Ce mercredi 13 septembre 2023, le tribunal correctionnel de Rennes a condamné un homme de 47 ans à verser 500 euros pour préjudice moral à l'élue régionale Stéphanie Stoll. Il l'avait menacée de mort sur les réseaux sociaux, après une publication sur Twitter en décembre 2021. Il devra également réaliser un stage de citoyenneté.
Le tribunal correctionnel de Rennes a condamné, ce mercredi 13 septembre 2023, un défenseur de la langue gallo qui avait menacé de mort sur Twitter la conseillère régionale de Bretagne Stéphanie Stoll, de Louannec (Côtes-d'Armor), en décembre 2021.
Ancienne directrice du réseau d'écoles bretonnes Diwan et élue au conseil régional de Bretagne aux côtés Thierry Burlot (LREM) depuis juin 2021, Stéphanie Stoll s'était en fait réjouie sur le réseau social en décembre 2021 que les conseillers régionaux puissen désormais "parler en breton (et en gallo) lors des débats" au conseil régional.
Mais Ronan, un père de famille de 47 ans de La Bouëxière (Ille-et-Vilaine), avait manifestement mal pris que le mot "gallo" n'apparaisse qu'entre parenthèses : il avait donc répondu à son tweet par une image animée de canon de fusil dirigé en direction du lecteur.
Il était donc jugé ce mercredi 13 septembre 2023 pour menaces de mort à l'encontre de l'élue, présente à la Cité judiciaire de Rennes. Ce n'était pas la première fois qu'elle se faisait agresser sur les réseaux sociaux et même dans la vie.
Il voulait juste exprimer son mécontentement
Très touchée à la barre du tribunal correctionnel de Rennes, celle qui avait été désignée "brittophone de l'année 2018" avait porté plainte après avoir cherché l'identité de l'homme. Elle avait aussi découvert que "ce n'était la première fois qu'il s'en prenait à [elle]".
Cet infirmier libéral, qui donne aussi des cours de gallo en Ille-et-Vilaine, avait notamment traité l'ancienne directrice générale de Diwan de "jacobreizh", c'est-à-dire des "gens qui combattent la langue gallo" en défendant le breton classique.
"Je ne voulais pas la menacer de mort mais exprimer mon mécontentement", a pour sa part d'emblée indiqué le prévenu, qui s'est dit prêt à "présenter [s]es excuses" et à "réparer ce qu'il y a à réparer".
"Je suis politiquement engagé, je suis militant, à l'époque du tweet, je n'avais aucune arrière-pensée", a-t-il par ailleurs fait valoir. "Quand on se rend compte quotidiennement qu'il y a une hiérarchisation entre ces deux cultures, ça peut paraître disproportionné mais c'est un engagement quotidien qui prend beaucoup d'énergie".
Une "mouvance extrêmement inquiétante"
L'avocat de Stéphanie Stoll a d'ailleurs fustigé cette "mouvance extrêmement inquiétante de violence sur les réseaux sociaux". "La toile est une aire de jeux où on peut tout dire, tout écrire, on en arrive à insulter des gens, à les braquer avec des fusils", a déploré Me Bertrand Maillard.
Le prévenu "a choisi un ton qui est celui de la haine et c'est fort dommage", avait abondé le procureur de la République, qui a considéré que c'était bien intentionnellement qu'il avait publié cette image animée. "Ce n'est pas anodin de mettre un fusil braqué sur vous", avait-il insisté.
Néanmoins, le représentant du parquet avait aussi noté ses excuses et son comportement à la barre. Le procureur avait en conséquence décidé de jouer l'apaisement en requérant une amende de 800 euros.
"Il s'agit d'une mise en scène un peu provocatrice, ça n'est pas très fin", avait bien convenu l'avocate de cet homme déjà condamné à trois reprises pour des violences, du harcèlement et complicité de destruction du bien d'autrui par un moyen dangereux. Reste que selon elle, "c'est un débat d'idées" et "il ne savait même pas à quoi [Stéphanie Stoll] ressemble" avant cette audience correctionnelle. Il n'y avait donc aucune visée personnelle" dans ce "tweet malheureux".
"On peut défendre une langue, une culture, c'est hyper important, mais il faut le faire avec modération", a pour sa part considéré la présidente du tribunal. Ronan X a donc été condamné à réaliser un stage de citoyenneté à ses frais et à verser 500 euros à Stéphanie Stoll pour son préjudice moral et 733 euros pour ses frais de procédure.