Le stand de Lactalis au Salon de l'agriculture a été envahi, ce mardi 27 février 2024, par des manifestants de la Confédération paysanne. Ils sont venus dénoncer les pratiques commerciales du géant mondial de l'industrie laitière. Ils réclament "des prix rémunérateurs" pour les éleveurs. "C'est une question de survie des exploitations" disent-ils.
Une vache bretonne pie noir portant sur son dos le drapeau de la Confédération paysanne, des banderoles déployées par quelques dizaines de manifestants... Lactalis a de nouveau été pris pour cible, ce mardi 27 février 2024, en fin de matinée, au Salon de l'agriculture.
"Des prix rémunérateurs"
Après le lisier déversé samedi, le stand du géant de l'industrie laitière a, cette fois, été envahi par les militants du syndicat agricole. Ils dénoncent les prix pratiqués par Lactalis jugés insuffisants pour permettre aux éleveurs d'être mieux rémunérés. "Cette entreprise offre 420 euros la tonne de lait quand le vrai coût de production, c'est 440 euros, explique Laurence Marandola, porte-parole de la Confédérarion paysanne. Pour rémunérer les éleveurs, il faut 500 euros. Cela semble minime mais c'est une question de survie des exploitations. On doit pouvoir payer nos charges, nos factures, rémunérer notre travail, envisager de poursuivre notre activité et se dire que l'on pourra transmettre nos fermes".
Lactalis, c'est le premier groupe mondial laitier mais ça ne ruisselle pas vers les éleveurs
Laurence MarandolaPorte-parole de la Confédération paysanne
Les producteurs de lait sont en colère. Pour défendre les revenus de leurs parents, des enfants d'agriculteurs avaient même manifesté, début février, devant le portail de Lactalis, à Vitré en Ille-et-Vilaine. "Cela fait des années que Lactalis fait des marges, rappelle Laurence Marandola. C'est le premier groupe mondial laitier mais ça ne ruisselle pas vers les éleveurs".
Prévenu d'une possible action ce mardi au Salon de l'agriculture, le leader de l'industrie laitière a stoppé net les animations sur son stand, dès 11h. Des vigiles se sont positionnés à l'arrivée des manifestants, sans toutefois parvenir à les empêcher d'entrer. Une brève altercation a eu lieu au moment où ils ont déployé une banderole réclamant "des prix rémunérateurs". "On n'a pas changé le monde mais on a essayé" lance un des manifestants en quittant les lieux vers 13h.
Le service de sécurité du stand #Lactalis tente d’empêcher les #agriculteurs de la @ConfPaysanne de mener une action au #SalonAgriculture2024. #SIA2024 https://t.co/ElNIMxiL7E
— CLPRESS / Agence de presse (@CLPRESSFR) February 27, 2024
La filière lait en détresse
De son côté, Lactalis précise qu'une médiation est en cours avec les producteurs. Le géant, qui détient plusieurs marques telles que Président, Lactel ou encore Galbani, souligne que "les produits laitiers sont aussi vendus à l'étranger, ce qui complique l'équation pour la rémunération des éleveurs français".
Il n'empêche, les pratiques commerciales de Lactalis assomment les agriculteurs."On veut un prix juste du lait et une pérennité de la filière lait. Les jeunes ne s’installent plus, certains agriculteurs arrêtent de produire. On assiste à une déprise de la production du lait sur le territoire breton et partout en France" déclarait début janvier Gilbert Le Goff, vice-président de la section lait à la FDSEA du Finistère.
En 2023, sur les 428 exploitations bretonnes accompagnées par le dispositif Réagir de la Chambre régionale d'agriculture, 48 % étaient des élevages laitiers.
(Avec AFP)