Prix de l'énergie. Comment la petite commune de Saint-Sulpice a fait sa révolution énergétique, et prévoit 40% d'économies

Depuis 2016, des capteurs connectés dans six bâtiments communaux de Saint-Sulpice-la-forêt, près de Rennes, permettent de connaître en temps réel les consommations d‘eau, de gaz et d‘électricité. À la clé, des économies et un outil très efficace de sensibilisation. L’expérimentation appuyée par des partenaires publics et privés pourrait faire école. Cela a commencé en 2016, avec des capteurs connectés dans six bâtiments publics de cette petite commune de 1 500 habitants, alors dans le rouge financièrement. À la clé, des premières économies et un outil très efficace de sensibilisation. Sept ans plus tard, en pleine crise énergétique, Saint-Sulpice la Forêt, près de Rennes, fait figure de "démonstrateur de la ville durable."

Elle a tout d'une grande. Et notamment le label "Smart city" depuis 2017, habituellement réservé aux métropoles comme Paris, Lyon, Barcelone ou Shangaï. Ou encore le statut de "démonstrateur de la ville durable", dans le cadre de France 2030, pour son projet de "village métropolitain".

Saint-Sulplice-la-Forêt, paisible commune de 1 500 habitants aux confins de la métropole rennaise, a tranquillement réalisé sa révolution énergétique à partir de 2015. À une époque où la commune était dans le "réseau d'alerte" de la préfecture d'Ille-et-Vilaine. Comprenez : dans le rouge financièrement. Sans aucune capacité d'investissement.

Un réseau de capteurs connectés

Il aura fallu 20 000 euros, investis dans un réseau de capteurs connectés via le réseau métropolitain LoRa, avec la complicité d'une start-up locale, pour démarrer cette mue "qui aujourd'hui prend encore plus de sens". 

Pour Yann Huaumé, le maire de Saint-Sulpice-la-forêt, ces 60 capteurs qui équipent les cinq bâtiments publics de la commune étaient sans doute l'acte fondateur. "Les effets ont été immédiats" raconte Yann Huaumé, "en 2018, nous avions atteint l'objectif que l'on s'était donné, c’est-à-dire 25 % d'économies d'énergie".

L'école, poste énergétique important, au centre du dispositif


En connaissant la consommation en temps réel des bâtiments, leur fonctionnement, en repérant les problèmes qui peuvent intervenir - comme une fuite d'eau - "ce réseau de télémesure nous permettait également de faire les bons choix en termes d'investissements".

Système de chauffage pilotable, changement de quelques radiateurs, horloges programmables, quelques capteurs dans les tableaux électriques, "on a complété finalement nos solutions existantes" entre 2018 et 2022 détaille Yann Huaumé. Avec un effort particulier sur l'école, un poste énergétique important, avec là encore un système unique et pilotable à distance, là où les années avaient empilé trois systèmes "qui ne communiquaient pas."

Nous n'avons pas fait une grande révolution d'investissement, nous n'avons pas mis un million sur la table - mais tout de même quelque 60 000 euros - pour améliorer tout ça, avec un objectif et 40% d'économies d'énergie entre 2015 et 2024.

Yann Huaumé, maire de Saint-Sulpice



Cet hiver sera un test "grandeur nature", le premier hiver où tous les projets seront fonctionnels, avec "et cela tombe super bien", l'entrée en service d'un centre de loisir (ALSH) en construction depuis un an et demi. "On va passer de trois préfabriqués, de vraies passoires thermiques, à un bâtiment à énergie positive et bas carbone" se réjouit Yann Huaumé., "460m2 à un coût de quasi-zéro en énergie, ça va nous coûter 1 500 euros à l'année, une bagatelle".

À l’issue de ce plan d'investissement qui court jusqu’en 2024, l'objectif affiché est de 40 % d'économies d'énergie à partir de la consommation de 2015. On y est presque.

Des communes exsangues

Bien sûr, ce dernier bâtiment n'aurait pas vu le jour sans le soutien de l'Etat, ni de la Métropole, et ni des organismes de conseil et de financement, tels que l'Ademe, l'Agence de la transition écologique. "Nous sommes toujours tributaires des politiques de soutien de l'Etat, car pour une commune rurale de petite taille, on ne peut pas porter ces bâtiments publics tout seuls" rappelle Yann Huaumé.

Mais c'est pour cette même raison que cet infatigable promoteur de la transition énergétique estime que rien n'est impossible, "à condition qu'il y ait une réelle volonté politique des collectivités locales et de l'Etat".

Yann Huaumé y voit un paradoxe : c'est à l'heure où il faudrait tant investir pour réduire notre consommation d'énergie, que les communes sont exsangues. "L'impact du coût de l'énergie est tel que, petite ou grande commune, cela nous renvoie à une forme d'incapacité technique et financière".

Avec la hausse du point d'indice des fonctionnaires, "une bonne chose", la hausse du coût de l'alimentation, celle de l'énergie, "les ressources stagnent, ou diminuent depuis des années". Si l'Etat a des dispositifs dans les tuyaux, "on ne sait encore rien sur l'éligibilité des communes". Difficile dès lors de se fixer un horizon, même proche.

Éviter le constat d'échec

Yann Huaumé ne se veut pourtant pas fataliste. Fort de ce statut de "démonstrateur de la ville durable", grâce au projet d'urbanisme - co-construit avec les habitants - de "village métropolitain", il rappelle qu'"il y a des choses qui bougent, notamment à l'échelle de la Métropole, avec beaucoup de structures publiques qui peuvent nous accompagner."

Une transition énergétique pour ne pas avoir à faire le constat "de l'échec collectif d'un virage que l'on n'aura pas pris", c'est possible pour Yann Huaumé, et son équipe municipale soudée, "même pour une commune de petite taille".

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