Des centaines de migrants survivent dans des conditions précaires, dans un parc au cœur de Rennes. Ils s'entassent depuis des mois sous des tentes de fortune. Entre misère, insalubrité et solidarité, la situation s'aggrave à mesure que le campement s'agrandit.
Au cœur de Rennes, un petit parc est désormais le refuge précaire de plus de 200 personnes. Le nombre de ses habitants dépasse celui de certaines communes bretonnes. À titre de comparaison, l'île de Molène, située à la pointe du Finistère, compte seulement 160 résidents. Et dans les Côtes-d'Armor, au moins 15 communes abritent moins de monde que ce campement de fortune en plein centre-ville.
Des jeunes bénévoles se mobilisent pour venir en aide à ces exilés, décrivant une situation qui les bouleverse à chaque visite. "Les tentes sont collées les unes aux autres", raconte Valérie*, tandis que Nicolas* souligne la précarité extrême des besoins : "Ils nous demandent des bâches, des vêtements, des produits d'hygiène… Ils manquent de tout."
Des familles et mineurs isolés dans une détresse croissante
En ce mercredi 18 septembre, un rare soleil permet aux vêtements d'être étendus sur les buissons. Les enfants jouent entre les tentes, pendant que certains parents se reposent ou préparent des repas sur des installations de fortune. Mais derrière ces scènes de vie, la réalité reste dramatique : l'insalubrité et la précarité sont omniprésentes.
Les occupants du parc viennent d'horizons variés : d'Europe de l'Est – souvent de Géorgie, du Kosovo ou d'Albanie – mais aussi d'Afrique du Nord, de Guinée ou de Côte d'Ivoire. Tous affrontent le froid avec des couvertures humides et des tentes trop fragiles pour les protéger efficacement.
"La situation est particulièrement difficile pour les familles avec enfants en bas âge et pour les mineurs isolés", confie une militante de l'association Utopia56. Selon leurs chiffres, sur les 220 personnes recensées, 60 sont des enfants et 50 des mineurs non accompagnés.
Tensions et promiscuité
Les nuits, loin d'être reposantes, sont souvent troublées par des adultes qui rentrent tard, lumière à la main et bruit aux lèvres, réveillant ainsi les plus jeunes. Même si les communautés occupent chacune des zones distinctes du parc, des tensions peuvent parfois émerger. "Il y a quelques frictions, parfois au sein des groupes, parfois entre eux. Mais globalement, la situation reste relativement calme", assure une bénévole présente quotidiennement sur le camp.
Malgré la précarité, le campement tente de rester propre. Les déchets sont regroupés en un même endroit, et la mairie envoie des équipes tous les 15 jours pour vider les poubelles et nettoyer les sanitaires. Cependant, deux WC de chantier et un WC public pour plus de 200 personnes restent insuffisants.
Un campement en constante expansion
Et le nombre de résidents continue d'augmenter. Sur les réseaux de messagerie locale, un parent d'élève cherche une tente pour dix personnes afin d'aider une famille qui vient de rejoindre le campement. "La semaine dernière, il nous arrivait d'installer 25 personnes en une seule journée", se souvient Valérie*.
Dans le quartier, la situation suscite des réactions contrastées. Certains riverains s'irritent de la présence de ce campement, tandis que d'autres expriment surtout leur inquiétude face à l'approche de l'hiver et aux conditions de vie extrêmement difficiles des exilés.
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Récemment, la police aux frontières a procédé à un recensement des occupants du parc, mais à ce jour, aucune solution de relogement n'a été proposée pour ces personnes, qui vivent là depuis la fin de l'hiver dernier.
Pas de solution
À la même époque l'an dernier, ces exilés étaient au nombre de 135 dans un autre parc de la Ville de Rennes. Après le démantèlement de ce camp fin septembre, nombreux avaient trouvé place dans un gymnase.
Ce même gymnase avait dû être évacué en urgence fin février 2023. Le square de La Touche avait servi de point de chute pour de nombreuses personnes sans solution.