La perspective d'un procès criminel s'éloigne pour le jeune "caïd" accusé de tentative d'assassinat à Brest

La chambre de l'instruction de la cour d'appel de Rennes a confirmé le non-lieu qui avait été rendu en faveur d'un jeune Kosovar du quartier Pontanezen, à Brest (Finistère), longtemps accusé d'avoir tenté d'assassiner le 8 septembre 2019 trois personnes du quartier rival de Kerourien.

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Getoar X, 29 ans, avait été mis en examen pour tentative d'assassinat. Après un an de détention provisoire et un éloignement forcé dans le sud de la France sous contrôle judiciaire, ce jeune homme, qui a toutes ses attaches à Brest, vient donc de voir s'éloigner la perspective d'une condamnation à la réclusion criminelle à perpétuité devant la cour d'assises du Finistère.

Pour rappel, le 8 septembre 2019, trois "connaissances de longue date" du quartier discutaient au pied d'un immeuble de la rue Père-Ricard lorsqu'un homme "encapuché et vêtu de noir" avait tiré une dizaine de coups de feu en direction de la Clio dans laquelle Jordan X et Alexis X se trouvaient.

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David X, le troisième, s'était quant à lui réfugié dans le hall d'immeuble. Mais cet homme, décrit comme "calme et discret" par le concierge, avait été touché à la main et s'était vu prescrire vingt jours d'interruption totale de travail (ITT).

Par miracle, aucun des trois n'avait été tué, mais Jordan X avait subi de multiples plaies par balle ainsi que plusieurs fractures. Alexis X, le conducteur touché le premier, avait quant à lui reçu une balle dans le bras, alors que la vitre du véhicule venait d'exploser sur lui. Bilan des courses : un mois et demi d'ITT chacun.

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Son ADN sur deux des six douilles

Dans les jours qui avaient suivi, le profil génétique de Getoar X, un amateur d'armes issu d'un quartier voisin, avait été découvert sur deux des six douilles retrouvées sur place. Les policiers avaient alors relevé que le 27 août 2019, soit onze jours avant la tentative d'assassinat, le frère de ce Kosovar de 29 ans avait lui-même été blessé par balle, dans le quartier rival de Pontanézen.

Les tirs sur les trois victimes avaient ainsi été interprétés comme une vengeance de la part de ce jeune régulièrement décrit comme un "caïd" par les policiers brestois.

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Getoar X avait aussi été identifié sur une vidéo Snapchat en train de s'entraîner au tir dans un bois. "Personne y roule plus armé que nous", fanfaronnait-il. On y voyait aussi quatre armes de poing semblables à celle utilisée le soir des faits. Le jeune Kosovar soupçonné d'avoir voulu venger son frère avait été interpellé, le 14 septembre 2019.

Seulement voilà, le juge d'instruction avait ordonné un non-lieu en sa faveur pour cette tentative d'assassinat : la téléphonie le disculpant et des doutes entourant les conditions dans lesquelles son ADN avait été retrouvé sur les munitions.

Le parquet de Brest fait appel, souhaitant qu'il soit au moins jugé en correctionnelle pour complicité de violences aggravées et détention d'arme malgré interdiction judiciaire en récidive. Une "rustine complètement artificielle", avait alors grincé son avocat, Me Sobieslaw Bemmoussat. 

Une participation "vraisemblable" mais pas prouvée

La chambre de l'instruction de la cour d'appel de Rennes a donc dû arbitrer et a rendu sa décision le 28 décembre 2023 : Getoar X est définitivement mis hors de cause pour cette tentative d'assassinat. 

"La présence de ce profil génétique constitue un indice grave rendant vraisemblable sa participation aux faits", concède la chambre de l'instruction dans son arrêt. Mais "la suite des investigations n'a pas permis de le fortifier", ne peut-elle que constater.

"Aucun élément n'est davantage venu vérifier sa possible complicité dans ce crime, malgré le caractère plausible de la piste vengeresse", écarte encore la chambre de l'instruction. Les magistrats rennais ont en revanche ordonné la réouverture des débats sur la détention d'arme, des faits de nature correctionnelle pour lesquels Getoar X pourrait encore être jugé, mais rien n'est encore fixé à ce stade. 

Visé par un tag calomnieux de la police

Getoar X n'en a pas fini avec la justice, mais cette fois-ci comme victime : ses deux avocats, Sobieslaw Bemmoussat et Rabah Laraba, estiment qu'il a été victime de tags calomnieux de la police brestoise et ont déposé une plainte en son nom. 

En effet, comme le révélait Le Point en mai 2022, un policier brestois avait été pris en photo, gilet pare-balles et arme de service dépassant du blouson, en train de taguer avec un feutre "Getoar Nique Ponta" sur un mur. À l’époque, certains policiers avaient fait le lien entre ce tag et le déferlement de violences urbaines qui avait suivi à Brest.

Le procureur de la République de Brest avait alors promis de "faire la lumière" sur ces faits, mais plus de deux ans après, l'enquête n'a pas abouti. Les avocats du jeune homme doivent se réunir très prochainement pour décider des suites qu'ils souhaitent donner à cette affaire. Une plainte avec constitution de partie civile, qui forcerait la saisine d'un juge d'instruction, fait partie des pistes envisagées.

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