C'est une vente aux enchères un peu particulière qui s'est déroulée ce jeudi matin dans le sud de Rennes. À vendre : dix véhicules de luxe ! Des Porsche, Maserati, BMW et autres Audi... Des véhicules saisis par la justice, qui ont rapporté 175.500 euros et serviront, entre autres à lutter contre le trafic de stupéfiants.
"On signale un véhicule très propre : 61.000 kilomètres. Novembre 2020. On commence à 15.000 euros. Nous sommes à 27.000... 27.000 une fois... 27.600..."
Scène pour le moins insolite ce matin sur le parking d'un restaurant gastronomique, dans le quartier Poterie au sud de Rennes. Entouré de voitures de luxe, Maître Gauducheau, micro accroché à son col de chemise, fait monter les enchères, en plein air.
Maserati, Porsche, BMW, Audi... Au total, dix voitures de luxe entourent le commissaire de justice, qui enchaîne : toit ouvrant, jantes alu, appuie-tête à l'arrière... Toutes les options des bolides sont détaillées, les moteurs un à un allumés, la vente peut démarrer : "Nous commençons à 6.000. Nous sommes déjà à 6.300..."
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Vente aux enchères de biens confisqués
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©M. Thiébaut; C. Rousseau /FTV
"De bonnes affaires à faire"
Concentrées et prêtes à bondir sur l'occasion, une trentaine de personnes sont venues participer à cette drôle de vente aux enchères. "Je viens tenter ma chance, en espérant repartir avec..." confie Shabir qui est venu tout particulièrement pour la BMW M135i. Mise à prix : 15.000 euros. "Le prix est intéressant, le kilométrage surtout..."
Toutes les voitures présentées attirent l'œil. De 3.200 € pour une Audi A3 à 42.000 € pour la Maserati, les montants sont alléchants pour ceux qui ont le porte-monnaie qui le permet. C’est le cas d'Evelyne, une "passionnée" qui vient d'acheter la Maserati pour la somme de 42.000 euros : "Ça vaut 100.000 normalement ! Pour le peu de kilométrage qu'elle avait, c'était quand même intéressant..." justifie la conductrice qui "adore son bruit"...
Le principe de base ? "Le crime ne paie pas !"
Toutes ces voitures mises en vente ont été saisies par la justice. "Il peut s'agir soit d'une saisie effectuée avant que son propriétaire ne soit jugé et condamné, soit d'une saisie effectuée après, en confiscation" explique Aurélie Poirier, la magistrate coordinatrice de l'AGRASC, l'Agence de gestion et recouvrement des avoirs saisis et confisqués.
Des confiscations qui peuvent découler de différentes infractions : trafic de stupéfiants, proxénétisme ou travail dissimulé, mais aussi infractions routières. "Cela peut concerner des personnes condamnées pour récidives de conduites sous état alcoolique, où la confiscation du véhicule est de droit..." poursuit la magistrate.
On part du principe que le crime ne paie pas, donc si une infraction a été commise, et qu'une personne a gagné de l'argent, l'idée c'est de lui confisquer soit les biens qu'elle a pu acheter avec l'argent de ses crimes ou délits, soit d'aller regarder dans son patrimoine.
Aurélie Poirier, magistrate coordinatrice de l'AGRASC
Et Aurélie Poirier d'expliquer : "c'est ce qui se passe quand on n'arrive pas à identifier dans quoi elle a pu investir : on va prendre l'équivalent, c'est ce qu'on appelle une saisie en valeur. S'il a un gros véhicule, on prend ce gros véhicule."
175.500 euros, une "somme vertueuse"
Des biens saisis ou confisqués, dont le montant de la vente aux enchères va ensuite être versé notamment au budget général de l'Etat. Ce jeudi matin, 175.500 euros ont été ainsi récoltés.
"C'est une solution vertueuse qui permet aux juridictions de faire des économies sur les frais de gardiennage (frais qui représentent plus de 5 millions d'euros par an rien que sur l'antenne de Rennes) Ça permet aussi de figer le prix" explique Aurélie Poirier de l'AGRASC.
Cette agence de gestion et de recouvrement des avoirs saisis et confisqués est un établissement public placé sous la tutelle de deux ministères : celui de la Justice et celui des Comptes publics. Son antenne régionale, basée à Rennes, a ouvert le 1er avril 2022.
C'était ce jeudi 21 septembre sa première vente aux enchères. Le produit de cette vente sera donc entre autres versé au budget général de l’État, mais aussi, selon les cas : au fond de concours Mildeca, qui est dédié à la lutte contre le trafic de produits stupéfiants, ou bien encore au fond de concours de lutte contre le proxénétisme et de la traite des êtres humains. Une dernière partie enfin est également reversée aux parties civiles.