Faith Otasowie, aide-soignante et mère de famille, lutte contre une OQTF menaçant de l'expulser. Victime d’un réseau de traite humaine, elle a reconstruit sa vie et est devenue indispensable dans son EHPAD en Bretagne. Son avenir se joue devant le tribunal administratif de Rennes.
À Rennes ce mardi 19 novembre, Faith Otasowie, 37 ans, est venue plaider son droit à rester en France devant le tribunal administratif. Arrivée en 2011 depuis le Nigéria, cette aide-soignante, mère d'un petit garçon de cinq ans, lutte contre une OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français) qui menace de l'expulser vers un passé douloureux qu'elle tente d'oublier. "Je veux vivre ici, avec mon fils, mes amis. Ma vie est en France, pas en Afrique", a-t-elle déclaré ce matin les larmes aux yeux.
Une OQTF qui réveille un passé oublié
Pour comprendre cette décision de la préfecture de Bretagne, il faut remonter à la loi Darmanin, qui permet de refuser un titre de séjour sur la base de condamnations antérieures. Faith Otasowie a été victime d’un réseau de traite humaine à son arrivée en France. Exploitée comme prostituée, elle a été condamnée et emprisonnée. Elle a été jugée coupable de participer à faire venir en France d'autres jeunes femmes par ce réseau.
Ma vie est en France, pas en Afrique. J'ai payé ma dette, combien de fois vais-je devoir le faire ?
Faith Otasowie
Un passé qu’elle assume : "J’ai payé ma dette. Combien de fois vais-je devoir le faire ?". Depuis, elle a reconstruit sa vie. En quittant ce réseau mafieux, Faith est devenue un modèle d’intégration, explique son avocate, Mélanie Le Verger : "Il n’y a aucun risque de récidive. Cette femme incarne l’insertion réussie."
Une intégration exemplaire à Dol-de-Bretagne
Depuis quatre ans, Faith travaille à l’EHPAD La Parentèle à Dol-de-Bretagne, un établissement qui peine à recruter. Aimée des résidents comme de ses collègues, elle est décrite comme "indispensable". "Son passé douloureux lui a donné une force et une empathie rares", souligne son avocate qui a rencontré ses collègues.
Gilbert Leduc, porte-parole de son comité de soutien, insiste à notre micro devant le tribunal : "Faith est un modèle. C’est une erreur immense de vouloir l’expulser." Une pétition en ligne réclamant sa régularisation a rassemblé près de 40 000 signatures.
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L’espoir d’un avenir en France
Pour Mélanie Le Verger, la défense de Faith est limpide. "Ce dossier était simple à préparer. Il n’y a aucune menace à l’ordre public. Cette OQTF est une application rigide et politique de la loi." La décision du tribunal, mise en délibéré, sera rendue le 30 novembre. En attendant, Faith continue d’espérer. Son avocate est confiante : "Prévoyons une fête pour début décembre." Une fête qui, peut-être, marquera le début d’une nouvelle vie pour Faith et son fils Gabriel.