Le Loup, nouveau locataire de la Bretagne : les 7 infos à connaitre

La Bretagne doit s’habituer à vivre de nouveau avec le loup. Alors, que faut-il savoir sur cet animal mythique qui a été vu et filmé a plusieurs reprises dans la région ? D'où vient-il, combien sont-ils, va t-il s'installer et comment s'en protéger ? réponses d'experts.

La présence du loup ne laisse pas indifférent en Bretagne. D’un côté, les éleveurs s'inquiètent de son retour et des conséquences sur leurs troupeaux. De l’autre, les naturalistes amateurs sont heureux du retour de l’animal qui représente le plus, la vie sauvage. Et au milieu, des familles oscillent entre fascination et crainte.

Pour répondre aux grandes questions que l’on se pose sur le loup, nous avons sollicité des experts sur l’animal.

Le loup de retour, mais pas encore installé 

“Le loup bouge beaucoup. Pour moi en Bretagne il y a deux ou trois loups qui se baladent mais aucun ne s’y est vraiment établi”. Sandrine Andrieu est porte-parole de FERUS, l’association pour la défense et la sauvegarde des grands prédateurs. Pour l’experte du loup, “au vu des images, les loups vus en Bretagne sont de jeunes mâles de 2 à 4 ans. Ces jeunes adultes sont seuls, ils sont donc sortis de leur meute pour créer leur propre territoire. Un loup peut faire des très grandes distances avant de se poser. Pour l’instant il est trop tôt pour dire que le loup est installé en Bretagne.” 

“Pour juger si le loup est établi sur un territoire, il faut que sa présence soit durable” rappelle Philippe Defernez, administrateur de l’association Groupe Loup Bretagne. Ce passionné rappelle que cela fait seulement depuis mai 2022 que le loup a été formellement revu dans la région. “Il est beaucoup trop tôt pour savoir si le loup s’installera vraiment sur un territoire”.

Lire : Retour du loup en Bretagne : le loup vu près de Rennes est-il celui vu dans le Finistère ?

“Pas plus de 2 ou 3 loups en Bretagne”

Impossible pour les spécialistes de pouvoir calculer le nombre de loups en Bretagne. “Il ne doit pas y avoir plus de deux ou trois loups dans la région, tout au plus” estime la porte-parole de FERUS. 

Pour les experts de l’animal, il est impossible de dénombrer un loup supplémentaire à chaque observation. Pour estimer le nombre de loups, les spécialistes s’appuient sur les rythmes de prédation, leurs lieux, et analysent ensuite vis-à-vis des lieux où il a été repéré. 

“Les jeunes loups sont en dispersion pour trouver un espace qui sera leur zone refuge. Ce territoire devra lui permettre de nourrir sa famille” détaille le responsable de l’association Groupe Loup Bretagne. Les jeunes loups entre deux et trois ans quittent une meute pour grandir et concevoir leur propre famille. Avant de choisir cette zone, ils peuvent parcourir de grandes distances. 

Avant de s’y établir, de s’y cantonner et de le défendre contre d’autres loups, un loup peut parcourir 50 à 60 kilomètres en une nuit.

De retour après plus d’un siècle d’absence en Bretagne

Le loup a été vu et filmé à plusieurs reprises ces derniers mois. Dernièrement c’est près de Lannion, à Ploubezre dans les Côtes d’Armor, le 7 janvier 2023, qu’un loup a été filmé par un jeune homme qui l’a vu sur le bord d'une route, avant de le voir s’enfuir dans un champ.

Le 8 novembre 2022, c’est à Goven près de Rennes qu’un loup a été pris en photo. 

Et la première image d’un loup formellement identifié en Bretagne après plus d’un siècle d’absence dans le Finistère, est à Berrien dans les Monts d’Arrée, le 4 mai 2022. Un loup gris avait été filmé par une caméra automatique de l’association Bretagne Vivante.

Retrouvez sur cette cartographie, les lieux et dates où le loup a été vu dans la région. 

Des loups qui viennent des Alpes et d’Italie

En France, 1.000 loups sont actuellement présents sur le territoire. La très grande majorité sont dans le quart Sud-Est du territoire : dans les Alpes et proche de la frontière italienne. 

“Les loups de France sont de souche italienne” détaille la spécialiste de FERUS. “En 1970 il ne restait plus que 100 loups près de Rome. L’espèce a été protégée et se développe depuis. Elle a traversé les Alpes en 1992, et depuis elle se propage doucement en France même si les loups restent principalement dans le Sud-Est.”

Le loup peut se plaire en Bretagne

Le loup est souvent associé avec les forêts. La Bretagne est pourtant l’une des régions les moins forestières de France. Peut-il donc se plaire dans notre région ? Certains experts le pensent.

“Le loup a une très grande capacité d’adaptation, c’est un animal très plastique” témoigne Sandrine Andrieu de l’association FERUS. “La proximité de la ville, n’est pas un problème. Le loup a simplement besoin d’avoir suffisamment de proies, et de trouver un lieu calme pour sa reproduction. Dans les Alpes, il peut même aller manger dans les poubelles proches des stations.”

“Le loup s’adapte très bien au littoral, aux plaines, aux marais” ajoute Philippe Defernez du Groupe Loup Bretagne. “Il n’a pas besoin de forêts, il s’adapte. Et les sangliers foisonnent dans la région, les chevreuils sont omniprésents et les cerfs sont en pleine expansion. Ces animaux sont les proies favorites des loups.”

“Aucune situation agressive d’un loup envers l’homme en France”

Le loup véhicule une image agressive, c’est la figure du “grand méchant loup” dans la littérature. Pour contrecarrer ce fantasme, l’association FERUS qui travaille sur le loup depuis son retour en France en 1992, rappelle que “jamais le loup n’a présenté la moindre agressivité envers l’homme depuis son retour en France”. 

“Le loup est un animal qui craint l’homme. Si vous tombez nez à nez avec un loup, il va fuir.” Le loup détecte l’homme de loin, et évite toutes les rencontres. “Si vous tombez sur un loup en Bretagne, c’est une chance très rare", s'enthousiasme Sandrine Andrieu de l’association FERUS. 

Si cela devait arriver, “il ne faut pas gesticuler, ni crier. On reste face à l’animal et on recule tranquillement. Il partira le premier” assure la spécialiste.

Des aides existent pour protéger les troupeaux

Le loup ne va pas refuser une proie très facile qui se présente comme une poule ou un mouton. Afin d’éviter le braconnage de cette espèce protégée, les associations de défense du loup militent pour une protection par clôture électrique, chien de troupeaux et aide berger. 

“C’est le triptyque de protection pour laquelle milite l'association FERUS. Les clôtures protègent, mais en France la législation ne finance que pour des hauteurs de fils électrique de 80 cm. Un loup peut passer par-dessus. En Allemagne la législation est de 1m20. Cela protège déjà plus” regrette Sandrine Andrieu. 

“Une bonne politique en faveur des éleveurs, cela protège les loups des actes de braconnage inutile.” La militante rappelle qu’un loup prendra le territoire d’un autre s’il est tué par un chasseur. “La meilleure des solutions, c’est une bonne politique en faveur du loup et des éleveurs”.

En Bretagne, un Plan Loup a été mis en place dans le Finistère après des attaques sur des brebis dans les Monts d’Arrée. Le département permet des aides pour indemniser en fonction des animaux tués, et un déblocage de crédits pour du matériel comme des grillages ou des effaroucheurs et des chiens de troupeaux.

Le département des Côtes d’Armor, à la suite d’une attaque sur une brebis, permet des aides à l’achat de chiens de protection pour les troupeaux de plus de 25 moutons ou chèvres.

“Tuer un loup, c’est comme tuer un ours” rappelle la porte-parole de FERUS. "Cet acte est passible de 150.000 euros, et de deux ans d’emprisonnement, même si les braconniers ne se font que rarement arrêter".

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