Violences faites aux femmes. Une association dénonce la réduction du nombre de places d'hébergement d'urgence. Le 115 dément

L'ASFAD qui lutte contre les violences faites aux femmes s'inquiète de la baisse du nombre de places d'hébergement d'urgence en Ille-et-Vilaine. Elle redoute de ne pas pouvoir mettre à l'abri des femmes en danger. Le SIAO, qui gère le 115, dément toute fermeture.

L'inquiétude domine parmi les salariés, militants et bénévoles de l'ASFAD qui lutte contre les violences faites aux femmes et les accompagne au quotidien.

Elle estime qu'en Ille-et-Vilaine, la capacité d'hébergement en hôtel va passer de 730 à 660 places, soit une amputation de 10%. Cela, alors qu'elles ne peuvent pas répondre à toutes les demandes de mise à l'abri actuelles.

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Davantage de femmes à la rue ou contraintes de rester avec leur conjoint violent

L'association ASFAD dispose de 65 hébergements réservés aux femmes victimes de violence. Et l'association ne peut pas répondre à toutes les demandes de logement pérenne. En parallèle elle accompagne et oriente 150 personnes vers les hébergements d'urgence, gérés par le 115.

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Sur les réseaux sociaux l'ASFAD tire la sonnette d'alarme. "Depuis plusieurs jours, des femmes qui, parfois après plusieurs mois ou années de violences, ont enfin eu la force de venir à l’accueil de jour de l’Asfad ou de nous appeler, ne peuvent pas être mises en sécurité et doivent, pour certaines d’entre elles, rester à leur domicile" explique le communiqué diffusé sur Facebook.

La lutte contre les violences faites aux femmes, une priorité nationale ?

En 2019 le gouvernement d'Edouard Philippe avait fait des violences faites aux femmes une grande cause nationale. Sur son site il était expliqué "Le Gouvernement, par l’attribution de ce label, réaffirme son engagement en faveur de la lutte contre les violences faites aux femmes, qui s’inscrit dans le cadre de sa mobilisation pour l’égalité entre les femmes et les hommes, érigée en grande cause du quinquennat."

L'ASFAD ne manque pas de relever l'incohérence entre les annonces de 2019 et la décision actuelle : "Quatre ans, quasiment jour pour jour, après le Grenelle des violences conjugales, ce plafonnement des nuitées hôtelières constitue un recul évident pour les droits des femmes"

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Le service d'accueil et d'orientation dément toute fermeture

Le SIAO 35, le service intégré d'accueil et d'orientation qui gère notamment le 115, dément toute fermeture de lit. "Chaque nuit nous avons environ 800 personnes qui sont prises en charge en Ille-et-Vilaine et ce chiffre ne va pas baisser" assure la directrice du SIAO. "On ne fera sortir personne, mais il faudra attendre que quelqu'un sorte pour pouvoir héberger une nouvelle personne" explique-t-elle.

Fin août le SIAO avait épuisé son budget mais a reçu une rallonge de l'Etat.

Actuellement en Ille-et-Vilaine, "il y a 700 places d'hébergement pérenne et 800 places à l'hôtel. Parmi ces 800 places il y en a 730 sur un certain budget et 80 à 100 places qui sont réservées aux migrants" détaille Sophie Randuineau.

C'est une trajectoire positive, qui trouve ses limites car nous avons une enveloppe budgétaire fermée

Sophie Randuineau, directrice du SIAO 35

La responsable du service d'accueil veut voir le verre à moitié plein : "Certes, il n'y a plus d'automatisation de la prise en charge mais en 2017 nous avions 40 personnes à l'hôtel, aujourd'hui nous en hébergeons 800. C'est une trajectoire positive, qui trouve ses limites car nous avons une enveloppe budgétaire fermée".

Sophie Randuineau admet cependant qu'il y a eu une période de crainte début septembre "On a craint que le système se grippe et qu'il n'y ait pas suffisamment de sorties naturelles pour pouvoir accueillir de nouvelles personnes. Mais on constate que la circulation se fait" conclut-elle.

Selon la directrice, quand une personne est rentrée dans le dispositif, elle y reste jusqu'à ce qu'elle trouve une autre solution. Si une place se libère, la priorité est donnée aux familles.

Dans sa fiche mensuelle de veille sociale du mois d'août, le SIAO note que "l'été 2023 a été marqué par une hausse significative du nombre de demandes d'hébergement d'urgence (+ 10%) et d'appels au 115 (+ 40%)".

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