Ça a toujours été comme ça. Ici, la moyenne d’âge des salariés est de 50 ans et celle des intérimaires est de 25 ans.”

Des contrats à fortes contraintes

Il existe une pression supplémentaire pour les jeunes entrants non stabilisés sur le marché du travail, qui souhaitent avant tout sécuriser leur prochain contrat. C’est ce qu’affirme Lucas Tranchant, sociologue du travail :

“Comme l'ensemble des grands groupes de logistique, Amazon a toujours flirté avec des contrats courts, à fortes contraintes pour les préparateurs de commande. Alors les jeunes se mettent la pression et, au bout d’un an, ils ont des problèmes de dos. Les troubles musculo-squelettiques (TMS) peuvent apparaître rapidement, il y a des conséquences directes sur la santé.”

Lorsqu’on demande aux travailleurs pourquoi ils choisissent l’intérim, la volonté de se former arrive tout juste derrière celle d’accéder à un emploi, selon l’étude de l’OIR. Mais l’intérim n’est pas le système le plus adapté à la formation. Dans les secteurs peu qualifiés, la marge de progression est déjà faible, mais c’est aussi problématique dans des secteurs comme celui de la santé.

Pour Anne-Cécile, ex-infirmière en intérim, l’apprentissage nécessite de la stabilité. "Les jeunes sortent d’Institut de formation en soins infirmiers (Ifsi) et sont directement lancés dans l’intérim. Ce n’est pas possible. Ils doivent se familiariser avec le fonctionnement des services où ils travaillent, la partie informatique, apprendre à connaître les patients… Seul, c’est impossible."

L’enfer administratif de la recherche d’emploi

Les salariés temporaires continuent pourtant à s’accrocher, et veulent à tout prix continuer à travailler. Dominique Glaymann, sociologue du travail, a toujours été étonné du discours qu’il recevait des travailleurs. “Énormément d’entre eux défendent l’intérim. Pour moi, c’est à cause des illusions qu’on leur vend justement, mais aussi parce qu’ils ne trouvent pas ailleurs.” Pour Jérôme, c’est normal : “On n’a pas le choix, il faut rester dans le système, sinon on est mort.”

Quitter pour de bon l’intérim, Jérôme, en contrat de mission à Stellantis Caen, y songe. Mais avec des enfants en bas âge, le risque financier est trop important. Alors il attend. Il pense pouvoir tenir encore deux ou trois ans. Il aimerait suivre une formation dans son domaine, la mécanique automobile, mais il veut être sûr de trouver un travail à la sortie. Même si c’est moins bien payé que l’intérim. 

Inscrit sur des sites de recherche d’emploi, il ne trouve actuellement aucune offre stable. “Honnêtement, quand je regarde les annonces pour être cariste, opérateur, soudeur, tous ces métiers-là, ce ne sont que des missions d’intérim qui sont proposées. Aucun CDI. À la télé, tout le monde dit qu’il y a du boulot, mais quand on regarde, il n’y a que de l’intérim. Si on continue, ce pays va devenir le pays des intérimaires.”

Pour rester dans le système, ces travailleurs à l’emploi du temps haché doivent aussi apprendre à composer avec Pôle emploi. S’ils veulent survivre lors des périodes de carence et d’interruption de missions, ils doivent pouvoir bénéficier de leurs droits au chômage. 

Chaque demandeur d’emploi doit déclarer ses heures, son salaire brut, effectuer des bilans en ligne… Cette surcharge administrative démoralise Jérôme : “À chaque fois, on nous colle de nouveaux trucs à faire pour nous décourager et nous pousser à la radiation. Tous les intérimaires ont du mal. C’est long, complexe, laborieux. Certains finissent par lâcher. J’ai un collègue qui n’a pas fait son bilan, il a été radié.”

L’intérimaire de Stellantis a aussi expérimenté les menaces de radiation de Pôle emploi : “Je devais faire un bilan en ligne mais je ne l’ai pas fait, donc j’ai eu une sanction. J’ai dû bosser avec une agence privée pour apprendre à faire mon CV, des lettres de motivation, m’inscrire sur des sites d’emploi alors qu’ils savent très bien que je travaille. J’ai dû prendre ce temps sur mes vacances d’été et j’ai eu un avertissement.”

Pour et contre le CDI des intérimaires

Face à la pression que subissent les intérimaires, partout en France, associations et collectivités ont saisi la nécessité de réfléchir autrement. L’objectif : ne plus s’attaquer aux intérimaires pour régler le problème, mais plutôt expérimenter de nouvelles formes d’emploi temporaire.

L’une de ces premières tentatives est venue de l'État, à travers la loi Rebsamen, qui met en place le CDI intérimaire. Ce nouveau type de contrat, assure un revenu stable, peu importe le nombre de missions effectuées. L'accord de branche du 10 juillet 2013 relatif à la sécurisation des parcours professionnels des salariés intérimaires crée un contrat entre l’entreprise de travail temporaire (ETT) et le travailleur. En contrepartie, ce dernier s’engage à accepter toutes les missions dans son domaine qui se trouvent dans un rayon de 50 km. 

Selon Marc, cadre au sein de l’une des principales agences d’intérim nationales, cette formule a de quoi séduire. “Pour le salarié en CDII, quoi qu’il arrive, son salaire minimum tombe chaque mois. En plus, s’il veut faire un emprunt, ce sera plus facile car il sera considéré par les banques comme un travailleur en CDI et pas en intérim. En fait, le CDII, c’est une régularité de revenus, ça renforce la sécurité.”

Jérôme, actuellement en contrat à Stellantis Caen, a pourtant fermement refusé d’être en CDII, même s’il travaille en tant qu’intérimaire à temps plein. “À partir du moment où on signe, on doit accepter d’aller bosser à cinquante kilomètres de chez nous et d’être dispo n’importe quand, de 8 h à 18 h. On n’a plus de vie et pas tant d’avantages que ça.” Si le quadragénaire concède que le CDII permet de rester travailler trois ans au lieu de dix-huit mois maximum dans une même entreprise, il n’est pas convaincu par de potentielles facilités d’accord de prêt : “Oui, c’est bien pour obtenir un crédit à la consommation, mais les banques ne vont pas faire confiance aux CDII quand ils demandent un crédit immobilier.”

Marc, le cadre en agence d’intérim, considère que le CDII ne présente pas que des intérêts. “Fatalement, les salariés perdent environ 10 % de leurs revenus puisqu’ils n’ont plus d’indemnités de fin de mission. Ils seront aussi moins libres pour leurs congés puisqu’ils devront les prendre lorsque l’entreprise sera fermée.” En revanche, pour les entreprises de travail temporaire, le CDII est tout bénef’ car, une fois le contrat signé, les intérimaires deviennent salariés permanents de l’agence. “Ça évite qu’ils se barrent chez les concurrents et il y a un petit avantage financier pour nous. Comme il n’y a plus d’indemnités de fin de mission, on déclare des salaires moindres, donc on allège nos cotisations”, assure Marc.

Malgré les défauts de la formule, 77 % des travailleurs en CDII se sont déclarés satisfaits de leur expérience, selon une enquête de l’Observatoire de l’intérim et du recrutement, CDII : premier bilan sur sa mise en œuvre et ses effets, publiée en février 2018. Ce rapport dévoile aussi que les agences d’intérim ont surtout proposé un CDII à des profils “au niveau de qualification un peu plus élevé que l’ensemble”, “connus de longue date” et qui travaillent dans des secteurs “qui connaissent déjà une forte intensité d’emploi”. En d’autres termes, le CDI intérimaire n’est pas accessible à tout le monde, ni à tous les secteurs.

Du côté de Stellantis Rennes, Laurent Valy pointe d’autres raisons qui freinent la mise en place du CDI intérimaire. “On a seulement quinze CDII. Ceux qui le refusent le font parce que ça ne les intéresse pas, ils préfèrent avoir des primes de fin de mission. C’est une autre approche de l’entreprise. Ici, il y a beaucoup de jeunes très engagés qui ne veulent pas se fixer. Ils préfèrent vivre dans la crainte que leur mission ne soit pas renouvelée, c’est un choix de vie.”

C’est d’ailleurs ce qu’affirme Alice Hélias, secrétaire générale de l’Observatoire de l'intérim et du recrutement (OIR) : “Le taux de CDII reste faible parce que c’est un choix personnel de l’individu, qui met en balance perte de liberté et avantages du CDI. Ce n’est qu’à certains moments de la vie qu’il est une solution.” Mais l’étude de l’OIR précise aussi que 67 % des ruptures de CDII sont suivies d’une embauche en CDI, majoritairement dans l’entreprise où les intérimaires travaillaient. Comme si le CDII servait de période d’essai à rallonge.

Dans le public, la clé de la réactivité

Dans les établissements publics et les collectivités territoriales, la question de l’emploi temporaire se pose aussi. Afin d’y répondre, le centre de gestion de la fonction publique territoriale a mis en place, depuis les années 1980, un service de missions temporaires. À la manière d’une agence d’intérim, ce service fonctionne comme un intermédiaire entre des collectivités en recherche de personnel et des demandeurs d’emploi qui acceptent des contrats courts.

Pour Chantal Pétard-Voisin, présidente du centre de gestion d’Ille-et-Vilaine, ce service est pertinent : “Chaque année dans notre département, plus de quatre-cents agents trouvent un contrat. C’est aussi un tremplin vers la stabilité, puisque plus de la moitié des contrats se transforment en CDI.”

Elle n’ignore pas la montée de l’intérim lucratif, qui petit à petit, s’occupe de missions et d’établissements dans lesquels le centre de gestion devrait être présent. “Sur la santé, par exemple, les agences d’intérim sont plus rapides que nous. Les hôpitaux ont besoin de réponses dans la journée, et pour nous ce n’est pas possible. Alors ils ont pris l'habitude de se tourner vers eux.” Afin d’attirer de nouveau les travailleurs, le centre de gestion a lancé den.bzh, une plateforme visant à ramener les demandeurs d’emploi vers les métiers de la fonction publique. 

La plateforme n’a pas pour objectif de résoudre le problème de recrutement dans la santé : “On ne s’est pas posé la question des soignants en créant la nouvelle plateforme, on s’est concentré sur les emplois administratifs. On ne fait pas le même métier que les agences, on ne veut pas être dans l’urgence”, reconnaît Chantal Pétard-Voisin. Mais en laissant aux entreprises de travail temporaire la gestion des soignants en contrat court, même dans la fonction publique, on répercute les coûts supplémentaires sur la collectivité, et sur les conditions de travail des intérimaires. 

Une expérimentation dans la santé

Une autre organisation du travail temporaire est-elle possible ? Pour tenter d’y répondre, certains établissements, dans la santé, expérimentent de nouvelles formes d’intérim. 

Julien Bachy, directeur de l’Ehpad de Saint-Cyr, à Rennes, a lancé Medicoop 35 en 2016. Avec d’autres associations rennaises, ils se sont constitués en coopérative non lucrative, avec pour objectif de gérer seuls leurs besoins en main d'œuvre. Le principe est simple : les associations adhèrent à la coopérative et mettent en commun leur réseau de travailleurs. Lorsqu’un aide-soignant termine un contrat dans l’une des associations, il est réembauché dans une autre association du secteur. Ainsi, les travailleurs ont des revenus plus stables, à un coût juste pour les établissements de santé. 

Pour Julien Bachy, ce roulement constitue un avantage, mais l’indépendance est encore loin : “Medicoop arrive à nous fournir la majorité de nos remplaçants, et c’est très avantageux pour nous. Mais plus nous montons en qualification, notamment sur les postes infirmiers, plus il est difficile de trouver du monde.” De nombreux soignants travaillent pour des agences d’intérim, ce qui handicape le fonctionnement des établissements de santé : “Nous utilisons l’intérim pour des remplacements, et non comme un outil de flexibilisation comme c’est le cas dans les Ehpad lucratifs. Mais on a du mal à trouver du monde.”

Ce constat est partagé par Adeline Lemonnier, secrétaire générale de Medicoop 35. “L’intérim fait énormément de mal à la profession, mais les professionnels ne s’en rendent pas compte.” Selon elle, les établissements de santé commencent à peine à comprendre la nocivité du système intérimaire, et ses conséquences sur les patients. “Ces agences d’intérim voient le business avant tout”, s’offusque-t-elle, tout en gardant le sourire.

Medicoop souhaite étendre son activité en Bretagne, et créer des “constellations” d’associations. “Plus on a d’associations proches, moins les soignants ont besoin d’aller loin pour trouver du travail”, ajoute Adeline Lemonnier. L’objectif à long terme est de changer la façon de faire de l’intérim en France. Mais la “pieuvre” dont parle Laëtitia Gomez se laissera-t-elle raccourcir les tentacules si facilement ? 

* Les prénoms ont été modifiés

Marion Floch, Clément François

Nos sources

Pour réaliser cette enquête, nous avons lancé plusieurs appels à témoignages ou contacts directs sur les réseaux sociaux, notamment Facebook et Twitter.

Nous avons également échangé avec des acteurs institutionnels et syndicaux : Laëtitia Gomez, secrétaire générale de la CGT-Intérim ; Alice Hélias, secrétaire générale de l’Observatoire de l’intérim et du recrutement ; Chantal Pétard-Voisin, présidente du centre de gestion d’Ille-et-Vilaine ; Laurent Valy, délégué syndical CFDT de Stellantis Rennes, etc.

La plupart des entretiens ont été menés par téléphone en raison de leur emploi du temps ou de la distance. 

Deux sociologues du travail ont apporté leur expertise : Dominique Glaymann, professeur à l’université d’Évry, dans l’Essonne, et Lucas Tranchant, maître de conférences à Paris 8 Vincennes-Saint-Denis.

Dans le cadre de notre travail, nous avons contacté les entreprises dont nous faisons mention dans notre article : Stellantis Rennes a refusé nos demandes d’interview, la DRH de Stellantis Caen n’a pas souhaité répondre favorablement à nos demandes d’interview et de reportage, tout comme le groupe Renault. Amazon France n’a pas donné suite à nos demandes d’entretien et reportages sur le site de Briec (Bretagne) ou ailleurs. Nous avons seulement reçu ce communiqué : 

Au cours de ces cinq dernières années, Amazon a plus que triplé ses effectifs directs qui se portent à plus de 18 500 salariés en CDI à fin 2022. Au regard de la nature de notre activité qui connaît plusieurs pics d’activité dans l’année, nous recrutons des salariés saisonniers durant ces périodes et ces derniers jouent un rôle essentiel pour aider les équipes à traiter les commandes des clients lors de ces pics. Chaque année, de nombreux salariés saisonniers se voient offrir un poste en CDI chez Amazon.”

Les données et les propos de cette enquête ont été recueillis entre janvier et avril 2023.

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