Le parquet général a demandé ce mardi 14 janvier 2025 à la cour d'appel de Rennes d'alourdir la condamnation qui avait été infligée à un magasinier qui avait été condamné en première instance pour "agression sexuelle" sur la voisine de chambre de sa mère à l'EHPAD de Janzé le 24 août 2024.
Lors de l'audience de première instance, le prévenu s'était présenté libre devant ses juges le jeudi 7 novembre 2024, jour de son propre anniversaire. Il avait toutefois été reconnu coupable et immédiatement incarcéré pour purger sa peine de dix-huit mois de prison ferme. Ce mardi 14 janvier 2025, le quinquagénaire a donc fait appel de sa condamnation : il "clame son innocence" depuis le départ et réfute avoir commis les faits dénoncés par la nonagénaire.
Une femme de 95 ans avait en fait expliqué avoir reçu la visite d'un homme qui s'était fait passer pour "un médecin" et lui avait "touché la poitrine". Le lendemain, alors qu'il fêtait son anniversaire, ce magasinier de 55 ans était, selon elle, revenu dans la chambre de la voisine de chambre pour lui "proposer un journal", mais cette femme "hémiplégique" depuis son accident vasculaire-cérébral (AVC) lui avait répondu qu'elle ne pouvait pas "tourner les pages".
Il avait alors "proposé de le faire pour elle", mais la nonagénaire avait refusé. Puis, le prévenu l'aurait "embrassée sur la bouche" et aurait "touché sa poitrine sous ses vêtements" en passant sa main "sous son corsage"... "Je ne me suis jamais plainte des seins, j'ai mal aux mains", s'étonnera la vieille dame, pensant s'adresser à un professionnel de santé. "C'est normal, ça peut remonter jusqu'à la poitrine", lui aurait répondu le faux médecin.
Déjà condamné pour viols
Dans ces conditions, la vieille dame avait "eu peur" et avait "prévenu les infirmières", qui avaient "vu l'homme" mais l'avaient "laissé repartir". Puis la nonagénaire avait relaté les faits à sa fille quelques jours plus tard : celle-ci poussera les portes de la gendarmerie de Janzé le 30 août suivant. "Je n'ai jamais parlé de ce qu'elle avait et je ne me suis jamais présenté comme médecin", a pourtant réaffirmé, ce mardi 14 janvier 2025, ce magasinier sur le point d'être licencié à cause de l'incarcération.
Il avait seulement "déposé le journal" à la voisine de chambre de sa mère avant de "repartir", a-t-il redit devant les magistrats de la cour d'appel, sans jamais s'approcher "à moins d'un mètre". Mais "elle a été découverte renversée par l'infirmière sur la tablette devant le fauteuil", lui a objecté la présidente de la 10e chambre correctionnelle.
Et le casier judiciaire du prévenu ne joue pas en sa faveur : il a été condamné en 2007 à six ans de prison pour avoir violé "les deux filles" de son ancienne compagne. La cour d'appel de Rouen (Seine-Maritime) lui avait aussi infligé "un an de prison" pour "agression sexuelle par personne ayant autorité", sur ces deux mêmes enfants.
Mais depuis lors, il n'a jamais refait parler de lui et cette procédure est "insuffisante", a plaidé son avocate. Me Lucie Marchix a déploré que "certains actes d'enquête" n'aient jamais été diligentés pour "lever certains doutes". L'avocate rennaise aurait souhaité qu'une expertise psychiatrique soit diligentée sur la victime "dont on ne sait rien de l'état de santé" et qui présentait une "désorientation temporelle". Elle a donc de nouveau plaidé la relaxe du quinquagénaire.
"Pourquoi cette femme de 95 ans irait l'accuser de tels faits ?", s'est pour sa part demandée l'avocate générale, convaincue que les faits sont établis. Pour elle, le prévenu présente "de manière évidente" des "dérives sexuelles". Elle a en conséquence requis trois ans et demi de prison, dont deux fermes. La cour d'appel de Rennes, qui a mis sa décision en délibéré, se prononcera d'ici un mois environ.
SG/CB (PressPepper)