Pour un spectacle, il avait loué sans s'annoncer un château en Bretagne en février 2023. Le tribunal correctionnel de Rennes a infligé à l'humoriste controversé Dieudonné une amende de 8.000 euros. Pour "recel d'escroquerie".
Le tribunal correctionnel de Rennes a infligé ce lundi 22 janvier 2024 cent jours-amendes à 80 euros à Dieudonné, pour "recel d'escroquerie". L'humoriste avait loué le château de Piré-Chancé en Ille-et-Vilaine pour un spectacle sans s'annoncer, le 25 février 2023.
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Le tribunal a considéré que Dieudonné ne "pouvait pas ne pas savoir" les "conditions illicites" dans lesquelles avait été réservée la salle du Château de la Beauvais.
Il s'est donc vu infliger sa trentième condamnation : il devra s'acquitter au total d'une amende de 8.000 euros et pourrait passer chaque jour non payé en détention. "Quand la loueuse a appris sa venue, elle a tenté de faire annuler le spectacle" a rappelé le président du tribunal correctionnel de Rennes.
La gérante de sa société de productions a quant à elle écopé d'une amende de 2.000 euros pour "escroquerie".Elle avait réservé les lieux par "l'entremise d'une tierce personne dont l'état civil était inexact", ce qui a eu "pour effet de tromper le loueur" qui n'était "pas en mesure de remonter jusqu'à Dieudonné". Il s'agit donc bien de "manœuvres frauduleuses".
Le maire "ne pouvait plus intervenir"
Pour rappel, la propriétaire des lieux avait en effet été contactée par Camille Leroy - une très proche de l'humoriste à la tête de sa nouvelle société de productions - afin d'organiser une énigmatique "représentation théâtrale". Elle avait accepté de signer le contrat. Elle apprendra à la dernière minute, par les spectateurs qui patientaient pour pénétrer dans le château, qui était sur le point de se produire ce soir-là.
"Prise de panique", elle avait alors craint "des débordements", mais le maire de Piré-Chancé lui avait fait savoir qu'il ne pouvait "plus intervenir" car les premiers invités étaient déjà là. Les gendarmes s'étaient aussi déplacés pour faire de simples "vérifications" et constater que "tout se passait bien, sans incident" a indiqué le président du tribunal correctionnel de Rennes.
La propriétaire du château s'était à l'époque laissée tenter par "l'éventualité de déposer plainte" mais n'en fera finalement rien. Le parquet de Rennes, pour sa part, avait tout de même décidé de poursuivre Camille Leroy - à l'initiative de la location - pour "escroquerie" et l'humoriste pour "recel d'escroquerie", puisque c'est lui qui a bénéficié des fruits de l'infraction imputée à sa collaboratrice.
Inéligible pendant deux ans
Le procureur de la République avait requis huit mois de prison ferme à l'encontre de l'humoriste pour ce "mode d'organisation de spectacle clandestin". Pour la gérante de sa société de production, il avait réclamé 2.500 euros d'amende ferme et autant avec sursis.
L'humoriste, présent lors de son procès le lundi 8 janvier 2024, avait pour sa part qualifié la situation de "totalement lunaire, sidérante", alors même que personne ne s'est constitué partie civile et qu'aucun "préjudice" n'est à déplorer dans cette affaire.
Son avocat, Me Karim Laoufi, avait ironisé sur le caractère de "justiciable très privilégié" dont jouissait Dieudonné : le parquet avait en effet "bouclé l'affaire en quatre mois, sans plainte et sur la base d'articles de presse".
"Dans cette affaire, on a le sentiment un peu désagréable que par confort ou par paresse, parce que c'est Dieudonné, on a un peu tronqué la preuve pénale contre une revue de presse" avait grincé l'avocat parisien avant de plaider "la relaxe" pure et simple de son client.
Il n'a donc pas été suivi : outre l'amende de 8.000 euros, l'humoriste a aussi été déclaré "inéligible" pendant deux ans, Camille Leroy l'est quant à elle pendant un an. Ils ont dix jours pour faire appel de la décision.