On les a aperçues dans des vitrines, dans les rues de Rennes. Mais on l'a vue sur des tableaux, elle est contée, chantée, et même symboliquement représentée sur le drapeau breton. D'évidence, l'hermine est le symbole de la Bretagne historique. On vous explique pourquoi ?
Vous les avez sans doute déjà aperçues dans les rues du centre ancien de Rennes. Leurs petits yeux, leur pelage soyeux, leur blancheur immaculée. Mais vous êtes-vous déjà demandé ce qu'elles font là, à nous observer ? Alors, pourquoi ces hermines dans nos vitrines ? Pour le savoir, il faut d'abord se pencher sur ce que symbolise l'hermine pour la Bretagne.
Stylisées 11 fois en haut à gauche du drapeau breton, elles représentent probablement les saints de la région.
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Plus rarement, l'hermine est représentée sous forme d'animal à l'élégance discrète, comme dans un bar de la rue de la monnaie à Rennes. "Il faut attendre le début du XIVème siècle pour que les Ducs de Bretagne prennent cette hermine comme emblème et ça en fait un animal assez fétiche pour évoquer cette Bretagne presque immortelle", raconte l'historien Gilles Brohan.
"Plutôt la mort que la souillure"
Une symbolique forte qui s'appuie aussi sur une légende : "Au cours d'une chasse, Anne de Bretagne, dernière duchesse héritière du duché, aurait vu les chiens de chasse courir après une hermine, l'emblème des ducs. Il faut imaginer la scène, ça se passe en plein hiver et l'hermine se retrouve à un moment face à une flaque de boue. Et donc là, elle hésite. Est-ce qu'elle franchit la flaque de boue au risque de salir sa blanche fourrure ou alors est-ce qu'elle fait face à l'adversité ? Et ce qu'a remarqué la duchesse, c'est que l'hermine a fait face à l'adversité. Elle a été dévorée par les chiens de chasse, ce qui aurait fait dire à Anne de Bretagne : plutôt la mort que la souillure", poursuit Gilles de Brohan.
Le symbole de l'hermine, sous sa forme héraldique, on le retrouve sur de nombreux édifices publics rennais, comme le Parlement ou la mairie, mais aussi désormais sur certaines vitrines commerciales, dans le cadre d'une vaste opération de réhabilitation du bâti ancien, engagée depuis 2011 par la ville de Rennes : "Ces travaux de réhabilitation importants ont forcément un impact sur les linéaires commerciaux puisqu'on avait des vitrines complètement fermées. Il a fallu trouver des moyens pour traiter la vacance de ces commerces et donc on a eu cette idée de la campagne Bonne Kozh avec toutes ces petites hermines que vous voyez un petit peu partout disséminées sur tout le périmètre du centre-ville", explique Mélanie Barchino, cheffe de projet centre ancien pour l'aménageur Territoires Publics.
Des furets transformés en hermines !
Un projet confié à l'agence de pub rennaise Kerozen, qui a dû faire preuve de pas mal d'ingéniosité, selon Jean-Charles Debroize, son directeur artistique : "En fait, pour les photos de la campagne, on a utilisé des furets que l'on a retouchés pour avoir des petites hermines, parce que les furets sont plus sages en studio. Après il a fallu beaucoup de patience parce qu'on voulait avoir des regards caméra mais ça n'est pas évident d'attirer l'attention d'un furet. Au final, ça s'est fait", s'amuse-t-il.
Une campagne de communication sans discours institutionnel qui intrigue et qui, avec sa démarche artistique, a aussi un objectif : "Le fait qu'il y ait ces hermines, ça restreint un peu les tags", constate Hélène Ribierre, responsable des opérations de commerce pour l'aménageur Territoires Publics.
A la fois symbole de pureté et de résistance, ces vitrines d'hermines pourraient bien... faire des petits.