Des enfants d' agriculteurs qui réclament une meilleure rémunération pour leurs parents. Cela se passe du côté de Vitré, avec en toile de fond, les négociations pour l'achat du litre de lait. La hausse proposée par l'industriel Lactalis est jugée largement insuffisante. Les perquisitions au siège du géant agro-alimentaire alimentent la colère dans ce bassin laitier.
Les panneaux à l’envers, les slogans, les klaxons, les enfants des agriculteurs de Vitré ont repris tous les codes des manifestations de leurs parents.
Avec leurs tracteurs à pédale, ils foncent pour défendre l'avenir du métier de leurs parents.
Les enfants d'agriculteurs à la rescousse
"Ils sont fatigués, ils rentrent tard le soir et au final ça ne donne rien de plus" souffle une fille d'agriculteur. Une autre s'emporte, "Ce n’est pas du tout assez payé et je vois bien qu'il y en a qui sont dans la misère. Il faut plus les payer".
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Si les enfants dénoncent les conditions de leurs parents, ce que dans leurs contrats, les producteurs ont interdiction de manifester devant Lactalis. Et pourtant, ils auraient pourtant des choses à dire.
Le géant du lait a proposé une hausse du prix de 405 à 420 euros les 1000 litres. Une offre très insuffisante pour ces manifestants.
"Notre trésorerie est toujours en négatif. Depuis que je suis installée je n'ai jamais vu ma trésorerie dans le positif" précise Hélène Moreau.
Ces jours-ci dans les rayons, les éleveurs ont trouvé du beurre fabriqué avec du lait de l'Union européenne. L'agricultrice en a été touchée aux tripes. "Il y a 15 jours à Leclerc, on a enlevé de la marchandise et quand on a appris qu'ils ont remis en rayon... Moi, j'ai pleuré."
C'est de l'argent de notre travail.
Jeremy Coquelinprésident Jeunes Agriculteurs Canton de Vitré.
Devant le portail de Lactalis, les enfants hurlent "Bandit!". Ce mardi 6 février 2024, des perquisitions ont eu lieu dans l'entreprise soupçonnée de fraude fiscale.
"C'est de l'argent à nous indirectement qui est parti ailleurs" résume Jeremy Coquelin. "Cela aurait dû être pour nous, c'est de l'argent de notre travail" détaille le président Jeunes Agriculteurs Canton de Vitré.
L'injustice est grande pour Aurélie Jehannin. "On fait partie de l'économie de nos communes, de l'environnement de commune. On fait vivre nos communes là, on est un bassin laitier" lance l'agricultrice. "Il y a énormément d'entreprises qui travaillent grâce à nous, on a besoin d'agriculteurs".
De nouvelles négociations sur le prix du lait sont prévues ce jeudi 8 février. Les éleveurs préviennent "s'il le faut, on reprendra les tracteurs".
Avec Séverine Breton.