"On ne sait plus quoi faire pour eux", l'angoisse des migrants et des associations à l'approche de l'hiver

Dans les tentes et sous la pluie battante, des familles d'exilés de toutes origines luttent pour survivre dans un campement dans le centre de Rennes. Certains y sont depuis sept mois. Sans-abri et bénévoles d'Utopia 56 présents pour les aider s'inquiètent de l'approche de l'hiver.

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Le campement des sans-abri à Rennes est inondé. Alors que les tempêtes hivernales s'intensifient, un peu moins de 200 personnes, des familles avec enfants, des hommes et des femmes seuls, vivent sous des tentes de camping, exposées à la pluie et au froid.

"On ne sait plus quoi faire pour eux. C’est effroyable, ils sont tous trempés", s'indigne Laurie, une bénévole de l’association Utopia 56, présente sur le camp ce mercredi 25 septembre. Elle est là avec son k-way, ses bottes et son thermos de café pour essayer de donner un peu de réconfort.

Des situations variées, une précarité commune

Les habitants de ce campement viennent d’horizons divers : Français, réfugiés, détenteurs de titres de séjour ou en attente de demande d'asile. Parmi eux, on compte également des mineurs isolés. La moitié de ces personnes sont en situation régulière, tandis que les autres ont vu leurs demandes de droits refusées et font l'objet d'une obligation de quitter le territoire.

"Peu importe leur statut administratif ou leur origine, on ne peut pas les laisser dans ces conditions", déclare un volontaire d’Utopia 56. Sur place, le nombre de poussettes stationnées devant les tentes souligne la présence d’enfants, particulièrement vulnérables. Ce mercredi après-midi à Rennes, la pluie battante ne laisse aucun répit.

Lire : Migrants. "Ils manquent de tout", plus de 200 personnes dans un parc urbain, un campement dont l'état s'aggrave de jour en jour (Franceinfo)

Des tentes qui ne tiennent plus face à la pluie

Le square où le camp est installé est détrempé. Les tentes, recouvertes de bâches, n’offrent plus qu’une maigre protection contre l’humidité. À l’arrivée des bénévoles, les habitants se rassemblent, espérant recevoir une boisson chaude, un goûter pour les enfants, des couvertures ou de nouvelles bâches pour se protéger de la pluie.

"Les tentes de camping actuelles tiennent deux ou trois mois maximum", explique une bénévole en installant une nouvelle tente pour une famille. Mais difficile de savoir quels vêtements sont encore secs dans l’humidité ambiante. Les couvertures collectées récemment remplacent celles déjà en état de décomposition.

Les enfants toussent, des bébés pleurent. Leur fragilité résonne à travers les tentes. "Ils sont usés. Cette famille est ici depuis février. Cela fait plus de sept mois qu'ils vivent sous tente", explique Armelle Bounya, une bénévole engagée depuis plusieurs années aux côtés des exilés à Rennes.

Un cycle sans fin d'évacuations et de réinstallations

Depuis 2019, le scénario se répète chaque hiver. "Quand l’hiver arrive, ils sont délogés du camp et placés dans un gymnase. Mais une fois la saison passée, ils sont de nouveau évacués pour réintégrer un parc", raconte Yann, bénévole d’Utopia 56.

Les lieux réquisitionnés se succèdent : square de la Touche, parc des Gayeulles, gymnases Robert Launay ou Léon Grimault... mais la liste est loin d’être exhaustive.

Lire : Rennes : 117 migrants dont 28 enfants vivent sous tente par 7 degrés (Franceinfo).

Les centres d’hébergement d’urgence sont saturés. "Malgré leurs conditions de vie sous ces tentes, ils n’ont nulle part où aller et ne partiront pas", assure Armelle.

Le nombre d’habitants du camp a légèrement diminué, passant de 240 à 190 en deux semaines, quelques familles ayant trouvé refuge dans des écoles primaires. "Jamais plus d’une famille par école", précise une bénévole impliquée dans un réseau de parents d’élèves mobilisés pour les soutenir.

L’hiver approche, l’angoisse grandit

À l’approche de l’hiver, l’inquiétude grandit. "On en parle tous les jours, de l’hiver qui arrive, du changement d’heure. La nuit tombe plus tôt. Qu’allons-nous devenir ? On ne peut pas continuer ainsi", confie Mimi, une femme d’une cinquantaine d’années, handicapée, vivant sous une tente.

Le sentiment de désespoir monte dans le camp. Certains espèrent l’ouverture d’un lieu plus stable, tandis que d’autres redoutent de devoir encore affronter le froid même sous un gymnase. Les bénévoles et les habitants partagent la même tristesse face à une situation sans issue apparente. Pourtant, ceux qui ont traversé tant de frontières pour rejoindre la France refusent de se laisser abattre.

Des compétences mais pas de papiers

Deux hommes syriens, ayant fui la guerre, viennent partager leur désespoir. "Nous avons des compétences. Nous voulons être autonomes financièrement, mais il nous faut des papiers", expliquent-ils en français. D'autres, moins à l'aise avec la langue, peinent à compléter les documents administratifs, souvent rendus illisibles par la pluie.

Sur le camp, les bénévoles aident autant qu’ils le peuvent, notamment pour remplir les fiches d’inscription des enfants scolarisés. Malgré leurs efforts, la situation reste difficile.

Des conditions de vie déplorables

De loin, le camp paraît relativement propre. Mais en s’approchant, la réalité des conditions de vie se révèle. Les tentes sont entourées d’encombrants : jouets souillés par la boue, cartons utilisés pour créer des toits de fortune, vestiges de placards ou de lits bébés. Malgré ces conditions, les habitants du camp tentent de s’organiser, espérant un jour pouvoir quitter cette précarité pour une vie meilleure.

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