Rassemblement contre les violences policières à Rennes : "Il faut se battre pour notre génération et celle d'après"

Près d'un millier de personnes s'est retrouvée sur l'esplanade Charles de Gaulle à Rennes, pour un rassemblement contre les violences policières et le racisme, malgré l'interdiction de la préfecture. Paroles de manifestants.
 

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Le rassemblement contre les violences policières et le racisme a bien eu lieu à Rennes, malgré l'interdiction de la préfecture. Peu avant 14 h, l'esplanade Charles de Gaulle apparaît clairsemée. Dans les rues alentours, les camions de CRS stationnent. Peu à peu, les manifestants prennent place. Assis, debout, pancartes à la main. 

 

Virginie et Raphaël sont lycéens. "On essaie d'être présents. Quand j'ai vu la mort de Georges Floyd sur les réseaux sociaux, ça m'a vraiment choqué. Sa mort, c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. C'est assez, il faut que ça s'arrête maintenant."

 

Le racisme, toujours si ordinaire

 

Dans la foule, beaucoup parlent du racisme, vécu dès l'enfance. "Si on est là, c'est pour se battre, pour notre génération et celle d'après", raconte une étudiante qui préfère rester anonyme. Elle se souvient des mots, au collège : "des negros, des bamboulas, mamadou" lancés par d'autres élèves ou des adultes. Sa copine ajoute : "On subit ce racisme, quand on cherche un job et qu'on ne nous rappelle pas à cause de notre nom de famille ou à cause de la couleur de notre peau. Les policiers ne se rendent pas compte, ce sont toujours les mêmes personnes qui sont visées." 

 

Si on laisse ce genre d'injustice se créer, on participe au système donc c'est important d'être là

 

Sabrina et Camille ont déjà vu le racisme, subi par leurs amis. L'une d'entre elles raconte : "J'étais la seule blanche dans le groupe. Lors d'un contrôle, tous mes potes ont été visés sauf moi. C'est soit tout le monde, soit personne."

 

Ras-le-bol, on veut l'égalité

 

"On en est au point où l'on accepte des choses pas acceptables" relève Awen. A côté d'elle Lilli. "Quand j'étais petite on me traitait de singe. Comme je suis métisse, on a déjà dit à ma mère qu'elle était une traître de sa race..."

 

Un jeune homme note : "Ce que je vois, c'est le racisme au second degré, à mon travail. L'humour devient une excuse, pour se vautrer dans un imaginaire collectif raciste."

Parmi les critiques, la représentation dans les médias. "Les médias ne nous représentent pas et quand ils nous représentent c'est forcément négatif. On n'est pas étonné des conséquences. On n'a pas la parole, alors on la prend", disent Joyce, Laetitia, Amandine et Cassandre.

 

Les proches d'Allan et Babacar mobilisés

 

Parmi les manifestants, des familles touchées par les violences policières.

 

Le père d'Allan, décédé au commissariat de Saint-Malo confie : "On est là pour aider, pour que la vérité éclate à la suite de la mort de mon fils. On a des témoins, on a des preuves. Cela fait un an et demi qu'on se bat. Je suis à bout de force, je suis détruit. La seule énergie qu'il me reste c'est pour ça."

 

Awa Gueye, la soeur de Babacar a voulu ce rassemblement. Son frère est décédé lors d'une intervention de police dans un immeuble à Rennes. Le dossier a été classé sans suite. Elle évoque Georges Floyd : "Georges Floyd c'est un frère. Il est temps d'arrêter les violences policières. Si on cite tous les noms des gens tués, on ne termine pas la journée. C'est important d'être là pour l'honneur de mon petit frère, même si c'est interdit. Je ne lâche pas et je ne pardonne pas."

Vers 16 h 30, le cortège s'élance.

 

La situation se tend entre la police et les manifestants. L'hélicoptère des forces de l'ordre est en survol. Plusieurs personnes rejoignent le centre-ville. Quelques barricades avec des poubelles sont installées.

En fin de journée, certains se rendent vers le commissariat mais seront vite repoussés. Au total, 23 000 personnes se seront mobilisées en France, selon le ministère de l'Intérieur. 

 

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