La Fondation Surf Rider organise ce week-end des campagnes citoyennes de collecte des déchets sur le littoral. Elle livre aussi les conclusions de son étude sur la "vague de plastiques" qui submerge l'environnement et menace notre santé. Dans son palmarès, les déchets les plus collectés sur nos plages sont : les mégots de cigarette, les fragments de plastique, les polystyrènes, et les morceaux de filet de pêche en plastique.
En Bretagne, des bénévoles de la fondation Surf Rider ont retroussé leurs manches à Saint-Malo samedi 6 avril, et ce dimanche, c'est Rennes qui prend relai pour ramasser les détritus au sol. En effet, Rennes s'avère presque une ville du littoral pour ce qui est des déchets : voyageant des trottoirs aux eaux pluviales, puis dans les cours d'eau, les canettes de soda et autres bouchons plastiques finissent rapidement, et inévitablement, dans la mer.
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Un camion-poubelle de plastique par minute
Dans les océans, l’équivalent d’un camion-poubelle rempli de déchets plastiques se déverse chaque minute. À Saint-Malo comme ailleurs, difficile de trouver une parcelle de plage qui ne soit pas souillée pour un détritus. La Fondation Surf Rider connaît bien l'ampleur de la tâche, ramasser et recommencer inlassablement. Mais elle souligne l'intérêt des données qu'elle collecte pendant les campagnes de ramassage, en classant les déchets, retrouvés sur le littoral français, selon leur nature, et en calculant les quantités pour chacun. "Ces données constituent des preuves précieuses capables d’influencer les décideurs publics ", estime-t-elle. L'association fournit sur son site internet les fiches papier ou une application numérique pour renseigner et centraliser les données sur les déchets trouvés.
Chaque année, un palmarès des déchets est établi. En 2023, les mégots de cigarettes ont ainsi conservé leur titre de déchet numéro 1 sur le littoral. Plus de 1,5 million ont été ramassés l’an dernier en France, ce déchet est retrouvé dans 88 % des collectes de l’association Surf Rider.
Viennent ensuite les fragments de plastique, que Surf Rider classe dans cette catégorie lorsqu'ils mesurent entre 2,5 à 50 cm, sans inclure les sacs plastique et morceaux de sacs. Les glaneurs de déchets retrouvent, en troisième position, les emballages en polystyrène qui servent, par exemple, au conditionnement du poisson et de la viande, mais aussi à l'emballage des objets divers commandés sur internet et livrés à domicile. Enfin, la quatrième place de cet inventaire revient aux morceaux de filets de pêche en plastique, souvent d'un vert vif, facile à repérer mais difficile à extraire dans les algues sur les plages.
Les billes de plastiques échouées, spécialité régionale
Les pellets, ces billes en plastique de la taille d'une lentille, s'échouent régulièrement en Bretagne et en Espagne, dans les régions de la Galice et de Tarragone, selon la Fondation Surf Rider. En 2022 et 2023, une "arrivée massive" de ces granulés plastiques a été constatée à Plouarzel dans le Nord-Finistère, et dans le pays Bigouden (à Tréffiagat, Plomeur, Le Guilvinec et Penmarc'h ). Également appelés larmes de sirènes, ils servent à fabriquer les objets en plastique dans les usines. Leur diffusion dans l'environnement peut être occasionnée durant leur transformation, leur transport maritime ou terrestre, ou par des "fuites" pendant qu'ils sont stockés. Très légers, les granulés de plastique industriels (GPI) sont facilement dispersés par le vent et la pluie.
Ils entrent alors dans la chaîne alimentaire, après avoir été ingérés par les oiseaux et animaux marins. En 2018, un rapport de la Commission européenne estimait à 160 000 tonnes la masse de ces billes « perdues » chaque année dans la nature.
"Couper le robinet du plastique"
Face à ce que les scientifiques qualifient désormais de « bombe à retardement », les stratégies envisagées pour endiguer la pollution au plastique divergent : concentrer les efforts sur la collecte et le recyclage des emballages, comme le préconise le Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE) ou stopper progressivement la production mondiale de plastique en ne la réservant qu'à certains secteurs (médecine, défense...), comme le réclament les ONG de protection de l'environnement.
Pour le spécialiste Baptiste Monsaingeon, maître de conférences à l’université Reims-Champagne-Ardenne et auteur d’Homo detritus, critique de la société du déchet (2017), "l’enjeu n’est pas tant de nettoyer la surface des océans que de couper le robinet de production des plastiques. Sinon, tout va recommencer inlassablement."